Connectez-vous
Société

Tout sur le port d’arme au Sénégal


Jeudi 3 Novembre 2016

Le meurtrier présumé du taximan tué par balle jeudi dernier possédait un permis de port d’arme en règle. Il l'a présenté aux enquêteurs de la gendarmerie lors de sa garde à vue. Comment obtient-on l’autorisation de posséder une arme au Sénégal ? Combien en délivre-t-on chaque année ? Qui en expriment la demande ? À quelles fins ?... Les questions détonnent. Réponses.


Tout sur le port d’arme au Sénégal
La sécurité oui,… la tradition et le prestige aussi 
La sécurité est le premier motif invoqué pour justifier la détention d’une arme. Les détenteurs veulent préserver leur intégrité physique ainsi que celle de leur famille et protéger leurs biens. Certes. Mais il y a d’autres visées.
Le colonel Alioune Ndiaye, ancien chargé de la communication de la police, cite la tradition qui veut qu’un homme doive savoir manier le couteau au détour de son passage à la Case des hommes. « C’est un effet de mode, un prestige, une façon d’être un homme come il faut, croit-il savoir. (…) C’est même une sorte de notoriété et de reconnaissance qu’un homme puisse sortir un couteau quand il faut immoler une bête ou même couper les liens pendant les enterrements. »
Comment posséder légalement une arme ?
La procédure pour être détenteur légal d’une arme à feu est assez longue, mais relativement simple. Il suffit de déposer au niveau du ministère de l’Intérieur une photocopie de sa carte nationale d’identité, un casier judiciaire, un certificat médical, 4 photos d’identité et un timbre fiscal de 2000 francs et d’avoir un avis favorable au bout d’une enquête de personnalité.
Si celle-ci peut prendre plusieurs mois, elle ne porte pas sur la psychologie du demandeur. Est-il belliqueux ou pas ? L’enquête ne s’intéresse pas à cela. Le colonel Aliou Ndiaye recadre : « L’enquête essaie de savoir si vous avez (effectivement) une activité qui vous expose à un danger, si vous avez besoin d’avoir une arme chez vous ou avec vous. Si vous jouissez de vos droits civils. »   
Une loi vieille de 50 ans  
La loi 66-03 de 1966 légifère en matières de fabrication, d’importation, d’exportation, de commerce, d’entreposage, de cession, d’acquisition, de détention, de transport et de port d’arme.
Cette loi doit être revue afin qu’elle s’adapte au contexte national de lutte contre le terrorisme et permette au Sénégal de se conformer à ses engagements communautaires. Un avant-projet de loi a été déposé dans ce sens depuis le 30 septembre 2014 au ministère de l’Intérieur par la Commission nationale de lutte contre la prolifération et la circulation illicite des armes légères au Sénégal (Comnat).
Mais depuis lors, les lignes n’ont pas bougé.  « À ce jour, près d’une an et demi après, et malgré le soutien affiché des députés et des autorités, l’Assemblée nationale n’a toujours pas reçu d projet de loi », regrette Cyril Lambolez, membre de la Comnat.
À en croire Henry Ciss, les experts compétents planchent le document qui, selon lui, ne devrait pas tarder à être soumis aux députés.  
1000 permis de port d’arme accordés en 2016
Combien de Sénégalais détiennent légalement des armes à feu ? Selon les statistiques du ministère de l’Intérieur, 3000 permis de chasse ont été à ce jour distribués. En 2016, 1000 autorisations ont été délivrées contre 250 rejets. L’année dernière, ce chiffre était légèrement en hausse. Mais en 2011, en période pré-électorale, les demandes ont explosé, le nombre de permis accordés aussi. En quelques mois, révèle l’adjudant Henry Ciss, responsable de la communication de la police, 456 autorisations ont été cédées. « Ce n’est quand même pas beaucoup », tente-t-il de relativiser en faisant le rapport avec les 14 millions de Sénégalais.
Les politiques aiment les armes : Vrai ou faux ?
Moustapha Cissé Lô alias El Pistolero. Barthélémy Dias, Me El Hadji Diouf, Farba Ngom, Me Djibril War et Abdoulaye Wilane. Ces politiques sont connus aussi pour avoir brandi un jour une arme à feu. Leurs faits… d’armes font que les acteurs de l’arène politique sont considérés comme les Sénégalais les plus nombreux dans le registre des détenteurs de permis de port d’arme. Il n’en est rien, à en croire l’adjudant Ciss. Les plus grands demandeurs d’autorisation sont, selon lui, parmi les hauts fonctionnaires, les commerçants, les éleveurs et les chefs d’entreprise.  
Le fusil de chasse « calibre 12 », l’arme absolue
Il y a une quinzaine d’années, les armes blanches et les armes de chasse peu sophistiquées faisaient fureur au Sénégal. La Casamance n’est pas prise en compte dans le décompte. Mais ces dernières années, les armes de poing, les armes semi-automatiques et automatiques, initialement destinées à l’usage militaire, ont fait leur apparition. Toutefois le fusil de chasse Calibre 12 reste la principale arme en circulation, selon les chercheurs de Small Arms Survey.  
La sous-région, le principal fournisseur
« La majorité des armes circulant au Sénégal provient de la sous-région. Des armes de calibre militaire et des armes artisanales sont notamment introduites depuis la Guinée-Bissau et la Guinée. » Tel est le constat du chercheur Cyril Lambolez dans une publication datée du 25 mai 2016 et intitulée « Contrôle des armes légères et de petit calibre au Sénégal : pratique et enjeux ». Avec le terrorisme et le narcotrafic dans des pays comme la Mauritanie, la Guinée et la Guinée-Bissau, couplé à la relative porosité des frontières, les armes atterrissent facilement au Sénégal. Et ces engins sont vendus, entre autres, au marché Ocas de Touba, à Médina Gounas et à Diaobé.



Nouveau commentaire :
Facebook

Senxibar | SenArchive | Sen Tv | Flash actualité - Dernière minute | Politique | Société | Economie | Culture | Sport | Chronique | Faits Divers | Opinion | International | Sciences et Santé | Médias | Ils l'avaient dit | Emploi | Ramadan | Perdu de vue | Echos du tribunal | A la une | Achaud | resultats2012 | JOB | Theatre