GOUY GUI CLARIFIE: «Aucun lutteur ne peut égaler ma force»

Gouy Gui a créé une surprise en dominant Ama Baldé. Une victoire inattendue pour la plupart des spécialistes, mais pas pour lui. Le poulain de Mor Fadam nous a ouvert les portes de son salon, tard dans la nuit du dimanche, pour un entretien détaillé sur le combat et sur d’autres choses.

Walf Sports : Où avez-vous puisé cette impressionnante force physique face à Ama Baldé?

Gouy Gui : Un lutteur doit pouvoir bénéficier d’une bonne condition physique. J’avoue que cela a été ma première réussite dans ce combat. Je l’ai eu grâce à ma préparation effectuée aux Etats-Unis. Un lutteur peut être plus lourd que moi, mais aucun ne pourra égaler ma force. C’est moi qui vous le dis.

Est-ce que cela vous a aidé à déjouer les plans de votre adversaire ?

Ama Baldé m’a plaqué lors de la signature de contrat (Ndlr : il s’étaient affrontés). Pourtant, il n’a pas pu me faire cette prise dimanche. Je profite de l’interview pour présenter mes excuses aux amateurs et autres spectateurs pour ce qui s’est passé lors de ce face-à-face. Cette chute m’a beaucoup servi. Je pouvais l’éviter. J’ai trébuché à cause du fauteuil qui a glissé.

Cette chute ne vous a pas traumatisé avant le combat ?

Je n’étais pas déstabilisé. La preuve, je suis venu très tôt pour ce combat. Et dès que l’arbitre a sifflé, mon adversaire m’a attaqué. Il a réussi à m’atteindre là où j’arrivais à battre mes adversaires. Je rappelle qu’Ama Baldé avait juré de m’humilier. Il l’a fait pendant le face-à-face. Dans ce combat, cela ne pouvait pas arriver. On ne me bat qu’une fois.

Au cours des actions, on vous a vu discuter avec Ama Baldé. Que lui disiez-vous ?

Je lui ai dit : «Mbër», tu n’as pas de coffre. J’ai l’impression que tu te fatigues très vite.» Il m’a répondu : «C’est toi le champion.» Ensuite, je lui ai suggéré de m’inviter à son mariage. Il m’a répondu : «Après ma victoire, je vais y penser.» En ce moment, j’ai senti que sa respiration s’accélérait à un rythme cadencé. Je me suis dit que j’avais l’opportunité de gagner ce combat.

Ces échanges verbaux que vous faites régulièrement dans vos combats, ne peuvent-ils pas vous déconcentrer un jour ?

Je suis un lutteur naturel. Je fais les choses comme je le sens. Les gens ne peuvent pas me comprendre. J’espère que le jour où j’aurais ce que je veux dans l’arène, ils vont savoir qui je suis réellement. Je veux toujours faire plaisir aux amateurs qui suivent mes combats.

Dans ce combat vous aves montré d’autres facettes techniques de vous.

Plusieurs techniciens ont affirmé que je ne sais que faire du simpi. Je ne suis pas technique. Boy Bambara l’a dit dans un journal. Or, il ne sait pas que je suis un lutteur accompli. Je devais prouver que j’avais des arguments. Ce n’est pas la première fois que Boy Bambara me critique ainis. J’aurai toujours besoin qu’il me tape sur les doigts pour me corriger. Sans doute, je vais me rapprocher de lui pour qu’ils me donnent des clés techniques.

Pouvez-vous revenir sur les phases techniques du combat ?

J’ai effectué sept clés techniques dans ce combat. Lors de notre premier corps-à-corps, Ama m’a frappé pour percer ma garde basse. J’ai bloqué sa main. Ensuite, sur une autre action, il a réalisé une entrée en jambes. J’ai reculé de deux pas pour faire une semi rotation. J’ai enchaîné par des coups. Il a posé ses trois appuis. Mon adversaire a utilisé son fort, c'est-à-dire une ceinture pour faire un placage. J’ai fait exprès de laisser libre mon corps pour le charger de mon poids.

C’est ce qui a conduit à l’action de la chute, non ?

Avant de faire cette action, je savais que mon adversaire était vidé. Il ne pouvait plus résister pendant longtemps. Il m’a attaqué pour me soulever. J’ai bloqué ma respiration pour augmenter mon poids de dix kilos. On me l’a appris aux Etats-Unis. Les Américains m’ont donné toutes les stratégies dans ce combat. Avant le combat, j’étais très posé. Je ne courais pas dans tous les sens comme je le faisais auparavant. Ils m’ont déconseillé de perdre de l’énergie avant un combat. Tout en me demandant de gérer ma respiration pour avoir une bonne récupération.

C’est ce qui explique alors votre réserve avant le coup d’envoi ?

Les gens ont même pensé que j’étais mystiquement atteint. Ils n’ont pas compris que je ne suis plus le même.

Les Américains vous ont-ils donné la recette pour battre Ama Baldé ?

Effectivement, en partant, ils m’avaient demandé d’apporter des cassettes de ce lutteur. Ils l’ont visionné et ont demandé à mon traducteur que je devais faire des séances d’échauffement particulier, à 30 minutes du coup d’envoi. Avant d’entrer dans l’enceinte, j’ai effectué un exercice qui m’a permis d’être physiquement au top dans ce combat.

Pourquoi étiez-vous défensif dans ce combat ?

Je n’étais pas sur la défensive. Seulement, Ama Baldé pensait que j’allais avoir les mêmes comportements que lors du dernier face-à-face qui m’ont valu une chute. Raison pour laquelle j’ai changé mon pied d’appui. Mon adversaire insistait pour saisir ce pied, alors que je l’ai changé.

Quelles sont les perspectives de cette victoire ?

Je pense que cette victoire est une sorte de témoin pour que je puisse franchir un palier supérieur. C’était un combat à ne pas manquer pour un lutteur qui ambitionne de monter vers le sommet.

Quels sont maintenant vos potentiels adversaires ?

Même un combat contre Yawou Dial m’intéresse. C’est un principe que je ne veux pas violer.

Que pensez-vous du vainqueur ou du vaincu entre Modou Lô et Gris Bordeaux ?

Je ne cible aucun lutteur. Je laisse mon avenir entre les mains de mon manager Nass qui gère tout.

Et Balla Bèye n°2 qui est intervenu pour conseiller Ama Baldé ?

Ce lutteur est venu pour conseiller mon adversaire. Je me suis rapproché de lui pour le saluer. Il nous a dit que c’était un grand jour pour nous tous. Seulement, il a demandé à Ama Baldé de ne pas me laisser des initiatives. J’ai souri tout en sachant que ses conseils ne pouvaient pas aboutir.

C’est un bon adversaire pour vous, non ?

Baboye est un grand champion. Je pense qu’aucun lutteur ne peut le refuser. Ce n’est pas un combat qui se matérialise en un éclair.

Reconnaissez-vous être dans le cercle des espoirs ?

C’est l’aboutissement d’une étape que j’ai menée pendant trois ans.

J’ai fait des choses importantes dans ma carrière. J’ai enchaîné des victoires. Il fallait s’y attendre. Le meilleur reste à venir.

Quel doit être le sentiment de Balla Gaye n°2, votre ami commun ?

J’ai des relations privilégiées avec Balla Gaye n°2. Ama Baldé n’y pouvait rien. On s’est connu bien avant ce combat. C’est un homme d’une grande générosité. Il est sympathique et gentil.

Le fait qu’il est parti en voyage avec Ama Baldé, ne vous a-t-il pas dérangé ?

Cela ne m’a pas dérangé, parce qu'il en a le droit. Même s’il était venu s’afficher auprès de mon adversaire comme Baboye, cela ne m’aurait pas dérangé.

Avez-vous eu le soutien des lutteurs de Guediéwaye ?

Je ne les ai pas vus au stade. C’est peut-être à cause de l’interdiction du Cng faite aux lutteurs licenciés de descendre dans l’arène, à moins de partager la même écurie avec le lutteur en question. Seul Lac de Guiers n°2 m’a appelé ce matin avant que je ne parte au stade pour me conseiller.

La solidarité entre les lutteurs de Guédiawaye est-elle solide comme vous le prétendez ?

J’avoue que la solidarité entre nous n’est pas très développée comme à Pikine. Les lutteurs de Pikine sont soudés.

Je n’ai aucun problème avec les lutteurs de Guédiawaye. Et je ferai en sorte pour une bonne unification.

Vous venez de réaliser votre deuxième victoire. Peut-on parler de saison remplie ?

C’est une consécration. Je vais continuer sur cette lancée. Je dois retourner aux Usa dans 15 jours.

Pourquoi ce voyage ?

Je veux poursuivre ma préparation pour mes prochains combats.

WALFSPORT