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Société

Cheikh Hadjibou Soumaré: Un technocrate discret au coeur de la tempête


Jeudi 9 Mars 2023

Après une missive rendue publique, le week-end dernier, dans laquelle il s’interrogeait  sur des supposés fonds alloués par le président Macky Sall  à Marine Le Pen, Cheikh Hadjibou Soumaré est convoqué à la Police, ce jeudi. Une rocambolesque affaire qui remet au devant de la scène ce technocrate expérimenté qui a démissionné de la Primature sénégalaise et de la présidence de la Commission de l’Uemoa.
 
 
           
 
Depuis sa candidature annoncée en grande pompe pour l’élection présidentielle de 2019, puis rejetée par le Conseil constitutionnel, le leader du mouvement « Démocratie et République » s’était retiré de la scène politico-médiatique sénégalaise. Mais, depuis quelques semaines, Cheikh Hadjibou Soumaré, 72 ans, a décidé d’abattre l’une de ses dernières cartes. De teint clair, le technocrate thiessois, marié et père de deux enfants, a enfilé, depuis quelques semaines, sa robe de politique. « Le Premier ministre cherche une résurrection politique qui va se résumer à une parenthèse médiatique », a d’ailleurs ironisé, Birame Faye, coordonnateur de la Task force républicaine (Tfr), démontant les «ragots et des médisances » de M. Soumaré. Quoi qu’il en soit, ce dernier a changé de fusil d’épaule mettant en avant sa plume. En effet, dans une tribune publiée le 14 février dernier, il a s’est lancé dans la course pour la présidentielle de 2024, théorisant ce qu’il a qualifié de « mandat de la rectification, de la remise en ordre, de la Femme comme véritable actrice du développement…».
 
 
«L’opposant ne doit pas être l'ennemi à détruire, à asservir, à humilier sans penser aux familles », avait-il notamment écrit, non sans dresser un tableau sombre de la gouvernance du régime de Macky Sall. « Conscient à présent des errements dans l’euphorie de la victoire de en 2012, on tente de réhabiliter certains par des chemins tortueux de négociations secrètes. Les prochains jours pourraient nous édifier sur leur capacité de persuasion », promettait l’ancien Premier ministre.
 
 
 
Le 4 mars 2023, Cheikh Hadjibou Soumaré récidive. Cette fois-ci, il a largué des questions accusatrices, dont celle qui a le plus attiré l’attention de l’opinion, est relative au supposé don de près 8 milliards F Cfa que le Président Macky Sall aurait fait à Marine Le Pen. Cette « révélation explosive » lui a d’ailleurs valu une convocation à la Police, sur instruction du procureur de la République près le Tribunal de Dakar. Il devra donc s’expliquer sur cette affaire.
 
 
 
 
Hadjibou, un courage politique en question
 
 
 
 
Alors ces dernières sorties sont-elles une manière pour lui de signer son retour dans le jeu politique ? A cette question, le journaliste et analyste politique, Hamath Kane, se veut prudent. « Je ne peux affirmer que ses "4 questions" sont une façon de revenir dans le jeu. C’est, cependant, une bien curieuse idée d’interpeller de cette manière le président de la République. Mais, dans son style subtil,  les questions sont aussi des réponses. Et c'est là que le Pouvoir ne le lâchera pas », explique le rédacteur en chef du quotidien Bes Bi/Le Jour. Il admet, toutefois, que « dans tous les cas, Hadjibou Soumaré est de retour ». Mais de quelle manière ! « En tirera-t-il un gain politique? C'est moins évident, surtout que les interrogations peuvent semer le doute sur la crédibilité de ses allégations. Un doute sur son courage politique. Et encore qu'on ne sait pas jusqu'où ira ce dossier ouvert à la Sûreté urbaine », poursuit M. Kane. 
 
 
Le journaliste est d’avis que le chef de l’Etat, Macky Sall, qui pourrait tenter un 3e mandat, a besoin de rassurer davantage. « Et cette affaire, vraie ou fausse, et surtout grotesque par le montant évoqué (7,9 milliards), les personnes concernées (le Président et Marine Le Pen), est un poison pour le chef de l’Etat.  On verra la suite », a enfin projeté le journaliste.
 
 
 
 
Démissionnaire de la Primature et de l’Uemoa
 
 
 
 
Titulaire d’une maîtrise en sciences économiques, en 1979, et du diplôme de l'École nationale d'administration et de magistrature (Enam), Cheikh Hadjibou Soumaré a commencé sa carrière dans la région de Kaolack, en tant que percepteur-receveur municipal.
 
 
En 2001, il est nommé par Abdoulaye Wade, ministre délégué auprès du ministre de l'Économie et des Finances chargé du Budget et de l’Habitat depuis 2001. Le 19 juin 2007, il est promu Premier ministre du Sénégal, après la démission de Macky Sall qui occupait ce poste depuis 2004. Sa nomination, survenue peu après les élections législatives du 3 juin 2007 qui ont conduit, en marge du mot d’ordre de boycott de l’opposition, à une victoire écrasante de la mouvance présidentielle, avait d’ailleurs constitué une surprise. En effet, son nom ne faisait pas partie des plus fréquemment avancés pour ce poste. Non membre du Parti démocratique sénégalais (Pds), Soumaré était quand même présenté par les médias avant tout comme un technocrate discret, sans ambition présidentielle.
 
 
Réputé discret et loyal au président Wade, Soumaré a surpris son monde en déposant sa lettre de démission le  30 avril 2009 pour « convenances personnelles » avant d’être remplacé par Souleymane Ndéné Ndiaye, dernier chef de gouvernement du régime libéral.
 
 
Toutefois, cette démission ne sera pas la dernière pour ce Chevalier de la Légion d'honneur de la République française. En effet, après une campagne rondement menée par Dakar pour sa candidature à la présidence de la Commission de l'Uemoa, Hadjibou a finalement jeté l’éponge, en septembre 2016, affirmant n’être plus dans les dispositions de pouvoir continuer ce travail. « J’ai mûrement réfléchi avant de rédiger deux lettres. Une adressée au président de la République pour lui demander de me décharger des fonctions de commissaire du Sénégal à l’UEMOA. La deuxième lettre que j’ai adressée au président de la Conférence des chefs de l’Etat pour demander aux chefs d’Etat de me libérer de mes charges de président de la Commission de l’Uemoa », avait-il déclaré sur la télévision publique sénégalaise (Rts), au sortir d’une audience avec le président de la République, Macky Sall. « J’ai demandé au chef de l’Etat de pouvoir reprendre la liberté à compter du 1er décembre », avait ajouté Cheikh Hadjibou Soumaré.
 

aadkr


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