Thiaroye-sur-mer: Un élève de 16 ans vole 2 millions et des bijoux d’une valeur de 7 millions FCfa à son père

Samedi 29 octobre 2016. Lorsque le commerçant El Hadji Abdoulaye Sow débarque à la gendarmerie de Thiaroye, il est à la fois furieux et affligé. C’est la première fois qu’il met les pieds dans une brigade de gendarmerie et pis, il y conduisait son propre fils âgé de 16 ans. Sa colère contre ce fils qu’il chouchoutait plus que ses autres enfants, est à l’aune de la piètre prouesse du gamin. Aidé de ses camarades, l’indélicat fils lui a subtilement chipé des bijoux en or d’une valeur de 7 millions de nos francs. Ce n’est pas tout, le garçon ayant fait main basse sur 2 millions de FCfa extirpés du coffre-fort de son pater dont la colère a mué en tristesse, quand, quittant les locaux de la brigade de gendarmerie de Thiaroye, il y a abandonné son fils, retenu en détention. Un dernier regard vers le fils ripou, puis El Hadj Abdoulaye Sow s’en est allé, entouré de ses autres enfants. Octogénaire né à Bakel, il fait partie des premiers Sénégalais à s’expatrier en Afrique Centrale. Entre la République centrafricaine (Rca), la République Démocratique du Congo (ex-Zaïre) et le Gabon, El H. Abdoulaye Sow, commerçant verni, a amassé une grosse fortune. «En rentrant au bercail, j’avais ramené une importante quantité de bijoux en or que je gardais jalousement chez moi, pour pouvoir les revendre, en cas de soucis financiers», souffle l’homme qui a investi dans l’immobilier. Et c’est dans un coffre-fort dans sa résidence à Thiaroye-sur-mer qu’il gardait sa boîte à bijoux, ses économies placées dans une armoire. Des cachettes qu’il prenait pour très sûres, certain d’être le seul à en détenir les clés. Il était loin de s’imaginer que son fils, A. W. Sow, son benjamin qui lui préparait souvent du thé dans sa chambre, nourrissait le dessein de le voler. Élève en classe de 4^e et épicurien, l’enfant espérait mettre la main sur une partie de la richesse paternelle et pouvoir faire la fête en compagnie de ses amis. Il y a 3 mois, venant préparer du thé, A. W. Sow surprend son père comptant des liasses de billets. «C’est au moment de lui servir le thé dans sa chambre,que je l’ai vu comptant des billets de banque», confie A. W. Sow qui, sans crier gare, se retire sur la pointe des pieds, après avoir bien «photographier» les lieux, fixer dans sa mémoire l’endroit où sont gardées les clés de l’armoire et du coffre-fort. Puis, de connivence avec deux amis, A. G. et B. T, une stratégie est peaufinée. L’un des ados est chargé d’apporter une échelle, l’autre un sac à dos. Le lendemain, A. W. Sow guette le moment où son père entre dans les toilettes, pour très vite, s’emparer de la clé du coffre-fort, se saisir des bijoux en or qu’il met dans le sac à dos remis à un de ses complices qui, par une échelle, rejoint la rue.

Des bijoux bradés pour l’achat de fringues, la location de voitures

En possession du magot, l’ado, accompagné de ses camarades, fait le tour des grands marchés pour l’écouler. Tiléne, Hlm, Castors, Grand-Yoff, et Guédiawaye reçoivent, tour à tour, les voleurs qui bradent les bijoux. Désertant les classes, les ados mènent la belle vie : night-clubs, restos huppés, magasins chics n’ont plus de secret pour la bande qui claque à souhait l’argent. Un squad payé 240 000 FCfa, une moto «Ktm» à 150 000 FCfa, les ados poussent le bouchon et louent des véhicules à 140 000 frs/jour. Lors du concert de Booba au monument de la Renaissance, A. W. Sow et ses amis claquent «un million francs Cfa». «J’ai dépensé tout l’argent dans des sorties entre amis, louant des véhicules achetant des vêtements et des téléphones», confie A. W. Sow.

Le marabout censé «effacer» le vol

Pris au jeu, A. W. Sow devient l’otage de ses amis qui avaient pris goût à la fête. Plus question de s’arrêter. Ainsi, l’agent de la vente des bijoux dépensé, ils menacent de le dénoncer, s’il ne s’attaque pas à l’armoire où sont gardées les économies de son père. «Ils m’ont dit que si j’arrêtais de leur donner de l’argent, ils vont me dénoncer pour le vol des bijoux», apprend A. W. Sow qui, dans l’armoire, puise 2 millions de francs, prix du silence de ses camarades du voyage à Joal auprès d’un faiseur de miracles censé «faire en sorte que le vol ne soit pas découvert».

Comment le père a découvert le vol – Le 7 septembre dernier, le père de l’ado constate la disparition d’un million de francs. Un mois plus tard, un autre million disparaît. Un conseil de famille est alors convoqué, sans résultats. Le 28 octobre dernier, le père inquiet se décide à voir si la boîte à bijoux était toujours dans son coffre-fort. Il n’en verra pas l’ombre. Une enquête est menée et dans la rue, enfle la rumeur faisant état de véhicules loués par A. W. Sow. Interpellé, le garçon de 16 ans fini par craquer. L’adjudant-chef Abdoul Aziz Diakhaté, commandant de la gendarmerie de Thiaroye, entre en jeu et son enquête fera tomber, tour à tour, A. A. Diallo, 17 ans, B. Thioune, 20 ans, A. Guèye, 21 ans, El. H. Thiam, E. M. Ndiaye, tous des élèves, de même que le receleur attitré de la bande, le bijoutier M. Hann. Tous ont été déférés au parquet hier, pour vol, complicité de vol et recel portant sur des bijoux d’une valeur de 7 millions de francs et des numéraires d’un montant de 2 millions. Un autre bijoutier en fuite fait l’objet d’un avis de recherches.
LOBSERVATEUR