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Soda Seck, 26 ans, ex détenue : «A cause des conditions exécrable de la prison, une amie a fait une fausse couche… »


Jeudi 4 Octobre 2012

REBEUSS.COM- Nietty mbar n’en finit pas de compter ses maux : inondations, chômage chronique des jeunes, insalubrités, insécurité ... Sans espoir apparents, certains on fait de la prison une seconde résidence, avec des dizaines de mandats de dépôt à leur actifs. D’autres comme soda seck en sont à leurs premier et paye le prix fort d’une petite bagarre de borne fontaine à une stigmatisation à vie.


Soda Seck, 26 ans, ex détenue : «A cause des conditions exécrable de la prison, une amie a fait une fausse couche… »

Le visage pommelée, affichant une joie de vivre de façade trahie par un regard terne, elle se remémore pour Rebeus. Com son mois de galère passé au camp pénal de liberté 6. Sa coiffure à la Rihanna n’en fait pas une star, mais elle se la joue star en trainant son embonpoint et son corps dépigmenté à souhait dans les dédales truffées d’ordures et d’eau stagnante de son cher quartier : Nietty Mbar.


«Entassées dans une salle avec plus de 1000 détenues, mon bébé commençait à étouffer à cause de la chaleur. Des maladies de la peau apparaissaient sur tout son corps, il pleurait de toutes ses larmes… »

«Je m’appelle Soda Seck, j’ai 26 ans, je suis coiffeuse. Mon premier mandat de dépôt remonte à un an. C’était lors d’une bagarre avec une copine. Elle a porté plainte pour coups et blessures, j’ai fait pareille, car elle aussi m’avait blessée. Déférée au camp pénal liberté 6, j’y ai vécu le calvaire avec mon bébé de trois mois. Je ne pouvais pas le laisser à la maison car j’ai perdu mes parents et les autres ne voulaient pas le garder. Entassées dans une salle avec plus de 1000 détenues, mon bébé a commencé à étouffer à cause de la chaleur. Des maladies de la peau apparaissaient sur tout son corps et il pleurait de toutes ses larmes. Impuissante face à la souffrance de mon bébé, je me m’étais mise à pleurer à mon tour. On m’a conseillé de voir à l’infirmerie du camp, mais à ma grande surprise, il n y a avait que du paracétamol. Qu’est-ce que le paracétamol peut faire pour guérir des problèmes de peau ?
Les conditions de détention sont très dures là-bas, on fait un tour dans la cour juste pour quelques minutes, le reste du temps, on est enfermé. Si on allume la télé, les gardes viennent l’éteindre. Et s’ils sont fâchés contre l’une des détenues, tout le monde va en payer le prix fort car nous serons privées d’électricité. Mon bébé avait peur du noir et du coup, il se remettait à pleurer. Une seule toilette est disponible pour toute la salle, ce qui fait que les conditions d’hygiènes sont exécrables

« Les détenues qui ont des gardes comme petit ami sont les privilégiées… »
La bouffe est infecte et servie en petite portion. Parfois on voit marcher des asticots dans le riz. Si ta famille ne t’apporte pas le repas c’est la catastrophe. L’argent qu’on nous donne, on le met en général à la boutique de la prison. Si par exemple tu as là-bas 1000 francs au bout de 5 jours, on te fait remarquer que tu es à sec même si tu n’as rien consommé. Une petite bêtise et on t’enferme dans un cachot, on t’enchaine les mains et les pieds. Une amie qui était enceinte a eu beau crier qu’elle attendait un bébé, ils n’en ont eu cure et elle avait fini par faire une fausse couche. C’est inhumain de se comporter ainsi avec les gens. Une femme qui était arrivée au camp à la fin de sa grossesse a été enfermée avec la meute, elle a fini par accoucher à l’infirmerie. Quelques minutes plus tard, elle est revenue dans la salle avec le nouveau née, c’était hallucinant. Comment peut-on laisser un nourrisson vivre dans ces conditions ? Il n’y a rien de prévu pour s’occuper d’enfants dans cette prison, mais ils permettent quand même que les enfants y suivent leurs mères.
Les détenues qui ont des gardes comme petit ami sont des privilégies. Même si elles ont des visiteurs qui n’ont pas leur carte d’identité, ils rentrent quand même dans la prison pour les voir et je trouve cela injuste. Si par contre tu refuses de répondre à leurs avances, ils te fatiguent en te collant des motifs pour te corriger. C’est ce qui explique souvent les grossesses de détenues en prison alors qu’elles n’ont pas de visites nuptiales.
Après un mois là-bas, j’ai été libérée. Dehors, je traine les stigmates de la prison car je suis infréquentable pour la plu part des voisins et je vis cela très mal. Je suis jeune et célibataire, mais je redoute un jour de fonder un foyer car les hommes me fuient et me considère comme une femme de petite vertu.
Le salon de coiffure que je gère n’a plus sa clientèle parce qu’on me pointe du doigt et me considère comme une pestiférée. Une petite bagarre est entrain de détruire ma vie, la prison c’est l’enfer c’est une étiquette qu’on te colle pour la vie.»




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