Sciences et Santé

Samsung se donne six mois pour repenser son «?bol de nouilles?»


Mardi 29 Novembre 2016

Alors que son tout puissant président, Lee Kun-hee, a disparu de la scène en mai 2014, suite à une crise cardiaque qui l'a plongé dans un état comateux, le groupe Samsung réfléchit à une réforme de sa complexe gouvernance afin de faciliter la prise de pouvoir des enfants du clan Lee, et particulièrement de Jay Y. Lee, présenté comme l'hériter naturel de l'empire .


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Ce mardi matin, la direction de Samsung Electronics, qui est au coeur de l'organisation du gigantesque conglomérat, a réuni les analystes pour annoncer des premiers aménagements et indiquer qu'elle se donnait encore six mois pour étudier une éventuelle réorganisation plus en profondeur de sa structure financière.
« Nous avons fait des efforts pour simplifier la structure de propriété. Il faut examiner précisément des éléments importants et divers comme la stratégie, la gestion, le financement, la fiscalité et la comptabilité afin de déterminer une structure optimisée. Ces examens en plusieurs étapes peuvent prendre un temps assez long», a expliqué le groupe sud-coréen.
58 entités
Actuellement, le Samsung Group s'organise autour d'un enchevêtrement de participations croisées entre les 58 entités qui le compose. Lee Kun-hee et ses trois enfants contrôlent l'ensemble de la structure en étant propriétaires minoritaires des sociétés les plus importantes de cet ensemble, souvent comparé à « un bol de nouilles ».
La famille tient ainsi Samsung Life Insurance Co, Samsung C&T (activités de construction, de mode et de gestion de parcs d'attractions et de golfs) et le géant Samsung Electronics. Des parts qui lui permettent de garder la main sur les autres sociétés.
Les actionnaires minoritaires de Samsung Electronics estiment que cette organisation nuit à la transparence et pèse sur la valeur des actions du groupe. Le fonds américain Elliott Management Corp, qui possède 0,62% de Samsung Electronics milite depuis des mois pour une simplification de cette structure et propose de réorganiser l'ensemble des filiales sous un holding unique organisé autour de Samsung Electronics.
Plus généreux en dividendes
La société, toujours contrôlée par la famille, serait ainsi scindée en deux. Une entité plus « financière » contrôlerait les dizaines autres sociétés du conglomérat quand une structure plus opérationnelle gérerait, elle, les activités industrielles de Samsung Electronics (smartphones, semi-conducteurs et électronique grand public).
« Une restructuration entraînerait un plus grand alignement des intérêts des « propriétaires » de fait du Samsung Group avec ceux des autres actionnaires », expliquent dans une note les analystes Mark C. Newman et Ike Cho du cabinet Bernstein Research.
Tout en expliquant qu'ils se donnaient plusieurs mois pour envisager cette réforme, les cadres de Samsung ont tenu à préciser qu'ils ne penchaient pour l'instant pour aucune solution en particulier, au grand dam des actionnaires minoritaires qui espéraient une décision plus rapide et franche.
Pour ne pas braquer ses investisseurs, Samsung Electronics a indiqué, ce mardi, qu'il allait tout de même se montrer plus généreux en dividendes sur les prochains trimestres. Sur l'ensemble de 2016, les versements devraient être supérieurs de 30% par rapport à ceux cédés en 2015, ce qui représentera une somme totale de 4.000 milliards de wons (environ 3,22 milliards d'euros).
Vaste programme de rachat de titres
Le groupe va également lancer en janvier un vaste programme de rachat de titres, qui seront ensuite annulés afin de doper la valeur des actions cotées. Au total, Samsung se dit prêt à reverser 50% de son flux de trésorerie disponible à ses actionnaires.
Ces montants ne devraient toutefois pas satisfaire les stratèges du fonds Elliott Management, qui exigent des gestes plus forts, assurant que le groupe coréen n'a aucunement besoin de conserver de gigantesques montagnes de liquidités sur ses comptes.
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Samsung Electronics rétorque qu'il souhaite se préserver un matelas d'environ 65.000 milliards de wons pour prévenir tout problème ou engager rapidement d'éventuelles acquisitions stratégiques. Sous l'impulsion de Jay Y Lee, qui pousse la société vers des activités à forte valeur ajoutée dans la pharmacie ou l'automobile connectée, Samsung Electronics avait ainsi acheté en « cash », à la mi-novembre, l'américain Harman Industrial Industries pour 8 milliards de dollars.

ABDOUL KADER Ba