Opinion

RÉDUCTION DU MANDAT PRÉSIDENTIEL DE 7 ANS A 5 ANS: LES RAISONS D’UNE HÉSITATION


Mardi 21 Avril 2015

«Attendre 2016 pour trancher à la lumière de ce que diront les spécialistes». Telle est la dernière position exprimée par le président de la République, Macky Sall sur la question de sa promesse de réduire le mandat présidentiel. Position qui a relancé le débat sur cette affaire.

A l’Alliance pour la République (Apr), certains ténors comme le député Moustapha Cissé Lô, le secrétaire d’Etat chargé de l’Alphabétisation, Youssou Touré, le ministre en charge des Collectivités locales et de la Décentralisation, Me Oumar Youm, ont manifesté leur penchant pour les 7 ans.

Une opinion partagée par nombre «d’apéristes» et qui cache de forts relents politiques. Une raison pour certains observateurs de soutenir que le leader de l’Apr, Macky Sall, redoute «les dégâts collatéraux de l’impréparation d’une élection prématurée ou anticipée.»

L’autre raison, c’est le socle sur lequel Macky Sall compte poser son bilan, le Plan Sénégal émergent (Pse) dont les premières réalisations ne sont pas très connues des Sénégalais, des électeurs. Un argument qui peut conforter la position des défenseurs d’un mandat de 7 ans.

L’autre chose qui est en jeu, c’est la parole de l’Institution présidentielle. « Un wakhe wakhéte» pourrait lui être fatal au niveau des urnes, comme ce fut le cas avec la jurisprudence Wade qui, sur un problème de troisième mandat s’est dédit publiquement. Ce qui lui a coûté son fauteuil.

Relativement la promesse de Macky Sall, le politologue, Babacar Justin Ndiaye estime «qu’aujourd’hui, Macky Sall s’est créé un problème individuel et cherche à impliquer toute la république, pour trouver une solution étatique». Certains proches du président de la République, prônent le respect de l’engagement pris devant le peuple sénégalais, le respect de la parole donnée.

Toutefois, ces derniers posent des conditions de faisabilités et de respect de procédures qui font douter plus d’un quant à la véritable volonté du leader de l’Apr de réduire son mandat. Parce que pour eux, passer de 7 à 5 ans peut aussi comporter des avantages. Il y en a qui estiment également que l’opposition n’est pas prête pour aller aux joutes électorales et qu’il faut l’a prendre au dépourvu.

A l’exception de Rewmi d’Idrissa Seck, dont le silence laisse croire qu’il s’est déjà préparé pour aller à la présidentielle, il y a le Parti démocratique sénégalais (Pds), principale formation d’opposition qui est encore dans des difficultés pour tenir son candidat.

Etant entendu que Karim Wade est aujourd’hui en prison et les ténors du parti de Wade disent qu’ils n’ont pas de «Plan B». Le Parti socialiste (Ps) quant à lui, est présentement dans la mouvance présidentielle, en alliance avec le président, Macky Sall qu’il ne peut pas combattre actuellement.

Pis, l’émancipation du maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, considéré comme le meilleur profil pour porter la candidature des socialistes lors des prochaines élections présidentielles, n’est pas encore complète.

Sur un autre côté, Macky Sall gagnerai aussi à poursuivre ses 7ans, en maintenant le statu quo, parce que, soutiennent des observateurs, il pourrait espérer voir la matérialisation de sa vison du Pse et leur capitalisation face à des électeurs de plus en plus exigeants.

Maintenant, si le président de la République, Macky Sall, compte maintenir le mandat de 7 ans, pour être prêt à aller aux urnes, il doit également se dire que l’opposition, dans sa majorité, le sera également. Il pourrait ainsi avoir en face de lui le Pds, Rewmi, et probablement le Ps.

Quoi qu’il en soit, le député libéral, Mme Aïda Mbodj est formelle : «si Macky Sall ne respecte pas sa promesse d’aller vers les 5 ans, nous allons le battre aux législatives en 2017 et l’obliger à une cohabitation.»
GRAND PLACE



Abdoul Aziz Diop