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Opinion

Procès de Luc Nicolai: Fait divers de diversion dans la presse Par Johnson Mbengue


Lundi 9 Décembre 2013

Quand on demande aux garçons et aux filles de moins de quinze ans quel métier avez vous envie de faire ? la moitié d'entre eux répond "Lutteur" ou "danseuse". Quelle honte pour notre pays. Le pays de Senghor, de Cheikh Anta Diop, du Pr. Alassane Ndao, de Mariama Bâ, etc. Ces jeunes ne diront plus jamais "Journaliste" pour suivre les traces d'un Tidiane Kassé, Moussa Paye, Issa Sall, Abdourahmane Camara, Mademba Ndiaye, Seynabou Diop, Jean Meissa Diop, Mame Less Camara, Abdoulaye Ndiaga Sylla, et Mamadou Khoumé, entre autres. Ils diront oui pour suivre les traces des troubadours médiatiques, de ces guenons qui peuplent la profession qui gardait un attrait puissant bien qu'elle soit décriée, c'est parce que le journaliste vit "là où bat le coeur du monde", disait Françoise Giroud qui a fait écrire dans L'Express, François Mauriac, Jean Paul Sartre, André Malraux ou Albert Camus.

Le savent ils ? ces troubadours qui font honte à la profession. Leur seule préoccupation est de défendre des intérêts malsains, défendre les privilèges des riches. Et se présentent honteusement comme de nouveaux chiens de garde. Qu'ils n'ont jamais lu d'ailleurs. L'ouvrage du journaliste français Serge Halimi qui y présente, en quatre chapitres, son analyse de ce qu'il considère comme une collusion entre pouvoirs médiatique, politique et économique, à l'aide d'une étude qui se veut exhaustive sur la télévision et les grands journaux français.

Il explique la place prépondérante des faits divers dans les journaux télévisés. Il reprend la thèse selon laquelle « le fait divers fait diversion », selon la formule de Pierre Bourdieu, qui a préfacé ce livre. Dans son dernier chapitre, il souligne les connivences dans le milieu journalistique, facilitant les autopromotions.
Le titre fait référence à l'ouvrage Les Chiens de garde (1932), dans lequel Paul Nizan dénonçait les analyses des philosophes les plus célèbres de son époque : ceux-ci, pour Nizan, garantissaient la perpétuation de l'idéologie bourgeoise, en décrivant l'homme dans son identité idéale et immuable plutôt que dans son existence particulière et matérielle. Le livre de Serge Halimi commence par un exergue extrait de l'ouvrage de Nizan : « Nous n'accepterons pas éternellement que le respect accordé au masque des philosophes ne soit finalement profitable qu'au pouvoir des banquiers. » Il se clôt par :
« Parlant des journalistes de son pays, un syndicaliste américain a observé: "Il y a vingt ans, ils déjeunaient avec nous dans des cafés. Aujourd'hui, ils dînent avec des industriels." En ne rencontrant que des "décideurs", en se dévoyant dans une société de cour et d'argent, en se transformant en machine à propagande de la pensée de marché, le journalisme s'est enfermé dans une classe et dans une caste. Il a perdu des lecteurs et son crédit. Il a précipité l'apauvrissement du débat public. Cette situation est le propre d'un système: les codes de déontologie n'y changeront pas grand-chose. Mais, face à ce que Paul Nizan appelait "les concepts dociles que rangent les caissiers soigneux de la pensée bourgeoise", la lucidité est une forme de résistance. »

Effectivement le fait divers fait diversion et les codes de déontologie n'y changeront rien du tout. Ayant assisté au procès opposant le promoteur de lutte Luc Nicolai au promoteur hôtelier Bertrand Touly, j'étais estomaqué par la parodie de comptes rendus et de reportages d'une certaine presse corporatiste. Deux promoteurs, deux chefs d'entreprise, deux employeurs, en bisbille à la barre après un peu plus d'une année de procédure judiciaire, l'équilibre de l'information a souffert. Des anciens de la rédaction de walfquotidien que j'ai fréquentée n'auraient pas accepté que des reporters liés directement ou indirectement par une des parties s'intéressent à de pareils dossiers.

Pour votre information, il est apparu qu'un des co accusés en l'occurrence Lamine Mbaye, ancien employé de l'hôtel Lamantin Beach a avoué que l'avocat Cissé l'avait fait sortir de sa cellule à Thiès pour une rencontre avec lui et son client Luc Nicolai, et qu'il a refusé cette offre en l'absence de son avocat à lui.

Que le principal présumé complice de Luc, Djibrine Diop est revenu sur les faits devant la barre et a reconnu avoir aidé son "grand" et "ami" Luc qui lui avait dit que rien n'allait plus entre lui et Bertrand.

Qu'il y a de "profondes contradictions" (dixit le juge) entre les deux douaniers. Abdou Khadre KEBE déclare qu’il est retourné une seconde fois avec Papa Massiré THIAM pour effectuer une autre fouille et c’est en ce moment que Bertrand TOULY a profité de leur inattention pour disparaître. Cette version est contredite par l’agent des Douanes Papa Massiré G. THIAM qui soutient qu’une fois à la Brigade, il n’est plus retourné à l’hôtel et mieux, à sa sortie de sa chambre à 17 heures, il a constaté que le véhicule de Monsieur TOULY n’était plus à la Brigade. Rebelote, le jeune douanier se rétracte et déclare s'être rendu au Lamantin avec son chef néanmoins il n'a pas participé à cette fameuse perquisition puisqu'il cherchait pendant 15 mn là où…garait leur voiture.

Qu'il a été clairement établi que Touly et Philibert (directeur d'exploitation de l'hôtel) n'ont jamais fui. Mieux, le chef des douaniers de Mbour ne cessait de les "relancer" au téléphone.


Il est apparu aussi aux affirmations de Me Lopy, un des avocats de la partie civile, que M Luc Nicolai avait l'habitude de négocier pour le compte de sociétés autres avec la douane. Il a cité la société immobilière Résidence Palmeraie Salyinvest en expliquant qu'il y avait aussi un litige sur ce dossier.

Que Luc Nicolai a été contredit par Bertrand Touly quand il dit qu'il entretien d'excellentes relations avec la famille Touly et considére Bertrand comme un jeune frère. Ce dernier a rétorqué que depuis trois, voire quatre ans il n'existe plus de relations fraternelles avec Luc.

Que le juge a fait remarquer aux accusés leurs échanges téléphoniques. Qu'ils ont été confondus par les réquisitions faites aux opérateurs de téléphonie. Que Luc Nicolai a dit ne pas avoir foi aux relevés téléphoniques dont les résultats des réquisitions adressées à la Sonatel, à Tigo, et à Expresso, ont fait ressortir qu’aussi bien, avant, pendant, et après la perquisition, Cheikh NICOLAÏ, Abdou Khadre KEBE, et Djibrine DIOP étaient en communication constante. Au Total, dans la journée du 27 octobre 2012, les chiffres relevés à la barre par le juge font état de 25 correspondances téléphoniques entre Cheikh NICOLAÏ et l’agent des Douanes, Chargé de la perquisition, Abdou Khadre KEBE. Toujours dans la même période, il a été aussi noté 14 communications entre Cheikh NICOLAÏ et son proche Djibrine DIOP et, extraordinairement entre les deux personnes qui ont déclaré ne pas connaître à savoir : Abdou Khadre KEBE et celui suspecté d’avoir déposé la drogue dans le bureau de Bertrand TOULY, Djibrine DIOP. Ce dernier a reconnu à la barre que c'est Luc qui lui avait emprunté ce jour son portable pour s'entretenir avec M. Kébé.

Qu'un des reporters sportifs d'une télé privée de la place était chargé d'introduire dans la salle d'audience les lutteurs venus soutenir Luc alors qu'il faisait en même temps le direct pour le compte de la radio du même groupe de presse. Aucun organe de presse présent dans la salle n'a rapporté ce fait inédit.

Peut être, ils ne savent pas que le…temps journalistique est différent du temps judiciaire. Combien la défense a dû débloquer pour mériter un tel traitement de la part de…tant de chroniqueurs judiciaires et reporters sportifs?

Comble de malheur, une des reporters m'a clairement signifié que les amis de Luc veulent gagner la bataille de l'opinion, avec la complicité des journalistes. Quelle honnêteté! Attendez vous à des articles encore partiels, complaisants et ...émotifs.

Le commentaire est libre mais les faits tels qu'exposés devant la barre par le juge rappellent que "le Jeudi 27 Septembre 2012, coïncidant au lendemain du retour au Sénégal de Bertrand TOULY qui était en séjour en France, deux Agents des Douanes de Mbour ont procédé à une perquisition dans son bureau et ont déclaré avoir saisi de la cocaïne sous le meuble derrière le bureau. Pour faire chanter Bertrand TOULY, Monsieur Abdou Khadre KEBE, chef de la Brigade des Douanes de Mbour de lui réclamer CENT MILLIONS pour étouffer l’affaire, après l’avoir libéré, malgré les charges qui pèsent sur le prétendu trafiquant. N’ayant pas rendu compte au Procureur de la République, ni de saisie encore moins de la supposée fuite. Sentant un coup monté contre lui, Bertrand TOULY qui dit n’avoir jamais touché à la drogue, décide de porte plainte contre le Douanier pour tentative d’extorsion de fond et pour savoir les dessous de cette affaire. Cheikh NICOLAÏ sentant que sa stratégie de communication avec Abdou Khadre KEBE de la Douane et Djibrine DIOP a été décelée malgré les changements de puces et de portables effectués au cours de la journée du 27.09.2012, s’est retiré en Gambie pour se soustraire de son arrestation. Invité à plusieurs reprises, il refuse de se présenter à la gendarmerie. Il sera arrêté à la suite d’une rencontre qu’il avait sollicitée pour se tirer d’affaire. "

Et toujours sur les faits, comme le dit Géraldine Muhlmann, "les reporters de la fin du 19e siècle (...) en ne livrant que les "faits" et en taisant leurs opinions personnelles (...) sont censés en appeler "au sens commun", qui permet de rencontrer le public le plus large. Rassembler demeure l'enjeu ultime". Et encore d'où la position du journaliste "témoin-ambassadeur", celui-là même qui, rapportant les faits, "rien que les faits", à la fois confirme et conforte le consensus social. Malheureusement les con-frères n'en ont cure.





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