International

Obama-Hollande: différents mais pas incompatibles


Vendredi 18 Mai 2012

François Hollande est aux Etats-Unis pour une durée de trois jours à compter de ce vendredi 18 mai, à l'occasion d'une réunion du G8 et d'un sommet de l’Otan. En marge de ces deux grands rendez-vous sur la scène internationale, le nouveau président français doit être reçu par Barack Obama, qui entend le jauger sur les grands dossiers économiques et diplomatiques du moment.

Aux yeux des Américains, c’est un inconnu qui est reçu, ce vendredi 18 mai, par Barack Obama à la Maison Blanche. Et le simple fait que ce nouveau président français porte l’étiquette de « socialiste » a de quoi inquiéter dans le berceau du capitalisme mondial, où le terme « socialiste » n’est utilisé que pour insulter un adversaire politique.

Quelques heures seulement après la victoire de François Hollande au second tour de l’élection présidentielle, Barack Obama a pris son téléphone. Le président a félicité François Hollande pour son élection avant de l’inviter à la Maison Blanche afin d’aborder ensemble « les dossiers difficiles » qu’ils auront à gérer en commun.

Dans l’entourage de Barack Obama comme dans celui de François Hollande, on est convaincu que cette première prise de contact entre les deux hommes se passera bien.

Crise économique

Les deux présidents devraient à première vue s’entendre sur la question de la relance économique. La volonté de François Hollande de renégocier le pacte européen de discipline budgétaire a inquiété outre-Atlantique, surtout les économistes conservateurs qui craignent que la crise dans la zone euro ne redémarre de plus belle.

Mais Barack Obama devrait se trouver quelques points communs avec son nouvel homologue français. Comme lui, il estime nécessaire de remettre la croissance et la création d’emplois au cœur des priorités européennes pour trouver une issue à la crise économique.

Dans une interview accordée au quotidien USA Today, la chef de la diplomatie américaine confirme le consensus franco-américain qui s’annonce sur la question économique. « Notre point de vue reste qu'il faut des ajustements à l'austérité, pour qu'il y ait de la croissance, à la fois pour des raisons économiques et politiques », déclare Hillary Clinton qui se dit « impatiente d'accueillir le président Hollande dans le Bureau ovale pour une entrevue avec le président Obama ».

Afghanistan

Un dossier qui risque de susciter quelques tensions entre Paris et Washington, c’est la présence française en Afghanistan. François Hollande a promis de retirer les troupes françaises de ce pays dès décembre 2012, au lieu d’attendre la fin de l’année 2013, ce à quoi s’était engagé Nicolas Sarkozy.

Les Américains craignent en effet qu’un retrait anticipé des troupes françaises ne provoque un effet boule de neige parmi les autres alliés, engagés aux côtés des Etats-Unis en Afghanistan. Cela étant dit, la France ne serait pas le premier pays à retirer ses soldats d’une manière unilatérale. Les Pays-Bas, en 2010, et le Canada en 2011, l’ont déjà fait.

François Hollande sera donc soumis à la pression de l’administration Obama qui devrait toutefois lui permettre de garder la face. Pour le nouveau président français, il est important de ne pas revenir ouvertement sur l’une de ses promesses électorales.
Un compromis pourrait être par exemple de ne faire rapatrier que les troupes de combats et de maintenir sur place les troupes d’appui et les formateurs. Enfin, pour des raisons purement logistiques, le retrait de 3 400 soldats et de leur matériel prendra sans doute plus de temps et pourrait s’échelonner jusqu’à la fin 2013.

Otan

Le nouveau pouvoir français est également attendu sur sa conception du rôle de la France dans l’Organisation du traité de l'Atlantique nord. François Hollande était au départ hostile au retour de son pays dans le commandement intégré de l’Otan en 2009. Pendant la campagne, il n'a pas été clair sur cette question. La personnalité du nouveau ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius - étiqueté « gaullo-mitterrandistes » - peut donner une indication de la ligne adoptée dans les prochains mois, à savoir moins atlantiste. Mais il est peu probable que François Hollande revienne sur la décision de Nicolas Sarkozy.

Iran et Syrie

L’entourage du président français a d’ores et déjà laissé entendre en ce qui concerne les grands dossiers géopolitiques que la position de la France ne changera pas, notamment sur la Syrie et l’Iran.

Ces derniers mois, Nicolas Sarkozy avait adopté une ligne dure contre le programme nucléaire iranien. « L’ancien président français s’était même montré plus inflexible encore que Barack Obama lui-même », estimait il y a quelques jours le Boston Globe. Maintenant que les pourparlers avec Téhéran ont repris, les Etats-Unis ont impérativement besoin de la France pour imposer des sanctions et pousser ainsi l’Iran à abandonner ses ambitions nucléaires. Si François Hollande optait pour une stratégie moins offensive à l’égard de Téhéran, ceci pourrait inciter la Russie et la Chine à affaiblir la pression occidentale, soulignent certains analystes américains.
RFI.FR



Abdoul Aziz Diop