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Opinion

'' Me Wéddi'' par Aliou Ndiaye


Lundi 4 Juillet 2011

Tonton Ada et Sylla Mougnal ont résumé Abdoulaye Wade. Les deux compères de Jalagati Xibaar ont eu une capacité de synthèse géniale. Ils ont rebaptisé le chef de l'Etat sénégalais. Depuis longtemps, ils l'ont affublé d'un sobriquet révélateur et évocateur. Alors même qu'il était encore dans l'opposition chaud-bouillant de la fin des années 1990, ils ont la puissance de discernement extraordinaire de le surnommer Me Wéddi. En Wolof, Me Démenti.


'' Me Wéddi'' par Aliou Ndiaye
Car voilà un sujet très brillant par moments, fort en thème et en répartie, mais frappé d'une surdité et d'une cécité sélective incurable. Mais attention ! Si on en croit le Président Léopold Sédar Senghor, il ne faut pas se fier aux apparences. Le monsieur n'est même pas atteint. Wade n'a pas une maladie de la vue ou de l'ouïe. Ces crises ne sont pas des symptômes, ce sont des signes. Sa cécité n'est pas une maladie, c'est une méthode. Ndiombor est le lièvre de Ndoumbélaan. Dans le royaume imaginaire du conteur, le lapin est un grand malin. L'hyène socialiste l'avait appris à ses dépens en 1970 déjà. Dans la forêt lointaine de Mogadiscio, il inventa la porte d'entrée du parti de contribution. L'esquive politique du siècle dernier fut la première d'une longue série de feintes. 
 
Wade n'est pas du genre à renoncer facilement. C'est à la fois sa plus brillante qualité et son plus grand défaut. Il lui fallait cette prédisposition de corps et d'esprit, cette capacité d'analyse et de réaction pour survivre à 26 ans d'opposition, parfois radicale. Entre les guet-apens, les séjours en prison et les entrées dans les gouvernements, entre les campagnes électorales ruineuses et les hivers déprimants de Paris, le chef de l'opposition du Sénégal s'est, au fil des années, construit une carapace. Plusieurs fois, il est tombé, plusieurs fois, il s'est relevé. Un peu avant son sacre fameux de 2000, il a failli jeter l'éponge. Abdoulaye Bathily et d'autres ténors de l'opposition avaient dû se déplacer jusqu'à Paris pour le convaincre de se jeter dans l'ultime bataille. 1993 avait eu raison de son excuse. A chaque défaite électorale, il avait accusé la machine de fraude socialiste. Son Code électoral consensuel, le meilleur de l'Afrique, selon ses propres termes, ne lui avait pas permis de gagner face à Abdou Diouf. Une troisième défaite de rang durement ressentie. Un assassinat et des troubles plus tard, Me Wéddi était resté égal à lui-même. Il avait refusé de reconnaître sa défaite. Wade n'a vraiment reconnu qu'une seule fois les résultats d'une élection. C'était lors de sa première victoire de 2000. 
 
Sa carapace est devenue une sorte de tour d'ivoire depuis. Enfermé dans son Palais, entouré de ses courtisans, Wade doit être dans son élément. Aujourd'hui, il n'entend que ce qu'il veut bien entendre. A part le tonitruant chef de Cabinet Pape Samba Mboup ou le mal aimé ministre Lamine Bâ, tous les autres membres de son nouvel entourage savent s'y prendre avec le Vieux. Il faut lui dire ce qu'il a envie d'entendre, éviter la vérité qui fâche. Il est le plus beau, le plus intelligent et le plus perspicace. Il est le seul père digne de ce nom. Son fils est le plus compétent et le plus intelligent des Sénégalais. Sa fille est la seule personnalité capable d'organiser une fête au Sénégal. Et toutes ces raisons font qu'en 2009, le Pds n'a pas perdu Dakar lors des élections locales du seul fait du choix des électeurs. La défaite est le résultat du vote sanction d'une frange rebelle du parti libéral.Les citoyens sénégalais manifestent violemment contre les coupures d'électricité. Karim Wade et son père dénoncent un complot politique. Le peuple dit non au projet de modification scélérat de la Constitution, le chef de l'Etat accuse l'opposition de manipulation. Cette cécité s'est manifestée d'une manière encore plus cavalière la semaine dernière. Lamine Diack, digne fils du Sénégal, a voulu sensibiliser Wade sur la situation savonneuse du pays. Il a été éconduit. Il ne faut donc pas s'attendre à un miracle. Wade a passé l'âge de se déciller. Me Wéddi, il est. Me Wéddi, il restera. Jusqu'au drame. Malheureusement.
L'observateur

La Rédaction


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