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Masamba Laye Ndoye, 26 ans, ex-détenu. «A Rebeuss, un ami est mort devant moi en se vidant de son sang…


Lundi 8 Octobre 2012

Nietty Mbar est noyé dans ses eaux infectes et ses odeurs nauséabonde en cette fin de matinée du mercredi 05 septembre 2012. Rien de nouveaux sous le ciel gris : un quartier inondé, une jeunesse qui nage dans un quotidien glauque. Au milieu de ce triste décor, Masamba Laye Ndoye, 26 ans et déjà trois mandat de dépôt de trois mois, deux ans et un mois 15 jours. Svelte, le corps chétif emmitouflé sous un pantalon jean large et un tee shirt marron, il fulmine sa colère contre le désœuvrement des jeunes de sa localité et crache ses vérités sur les mauvaises conditions de détention des prisonniers à Rebeuss. Le débit lent, les yeux embués de mauvais souvenirs ; il confie ses maux à Rebeus.com : Entretien.


Masamba Laye Ndoye, 26 ans, ex-détenu. «A Rebeuss, un ami est mort devant moi en se vidant de son sang…
« Plus de 250 détenues,  entassés dans une salle comme des bêtes,   attendent  leur sort dans une chaleur effroyable… »
«Je m’appelle Masamba Laye Ndoye, j’ai 26 ans et  j’habite Nietty Mbar. Mon père est mareyeur et ma  mère  femme au foyer. On est une fratrie de 7. Je suis marié et  père de deux enfants.  Je ne suis pas instruit mais J’ai appris le métier de coxeur. Mon premier séjour en prison remonte à 2003, pour trafic de chanvre indien, on m’avait condamné à trois mois de prison ferme. A Rebeuss, la première chose à faire pour les nouveaux c’est de se mettre nus comme un ver, j’ai eu la honte de ma vie en me dénudant devant des inconnus, mais je n’avais pas le choix, je devais me plier au règlement. Par la suite, ils m’ont amené à la chambre 3. Là,  plus de 250 détenues,  entassés dans une salle comme des bêtes,   attendent  leur sort dans une chaleur effroyable. Le chef de chambre m’a dit les règles de conduite : pas de bagarre. La chambre est composée de deux salles de bain et les gens faisaient leurs besoins au vu et au su de tout le monde.  Des vieillards se mettait nu devant nous et ne se gênaient pas, cet état de fait m’avait  marqué car cela va à l’encontre de mon éducation. Sur place, J’ai trouvé des amis d’enfance qui m’ont aidé à m’intégrer, et cela a allégé  mon séjour. La bouffe est infecte,  et on te sert un petit ratio qui ne peut même pas rassasier un enfant.
« A l’intérieur de la prison on faisait des jeux de cartes ou la mise était très élevé il y’avait aussi des trafics de chanvre, les gardiens étaient complices car ils étaient  au courant et personne ne disait rien. » 
A l’intérieur de la prison on faisait des jeux de cartes ou la mise était très élevée pour se faire une peu d’argent.  Il y’avais aussi du trafic de chanvre, les gardiens étaient complices car ils étaient  au courant et personne ne disait rien.
Apres avoir purgé ma peine, je suis revenu à la maison, les gens de mon quartier me regardaient d’en haut, et interdisait à leur progéniture  de  s’approcher de moi. J’étais devenu un pestiféré et je vivais cela très mal.  Mon quotidien n’avais pas changé, toujours pas de boulot et des enfants en charge. Contrairement à ce que je pensais, je n’ai retenue aucune leçon de la prison,  j’ai continué le trafic de chanvre indien et trois mois plus tard je suis  revenu à Rebeuss pour  deux ans pour le même délit.  J’y ai passé 6 mois de braise, car un ami est mort devant moi en crachant  tous son sang. Il était atteint de tuberculose et n’avait pas reçu de soin car  une fois à l’infirmerie on lui avait administré du paracétamol. Cet évènement me marqueras a vie. J’en rêve encore la nuit. Il criait de toutes ses forces  et personne n’est venu à son secours, il est mort quelques minutes plus tard.  Le reste de ma peine on m’avait transfère a la prison de Kaolack. La- bas  rien que la chaleur constituait une sanction, mais il  y’avais plusieurs salle et elles n’étaient pas bondées comme Rebeuss.
Mon dernier séjour à Rebeuss s’est passé il y’a seulement trois mois. Un vol de portable m’a conduit là-bas. Pour rappel, le gars à qui j’ai pris le portable me devait 8 milles francs, je l’ai trouvé à Thiaroye  avec une sacoche contenant  deux mille franc et un portale. Je lui ai confisqué afin qu’il me rende mon argent. Il a porté plainte, le lendemain les flics m’ont apporté une convocation. Arrivé  au commissariat de Thiaroye, ils m’ont mis en garde à  vue et déferré à Rebeuss le lendemain matin.
Je suis libre depuis deux mois seulement et j’essaye de me remettre sur le droit chemin. En ce moment, je vends des portables pour essayer de m’en sortir et nourrir ma famille, mais ce n’est pas facile. La prison est exécrable et je ne souhaite à personne d’y séjourner. La vie ne m’a pas fait de cadeau mais je m’en remets à Dieu.

Par Eva Rassoul



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