Opinion

Khalifa Sall au Forum de l'obligation municipale en Afrique: «Les Collectivités locales souffrent de problèmes de financement et de soutien de l'Etat»


Mardi 26 Avril 2016

SENXIBAR- Les maires des collectivités locales en Afrique se sont retrouvés, hier, au Forum de l’obligation municipale pour discuter des problèmes liés à la faiblesse des ressources fiscales et aux contraintes des emprunts obligataires. Dans les colonnes du quotidien l'AS, le maire de Dakar, Khalifa Sall, a indiqué que les villes africaines doivent s’orienter vers des financements innovants, qui se présentent comme une opportunité à transformer en un puissant levier de financement des collectivités locales.


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En raison des problèmes liés aux financements des collectivités locales pour le développement urbain, un Forum de l’Obligation Municipale en Afrique a été organisé, hier, à Dakar, par Markets of Africa. Khalifa Sall qui a présidé cette rencontre, est revenu sur les problèmes de financements et le manque de soutien de l’Etat auxquels sont confrontées les collectivités locales. Selon l'AS, le maire de Dakar soutient que «Le premier problème de financement, c’est l’insuffisance des ressources, alors qu’on a de grandes ambitions qu’on ne peut pas réaliser. Ce qu’on appelle la non maitrise des ressources vient de l’Etat, qui est en amont et en aval du processus de financement. C’est lui qui fait la caisse et recouvre. Au début de l’année, vous pouvez avoir un budget de 30 milliards, et à la fin vous vous retrouvez avec 15 milliards F Cfa. Ce phénomène est la véritable source du problème. Sur 5 à 6 ans, on peut connaître les ressources prévisibles, mais on ne saura pas toujours les ressources perçues ou collectées », explique le maire de Dakar. Rappelant que les collectivités locales sont des émanations de l’Etat, Khalifa Sall soutient cependant que la situation du développement des collectivités diffère d’un pays à un autre, selon le niveau, la qualité et l’ampleur de la décentralisation. «C’est-à-dire les relations qui unissent l’Etat avec les collectivités locales». C’est la raison pour laquelle, dit-il, «on ne peut pas avoir une situation générale, on aura juste une situation particulière qui ne concerne que des pays et des régions. Dans certains pays, les collectivités locales ne peuvent rien faire sans la garantie de leurs Etats. Tandis que dans d’autres cas, les collectivités locales sont libres de faire leurs projets. C’est l’exemple de l’Afrique de Sud et du Sénégal, car, dans notre pays, une collectivité peut faire un emprunt obligataire sans la garantie de l’Etat. La réglementation de l’Uemoa exige de la collectivité locale que l’Etat émette un avis de non objection. Mais elle n’a pas besoin de la garantie de l’Etat, donc les situations sont différentes. Mais ce qui est souhaitable, c’est que les Etats comprennent véritablement que les collectivités locales ont besoin de financements innovants pour prendre en charge les activités et les besoins des populations. Les Etats doivent être disposés et ouverts», renseigne-t-il.

IL FAUT ETRE CREDIBLE POUR LEVER UN EMPRUNT OBLIGATAIRE

Se voulant plus explicite, le maire de Dakar affirme que le premier critère du marché, c’est la crédibilité. «Le marché est comme la personne qui a son argent, qui voudrait l’investir, mais elle ne le fera que quand elle aura confiance. Donc, il faut que le projet soit bon, la collectivité crédible, la gestion bien ordonnée et que le projet soit rentable. Si tous ces critères sont réunis, l’investisseur s’engagera», déclare Khalifa Sall qui invite les collectivités à explorer les opportunités qu’offre l’emprunt obligataire. «L’emprunt obligataire de la Ville de Dakar qui avait été lancé pour ouvrir la voie aux autres collectivités locales a connu le sort que vous avez tous vécu. Dakar n’est qu’un précurseur, mais près de 20 villes étaient en attente pour lancer leurs bonds. Donc, nous sommes en train de réfléchir sur la meilleure manière de faire en sorte que les collectivités locales africaines puissent lancer des bonds dans des conditions d’efficacité», soutient Khalifa Sall


Abdoul Aziz Diop