Faits Divers

FRANCE: Moins d'une victime de viol sur cinq porte plainte (RFI)


Jeudi 9 Février 2017

Selon une enquête de l’Observatoire national de la délinquance, seule une personne sur cinq victime de viol se rend à la police ou à la gendarmerie. Plusieurs raisons l'expliquent, et ce malgré une amélioration de la prise en charge dans les postes de police.


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Phénomène d'ampleur en France, la violence sexuelle  est pourtant l’une des infractions les moins rapportées à la police. 62 000 femmes et 2 700 hommes sont confrontés, chaque année, à un viol ou une tentative de viol, selon les dernières données de l’Institut national d’études démographiques.

L’enquête publiée mercredi 8 février par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) fait état du faible nombre de victimes à rapporter les faits aux forces de l’ordre. Sur les 290 personnes majeures interrogées, seule une victime sur dix affirme s’être rendue à la police ou à la gendarmerie. Parmi ces personnes, 13% ont porté plainte, 4% ont déposé une main courante et 2% repartent sans effectuer aucune des deux démarches.

Peur des épreuves supplémentaires

Lorsque l’on est victime de violence sexuelle, deux facteurs principaux expliquent le manque d’envie de porter plainte : « Il y a d’abord le côté relationnel entre la victime et l’auteur du viol. Car dans de nombreux cas, la victime connaît l’auteur qui agit dans un cercle familial ou amical », explique Cyril Rizk, responsable des statistiques de l’ONDRP. « Les victimes qui ont vécu un acte très dur psychologiquement et physiquement  estiment aussi que se rendre à la police pour porter plainte, c’est se lancer dans des démarches qui seront autant d’épreuves supplémentaires », poursuit le statisticien.

Une amélioration de l’écoute policière

Pourtant, l’enquête de l’ONDPR souligne également que la prise en charge des victimes s’est améliorée dans les commissariats de police et les gendarmeries. « Une expérience difficile lors du dépôt de plainte comme on pouvait en connaître il y a vingt ou trente ans peut toujours se trouver, précise Cyril Rizk, responsable à l'ONDPR, mais on est quand même plutôt dans une phase d’amélioration de la prise en charge, à travers la présence de psychologues et des formations, qui va permettre aux victimes de ne pas rester seules avec ce drame. »

Si le nombre de personnes à se rendre dans un poste de police après une agression sexuelle reste relativement stable, l’enquête révèle que 80% des victimes se disent satisfaites de l’accueil et de la confidentialité auprès des forces de l’ordre. Un pourcentage en progression.

Néanmoins, la majorité des victimes de viol préfèrent encore se tourner vers le cercle familial ou les amis pour parler. Expliquant de fait le peu de poursuites judiciaires en la matière.


Abdoul Aziz Diop