Senxibar

Edito de seneplus: La République des dénis-Par Demba NDIAYE


Vendredi 23 Mars 2018

Déficit de citoyenneté, déficit de démocratie, déficit de service public - La barbarie n'est pas loin

Quand un pouvoir se délite de ses fondations du fait du pourrissement de sa superstructure, il gangrène d’abord les éléments de l’avenir : l’éducation et l’innocence. Au Sénégal, l’assassinat programmé de l ‘école, s’accompagne de meurtres rituels d’enfants. Un pouvoir, qui combine dans le même mouvement la défaite de la lumière (l’éducation) et les projets d’avenir (les enfants), devient un danger immédiat pour la paix sociale. Loin de préparer une « année sociale », ils nous précipitent au contraire vers des implosions sociales aux antipodes d’ « Sénégal de tous, un Sénégal pour tous ». Du reste, ils n’embouchent plus cette trompette avant même qu’elle ne diffuse ses premières mélodies.

Comment expliquer l’explosion subite de rapts et de meurtres, d’innocents, de l’innocence ? L’innocence souillée par la recherche et/ou la conservation du pouvoir. Il y a des fous de pouvoir comme des fous de Dieu. Des hypocrites qui, au nom de Dieu organisent des massacres de masse. Leurs pendants « républicains » invoquent et abusent de Dieu en lui offrant, malgré lui, des enfants en guise d’offrandes.

Société de faux dévots et de vrais hypocrites qui usent et abusent de rites obscurs aux antipodes de toute religiosité. Faux marabouts, charlatans-prédicateurs, pourvoyeurs de faux espoirs à des cols blancs dégénérés aux manettes corruptrices, cela donne une société pestilentielle qui prend plaisir à se vautrer dans les fanges de son infra-humanité. Cette part infecte de notre humanité, qui sécrète des professeurs analphabètes qui justifient les viols et autres crimes contre les femmes ; ces zones obscures de notre humanité qui ont échappé à la police (polissage ?) de notre surmoi avec sa répression « civilisatrice ». Alors, la barbarie n’est pas loin...

Et puis, il y a ce complot contre l’avenir qui saborde l‘école sur l’autel de la rigueur budgétaire édictée par des institutions, qui sont pourtant loin de pratiquer l’austérité et autres coupes sombres quand il s’agit de leurs agents qui sillonnent nos pays pour injecter leurs mortelles potions. Elles ont édicté des restrictions budgétaires, nos gouvernants ont charcuté notre secteur public ; ils ont voulu réduire les masses salariales, ils nous ont imposé des abris provisoires. Ils ont voulu qu’on rogne sur les dépenses de santé, ils ont fait de nos hôpitaux des mouroirs de première. Ils ont voulu anesthésier nos forces vives pour qu’elles ne se révoltent pas contre leurs gouvernants kleptomanes. Ils ont inventé des croissances à deux chiffres » qui font croître aussi la dépendance et la pauvreté.

Et puis ? Et puis, ils ont voulu la rotation et la mobilité de leurs obligés (nos gouvernants) ; ils nous ont imposé des limitations de mandats en s’accommodant, voire en exaltant des candidats à la présidence à vie (Chine), des roulettes...russes ou le président candidat choisit ses challengers et retrouvent des scores de ses ancêtres soviétiques (staliniens). La chancelière (allemande) peut diriger son pays tant que les citoyens-électeurs le voudront. Bien sûr, notre problème, c’est que nous avons des « handicapés démocratiques », qui font tout dans l’imitation et la démesure.

Déficit de citoyenneté, déficit de démocratie, déficit de service public. Nos forces de l’ordre sont performantes pour bouffer d’opposants et de syndicalistes remuants et marcheurs, ils sont incapables de mettre hors d’état de nuire les voleurs et tueurs d’enfants qui ont pris leurs quartiers dans nos ...quartiers et rues.



Abdoul Aziz Diop