Opinion

Edito de seneplus: Ces quinqua qui rêvent d'éternité-Par Demba NDIAYE


Samedi 21 Avril 2018

Ce jeudi 19 avril 2018, fut perpétré, achevé, exécuté, le meurtre ultime qui achève de lever les derniers obstacles vers le hold-up parfait du pouvoir le 24 février 2019


Soyons clairs : jeunesse, être jeune, ne signifie pas forcément être démocrate, respectueux des droits et libertés de ses concitoyens. Appliquer et s’appliquer la transparence dans la dévolution du pouvoir et l’occupation de postes. Cela ne donne droit à aucune médaille pour avoir veillé sur les deniers de son pays (bonne gouvernance), ni avoir été juste dans le traitement de ses concitoyens devant une justice qui devrait s’appliquer à tous avec la même rigueur. Être moins généreux avec ce qui appartient à tous pour le redistribuer à ses copains, partisans, et autres parasites laudateurs.

Voilà pourquoi il ne faut pas s’étonner de pratiques, comportements, attitudes répressifs, dictatoriaux et kleptocrates de nos présidents quinquagénaires. Le nôtre en premier lieu. Jetons un coup d’œil sur la nomenclature de nos chefs d’Etat. Kabila s’accroche à un héritage qu’il n’a pas mérité. Si son père a pris les armes et chassé le vieux léopard Mobutu d’un trône en décadence, il est arrivé au pouvoir sur le sang et le cadavre de son père. Aucune gloire à cela, encore moins de mérite. C’est un usurpateur qui a vendu son pays, racheté les reliques politiques reconvertis après transhumance. Depuis, le plus riche du pays d’Afrique, voire du monde est un bordel politico-économico-humanitaire à ciel ouvert.

Eyadema du Togo, cet autre héritier-usurpateur d’un trône qui l’a vu naître et dont il veut perpétuer et le règne et la gouvernance avec l’appui de dinosaures politiques blanchis sous le harnais de son pater, imbibé du sang de résistants togolais qui ont payé le prix de leur résistance à la politique « France africaine » de l’époque. Aujourd’hui, il bénéficie toujours du parapluie certes discret, mais parfaitement protecteur. Avec du vieux du tout autour, comme une ceinture de feu, le jeune héritier a vieilli prématurément. Hermétiquement fermé aux aspirations de son peuple et de son époque.

Et le nôtre, de quinquagénaire ? Notre jeune Macky, venu au pouvoir par un de ces accidents dont l’histoire seule a le secret. Un prophète octogénaire n’a pas survécu à une arrivée tardive au pouvoir (80 ans?), un amour fou pour un rejeton non-méritant, une cour de prédateurs qui voulaient rattraper le temps perdu de la dèche et de plus de deux décennies d’opposition. Dont faisait partie notre jeune président. En réussissant le coup de force de s'aliéner les compagnons de route des années de braises et des espoirs de ces générations qui ont crues la venue du prophète, Me Wade nous a imposé, comme un dernier coup de Jarnac, un héritier putatif. La République des déçus a fait « contre mauvaise fortune bon cœur » et voté pour un héritier usurpateur. 65% des électeurs (et non des Sénégalais comme on fait l’amalgame) lui ont déroulé le tapis beige.

Sans être forcément dupes, ils ont crû à la mélodie de slogans qu’ils avaient perdu tout espoir de retrouver sous le magistère du vieux prophète : « la Patrie avant le Parti », « gouvernance sobre et vertueuse », « traque des biens mal acquis », réduction du mandat, de son mandat de sept à cinq ans. Il trompe tout le monde. Avec l’aide de squelettes politiques des temps et régimes anciens passés dans l’art de la manœuvre, de l’entreloupe, du vol, du déni de justice et de démocratie. Il épura les partis historiques (Ps, AFP, Ld, Pit, Aj, Rnd, etc.) de leurs branches saines et s’entoura des vieux caïmans à la carapace imperméable aux moindres réformes...

Il inaugura l’ère et la politique des reniements de la parole donnée ; il accueillit et protégea de son coude puissant des voleurs et autres prédateurs ; il sélectionna des adversaires et en fit des victimes expiatoires. Avec l’aide d’une justice que beaucoup de nos concitoyens doutent de l’impartialité. Bref, il se mit à se construire une autoroute, d’un Ter et d’un aéroport, tous destinés à le conduire à prolonger son bail venu à terme pour continuer à occuper le palais. Et pourquoi pas, s’en construire une annexe, comme tout bon monarque.

Ce jeudi 19 avril 2018, fut perpétré, achevé, exécuté, le meurtre ultime qui achève de lever les derniers obstacles vers le hold-up parfait du pouvoir le 24 février 2019 ...au premier tour. C’est cela et rien d’autre le corps du délit du parrainage. Insulte suprême, « citoyen » disent-ils ! Jamais un président, n’a mis autant de force, de moyens, de viols contre la démocratie, pour se maintenir au pouvoir. Avec la bénédiction de la France éternelle, où il alla se réfugier pendant que son pays était à feu, et son parlement de mercenaires achevaient de mettre en lambeaux et à nue, la fausse « représentation du peuple ».

Une bataille a sans aucun doute été perdue ce jeudi du 19 avril. Sans grande illusion du reste au vu de la configuration des forces démocratiques du pays. Mais la guerre elle, n’est pas encore perdue ! À vos cartes d’électeurs et de vote citoyens ! Vous en avez le droit. Exigez-le !

dndiaye@seneplus.com



Abdoul Aziz Diop