Opinion

Djibo Ka, ministre de la communication, porte-parole du gouvernement de 1987 : «Chaque fois qu’on sanctionne, on a échoué»


Mercredi 15 Juin 2016

​ Décision. «Abdou Diouf avait pris la décision en plein conseil des ministres, il ne s’attendait pas à une grève massive de la police face à la gendarmerie autour du palais. A l’époque, cela avait été difficile de communiquer sur la décision de radiation des policiers. J’étais porte-parole du gouvernement et j’avais organisé un point de presse important qui a eu des échos partout. C’était très difficile ! C’est la première fois que la police faisait la grève, ça avait participé à trancher le débat. Au début, la décision avait été populaire, le Peuple était d’accord avec Abdou Diouf. Ensuite, au bout du premier mois, les premières plaintes se sont fait entendre. Le Sénégalais est émotif.»


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Regrets. «Il faut poser la question à Abdou Diouf qui était avant tout un homme d’Etat. Et l’Etat n’a pas d’amis, ni de parents. L’Etat applique la loi de façon équitable.»

Sensible et difficile. «J’ai suivi ces derniers jours le débat sur la possible radiation des enseignants. Chaque fois qu’on sanctionne, on a échoué. Il faut dialoguer, négocier, sans jamais se fatiguer. La radiation est une décision grave à ne pas prendre à la légère. Je suis solidaire avec le gouvernement sénégalais, au moins, en tant qu’ancien ministre de l’Education. J’ai repris l’Éducation, après deux années blanches, en 88 et 89 mais, je n’ai pas eu de grèves. Lorsque je fus muté aux Affaires étrangères, les gens ont manifesté contre mon départ. Cela m’a beaucoup marqué. L’Education est un ministère extrêmement sensible et difficile. Il ne faut jamais céder au chantage, mais il ne faut jamais se décourager dans la négociation. Mame Abdou Aziz Sy Dabakh m’avait beaucoup aidé, notamment avec le lycée Malick Sy de Thiès. Il m’a incité à parler avec les élèves, ce que je fis et ils ont fini par lever leur mot d’ordre, sans aucune menace de ma part. Je salue la décision des enseignants qui ont accepté d’écouter les guides religieux qui ont un grand rôle dans ce pays. A l’époque, c’était les Layennes qui jouaient ce rôle, mais maintenant, ce sont les Tidjanes et les Mourides. C’est pareil et il faut s’en féliciter.»


Abdoul Aziz Diop