Faits Divers

Confection de faux documents administratifs: L’ancien policier, l’ex-agent municipal et l’enseignante risquent 3 mois à 5 ans de prison ferme


Vendredi 27 Novembre 2015

C’est le lundi 30 novembre 2015 que le tribunal des flagrants délits de Dakar statuera sur l’affaire d’association de malfaiteurs et de faux et usage de faux (Fuf) qui a fait comparaître un ancien policier, un ex-employer de mairie, une enseignante et un démarcheur de passeports et de cartes d’identité.


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Ça fait peur. Oui, ça fait hérisser des poils. Le Sénégal avance à reculons avec des «administrations»  implantées dans des maisons, chambres ou couloirs. Si des hommes ont assez de toupet pour installer un commissariat, une mairie et un tribunal à domicile, avec une chambre comme bureau, il y a de quoi s’inquiéter et douter de l’authenticité des pièces administratives en circulation. Oui, il est bien possible que des gens, avec de faux papiers confectionnés clandestinement par de cupides faussaires à la recherche d’argent facile, passent des examens, postulent à des postes et circulent tranquillement dans le pays, sans être inquiétés. L’affaire qui a été jugée hier, au tribunal des flagrants délits de Dakar, en est un exemple. Typique ! Une affaire d’association de malfaiteurs, de faux et usage de faux (Fuf) et de complicité, pour laquelle le parquet a requis 5 ans de prison contre le cerveau, l’ancien employer de mairie, Mor Talla Faye et son supposé complice, l’ex-policier, Gaoussou Sonko. L’enseignante Mama Alimata Camara qui a fait confectionner un faux extrait de naissance pour son enfant, risque elle, 6 mois dont 3 ferme. Pour le démarcheur de cartes d’identité et de passeports, Souleymane Fall, le parquet a requis sa relaxé.

Le pot d’or de Mor Talla Faye s’est cassé, lorsque l’enseignante Alimata a franchi les portes de la mairie de Grand-Dakar, par devers elle, un faux acte de naissance. Lorsque les agents municipaux lui en ont demandé la provenance, elle a donné le nom de Gaoussou Sonko qui, dit-elle, est son tonton. Leur reflexe stimulé, ils ont appelé Gaoussou, en contactant, par la même occasion la police. Afin de mettre la main sur le faussaire, les limiers ont demandé à Gaoussou de joindre Mor Talla Faye pour qu’il lui fasse un autre acte de naissance. Ce qu’il fit. Piégé, Mor a été arrêté. Un transport chez lui permit de découvrir 27 états civils, les cachets de toutes les collectivités locales, les sceaux de la Police nationale, des bulletins de décès, des certificats de mariage et même des cachets de la juridiction du tribunal d’instance de Paris. Interrogé, Mor Talla confie que les cachets appartiennent à un de ses oncles qui est décédé. «Après sa mort, j’ai commencé à les utiliser.»

Le procureur : «Ils avaient un centre d’Etat civil, un tribunal et un commissariat chez eux.»

Le procureur qui pense que le délit d’association de malfaiteurs est constitué, dénonce : «Ils avaient un centre d’Etat civil, un tribunal et un commissariat chez eux.» Servant à chaque prévenu sa part du gâteau, il articule et renforce l’accusation : «Les cachets de la police viennent de Gaoussou Sonko.» Et s’il n’est pas convaincu de la culpabilité de Souleymane, son opinion sur ledit cerveau est claire : «Il est coupable.» La défense a plaidé une application bienveillante de la loi pénale et demandé que le délit d’association de malfaiteurs soit écarté de la cause. Pour l’avocat de Gaoussou et d’Alimatou, ses clients ne peuvent être poursuivis de Fuf. Gaoussou, dépeint comme le complice du cerveau, l’avocat pense qu’il ne peut être associé à Mor Talla Faye. Il a donc plaidé en faveur d’une relaxe pour association de malfaiteur et une relaxe au bénéfice du doute pour le Fuf. Le lundi 30 novembre 2015, le tribunal dira qui va rentrer ou pas chez lui.

IGFM


Abdoul Aziz Diop