Opinion

Commentaire du Jour : Magalus Horribilis-Par Jean Pierre Corréa


Mercredi 8 Novembre 2017

30 morts qui voulaient juste faire leurs dévotions à Touba et qui sont victimes des légèretés sénégalaises et de nos aptitudes à nous arranger avec les lois et règlements au nom du fric, c’est beaucoup. On a envie de dire « tant pis pour eux » tellement on communique en vain sur cette question depuis 20 ans constellés des mêmes drames. Ils continuent d’emprunter des véhicules surchargés, conduits par des irresponsables qui font sans sourciller plusieurs fois le trajet par appât du gain.
Les accidents de la route, ne sont en rien une fatalité mais résultent d’un ensemble de tares consubstantielles à notre culture rurbanisée d’une part et matérialiste d’autre part.
La France a su en 15 ans passer de 17.000 morts sur les routes chaque année à un peu moins de 3000 ces dernières années. Cela s’est fait dans la douleur de la contrainte. Peut-il y avoir du développement et même de la démocratie sans contrainte. Tous savent où réside le mal. Mais sénégalaisement, on regarde ailleurs, là où le consensus suinte d’hypocrisie coupable. Le mal réside dans nos capacités à tourner les lois, à tordre les règles des contrôles techniques à coups de billets dans les enveloppes, dans notre regard complaisant sur les garages de mécanos où l’on vend officiellement des pièces de voitures fausses. Notre mal réside dans cette évidence qu’il est interdit de punir, dans ces curieuses scènes où un conducteur mettra sa ceinture de sécurité non pas pour se protéger d’un choc, mais du racket d’un policier. Quand va-t-on répondre à cette question simple? « Pourquoi quand un flic arrête un car rapide ou un Tata, c’est toujours l’apprenti qui descend ? »… La réponse est dans la question… Non ?
De quoi parle-t-on encore sous le coup d’une émotion? De sanctions? Je crois savoir que pour 2000 personnes sacrifiées sur l’autel de la Sainte Triche Sénégalaise, en les ayant fait couler en mer avec le Joola, pas une sanction n’a été prise, et les responsables de cette catastrophe font encore ripaille dans les allées du pouvoir. On sanctionnerait pour 30 victimes? On souhaite le croire...
Ce ne sont pas des condoléances Monsieur le Président que nous voulons recevoir, même si c’est très gentil de votre part. Nous voulons un grand coup de balai. Et tout le monde sait bien que pour bien nettoyer un escalier il faut aller de haut en bas. Implacable logique à laquelle notre redressement voulu et avalisé dans les urnes à travers votre «Yonnu Yokkuté» vous recommande de vous adosser. Au risque de nous perdre.... nous qui perdons déjà nos vies dans l’insouciance des responsables assujettis au « C’est pas grave» et au « Waw-Waw- Souba».



Abdoul Aziz Diop