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Opinion

Commentaire de Babacar Wilane du quotidien Enquête: Maître Buzz!


Mercredi 21 Décembre 2016

Passé le président de la République, il est sans doute difficile de voir un homme aussi médiatisé que lui. Mais il est tout aussi difficile de voir un personnage aussi controversé que ce fils ‘’du dernier roi du Saloum’’. Homme politique, avocat et député, Me El Hadji est toujours d’actualité. Il est le buzz, comme il le dit lui-même. Accessible, sympathique, comique, exaspérant, il n’existe pas un qualificatif pour le cerner. Avocat des plateaux télés et comédien à la barre, il est maître dans l’art de surprendre par ses sorties déroutantes.


Le dessein du talentueux caricaturiste Odia paru dans la Tribune de Samedi dernier, résume à lui seul l’homme. Me El Hadji Diouf y est tiré à quatre par des adversaires dont les préoccupations ne sont pas les mêmes. Parité, peine de mort, Gambie, pétrole, il est dans toutes les sauces. On finit même par se demander s’il y a un qualificatif assez expressif pour définir le personnage.

D’aucuns le qualifient de tonitruant, d’autres de comique, certains de courageux et véridique.  Lui, préfère sa robe noire enfilée pour la cause du peuple, d’où le nom qu’il s’est choisi : ‘’député du peuple’’. Un titre qu’il prend très au sérieux et qu’il proclame urbi et orbi. Espérons tout simplement que le Pr Iba Der Thiam ne va pas crier à l’usurpation ou alors réclamer des droits d’auteur.

L’homme est sans doute unique en son genre. El Hadji Moustapha, donc l’autre Moustapha de Kaolack ‘’plus populaire dans le Saloum’’ que l’actuel président de l’Assemblée nationale, s’est forgé une personnalité particulière. Aimé, adulé même parfois (23 juin 2011, selon sa version), Buur Saloum n’en est pas moins critiqué et accusé d’excessif. C’est que l’homme ne sort presque jamais là où on l’attend. Sans doute qu’il aime surprendre.

Difficile de faire la différence entre la casquette politique et celle de pratiquant du droit. Avocat à la permanence de son parti et homme politique à la barre. Il fait un mélange parfois succulent, parfois irritant de ses statuts. Ce qui lui vaut des admirateurs et des ennemis de circonstance. Président de la République (un rêve auquel il n’a pas encore renoncé), il aurait sans doute beaucoup de similitudes avec Abdoulaye Wade. Mais c’est encore loin le fauteuil présidentiel.

Ces temps-ci, le député-avocat s’est surtout distingué par des sorties plus fracassantes les unes que les autres. La dernière en date est celle faite en faveur de Yahya Jammeh. Après avoir régné sur la Gambie pendant 22 ans et organisé une élection présidentielle qu’il a perdue, l’enfant de Kanilaï a reconnu sa défaite dans un premier temps avant de faire volte-face, accusant la Commission électorale indépendante de tricherie.

Acculé de partout, Jammeh trouve son avocat au Sénégal, en la personne de Me Diouf. ‘’Même si Yahya Jammeh a félicité son adversaire, il a quand même le droit de faire des recours. La Cour suprême de la Gambie fonctionne bel et bien. On ment trop dans ce pays. Tout le monde a repris le mensonge d’Adama Barrow sur la Cour suprême. Mais Yahya ne dit que la vérité’’, martèle-t-il. Surprise suprême ! Qu’est-ce qui peut bien justifier une telle déclaration ?

A travers un communiqué, le Forum du justiciable s’indigne et s’interroge. ‘’Alors, Me El Hadji Diouf aurait-il reçu de l'argent de la part de Yaya Jammeh comme l'affirme la journaliste gambienne Fatou Camara ? Fait-il juste un clin d'œil à l'homme fort de Kanilai ? Ou, est-ce par intime conviction qu'il a tenu ces propos ?’’ se demandent Babacar Ba et compagnie. Connu pour son sens de la réplique, il ne tardera pas à répondre.

En attendant, celui qui se définit comme ‘’l’avocat international’’ (sic) est accusé de vouloir se positionner dans la perspective où Jammeh serait envoyé à la Cpi ou dans une autre Cour. Outre la Gambie, Me est aussi l’un des rares pratiquants du droit connu pour être favorable à la peine de mort. Il est aussi un farouche opposant de la parité qu’il a qualifiée de ‘’la plus grande fumisterie et escroquerie politique au Sénégal’’. Il a d’ailleurs déposé deux propositions de loi pour le retour du premier et l’annulation du second.

‘’Le prince du Saloum’’

Ces sorties peuvent paraître peut-être inattendues, mais pour qui connaît l’homme, ce n’est pas si étrange que ça. Me El Hadji Diouf est un personnage atypique. Il est à la fois dans le système et en dehors. Le souci d’être un bien pensant ne le freine jamais. Il ne se soumet pas à la dictature de la pensée unique.

Front dégarni et le nez épaté, il a des cheveux d’un noir foncé, bien qu’ayant vu le jour juste avant les indépendances, exactement le 21 mai 1959 à Kaolack. Volubile, langage cru, il n’en a pas moins du ‘’sang royal’’ (s’il vous plaît !) dans ses veines. Mais ce prince a manqué le trône de justesse. Il est le fils de Mbaye Diouf Fodé, ‘’dernier Buur Saloum’’.

Dans une vie vraiment royale, il aurait été en colère avec les bonnes manières de la Cour. La courtoisie bourgeoise, ce n’est pas son problème ! Il s’exprime sur tout et le fait comme bon lui semble, quitte à être cité parmi les ‘’fous de la République’’.

Tous ses adversaires sont qualifiés d’office de ‘’naafeq’’ (hypocrites). Pourtant, certaines coutumes de la royauté, il les perpétue à merveille. Notamment dans le domaine matrimonial. ‘’Je suis à trois, ay jongama, you rafet kaar, ay diriyanke (de belles femmes)’’, sourit-il. Un choix qu’il justifie surtout par son africanité. ‘’Ce sont les Toubabs qui ont une femme et un chien. Que Dieu m’en préserve !’’ déclare-t-il le visage fermé. Souriant et d’un commerce facile, il est décrit par ses proches comme un homme humble et  généreux.

Ayant grandi sous le drapeau du parti socialiste, Me refuse pourtant d’avoir jamais été parmi les Verts. Il soutient que du fait de son caractère révolutionnaire, il a été recruté à la Ld/Mpt par son prof de philo en classe de Terminale. Allié de Wade, il a été nommé ministre (des lacs et autres)  par ce dernier avant de créer son parti.

Sur le plan politique, il est difficile de savoir de quel camp il est. Il se dit membre de la majorité présidentielle. Et pourtant, il s’oppose aux gouvernants plus qu’il ne soutient leur initiative. Me dit ne pas aimer l’injustice. Mais en réalité, le patron du Parti du travail et du peuple (Ptp) n’est que l’allié de ses convictions. La solidarité de groupe chère aux gouvernants ne le lie presque jamais. C’est un électron libre.

Sur le plan  professionnel, l’ancien élève du lycée Gaston Berger de Kaolack est tout aussi surprenant. Aujourd’hui l’avocat des riches et des gouvernants, demain celui des pauvres et du bas peuple. Une chose est constante, l’ex-pensionnaire de la faculté de Droit de l’Ucad ayant prêté serment le 9 mars 1990 est devenu un avocat intéressant.

Une superstar en robe noire. Il faut dire qu’il est un bon client pour qui veut gagner la bataille de l’opinion. Ce qui explique sa présence dans tous les grands procès et les batailles juridico-politiques. Hussein Habré, Karim Wade, et même au-delà de nos frontières, en Guinée en tant que conseil de Cellou Dalein Diallo face à Alpha Condé et Bah Oury.

Avocat des médias

Son terrain préféré n’est pas le prétoire, mais plutôt les salles de conférence et studios télés. ‘’Il n’est pas un  praticien très pointu sur les questions de procédure, mais sur le plan médiatique, c’est un atout, un allié de taille. Il est préférable de l’avoir avec soi plutôt que comme adversaire, car il use d’arme souvent non conventionnelle. Même à la barre, le juge n’a pas une maîtrise sur lui. On lui pardonne ses excès parce que c’est lui. Il est libéré en quelque sorte’’, témoigne un avocat sous le couvert de  l’anonymat.

D’ailleurs, un magistrat n’a pas hésité à le qualifier un jour d’avocat le plus nul du barreau, suite à un trouble d’audience. ‘’Quand il plaide, on a l’impression d’être à Sorano’’, ajoute une autre source. Bon client des médias, il est partout invité. S’il n’inaugure pas une nouvelle émission, il sera sûrement le deuxième invité juste après Moustapha Cissé Lo, son alter ego de l’Apr.

Plein d’énergie, il investit tout son être dans ses dossiers. Me n’hésite pas d’ailleurs à aller au-delà de son rôle d’avocat. Considérant le procès de l’opposant guinéen comme politique, il déclare : ‘’On a peur de Cellou Dalein Diallo. Disons-le net et précis, c’est lui qui a gagné l’élection présidentielle de 2010 et qui, aujourd’hui, aurait dû être à la tête de l’Etat guinéen. (…) Malheureusement, la communauté internationale a été complice. De la Francophonie à l’Union européenne, jusqu’à d’autres institutions malhonnêtes, instrumentalisées et corrompues, on a voulu laisser la Guinée dans un Etat antidémocratique’’.

Des propos qui ont poussé certains partisans de Condé à demander son expulsion du pays. Ici au Sénégal, il est à la fois avec et contre l’Etat. Un jour il est son avocat et le présente comme un Etat responsable et soucieux du droit. Le lendemain, il fait face à lui et le peint en oppresseur  à la solde de l’Occident. Il est tout simplement difficile de lui tracer une ligne droite dans ses positions et convictions. Devant chez Habré, il affronte les policiers et finit par monter sur le capot d’un taxi les deux mains en l’air, comme s’il était en meeting.

Ses déboires avec Habré

Tantôt dans un costume européen taillé sur mesure, tantôt drapé dans un grand boubou, le parlementaire adepte de la salsa et du ceebu jën aime écumer l’Assemblée nationale. Entre lui et Moustapha Niasse, c’est un éternel combat sur les questions de procédures. Le parlementaire ne prend presque jamais la parole en restant à sa place.

Il éprouve toujours le besoin de se déplacer au pupitre afin de mieux apostropher ses collègues. A toutes les batailles, il est sur la ligne du front. Ce qui lui vaut aussi ses déboires à l’hémicycle. Tabassé par Famara Senghor en juillet 2011, il reçoit une insulte retentissante de la part d’Amath Suzanne Camara en janvier dernier.

Après 15 ans passés à défendre Hussein Habré avec des prises de parole un peu partout dans le continent, il est défénestré par l’ancien président tchadien après une audience manquée mais bien médiatisée avec le pire ennemi de son client, Idriss Déby. La robe noire est déçue et amère. Il se sent humilié et qualifié de traître par celui pour qui il dit avoir risqué sa vie. Il entreprend alors de prendre sa revanche. Au détour des différentes invitations médiatique, il qualifie Habré d’ingrat et de difficile, rappelant qu’il s’est séparé d’une dizaine d’avocats.

Cette désillusion ne l’a pas empêché de décrocher un autre gros morceau. Alors que l’opposition et la société civile accusent Aliou Sall, le frère du Président Macky Sall, de délit d’initié, le nom d’un homme d’affaires australo-roumain apparaît. Frank Timis ! Au milieu de la polémique, El Hadji Diouf plonge dans les puits de pétrole déjà trop bruyant. Il venait d’être choisi avocat par le businessman. Et comme dans de pareils dossiers, il ne se limite pas à son sujet, il flingue les adversaires de son client.

Homme de toutes les sauces, El Hadji Diouf s’est opposé à Cheikh Seck à la tête du Jaraaf en mars 2014. Présenté comme étant battu par son adversaire, le vice-président du club déclare avoir été élu ‘’debout, par  acclamation’’.

Selon lui, Cheikh Seck a fui de la salle de vote et s’est fait élire ‘’dans la rue’’ par 20 personnes, là où lui est cautionné par 500 personnes. Ce qui l’amène à se défouler sur les journalistes et les Sénégalais. ‘’Tous des naafeq’’, dit-il. Sacré maître ! 





1.Posté par katy le 21/12/2016 20:34
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