Opinion

Colère contre le palais : qui ose défier Aliou Sall à la Présidence ?


Mardi 2 Mai 2017

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La question n’est pas de se demander pourquoi Aliou Sall défie son frère Macky. Car, il ne le défie pas. Il a été clair. Il se soumettra à la décision finale prise par le patron de l’Alliance pour la République (Apr).

Mais, convenons-en, la situation a quelque chose d’insolite. Le maire de Guédiawaye se soumet à une décision de Macky et revient là-dessus quelques jours après pour dire, clairement, qu’il ne va « se défaire contre les comploteurs ». Et lançant un appel, ce samedi, à ses partisans à Guédiawaye, il leur demande même de ne pas accepter la décision parce qu’elle est inacceptable.

Pis, Aliou Sall a évité de citer le députe Seydina Fall Boughazeli qui a été un des rares responsables à s’opposer à lui. Non, il a carrément désigné des faucons au Palais, « des comploteurs…qui n’aiment pas Macky et sa famille….des gens qui donnent des informations à l’opposition, etc. ».

Or, Seydina Fall n’est pas au Palais. Une situation qui donne à réfléchir et qui nous pousse à nous poser cette question : Qui ose défier Aliou Sall ?

Une question d’autant plus importante que lorsqu’un vent de révolte en interne avait été agité contre Aliou Sall, pour qui connait la nature de fratrie au Sénégal et de la complicité maintes fois prouvées entre ce dernier et son frère, il nous semble que n’importe quel responsable ou militant ne se hasardera pas à défier le Maire de Guédiawaye, au risque justement de s’attirer les foudres du grand Manitou qui a parfois la main lourde pour se défaire de proches encombrants.

C’est dire que, à notre sens, s’il y a des faucons, et il y en a forcément, dans cette croisade interne contre Aliou, il faudra voir à travers cela l’existence d’une main invisible.

Aliou ne l’a pas dit, il a même voulu brouiller les pistes, mais il sait exactement qui est derrière tout cela. Et nous avons aussi notre petite idée là-dessus.

Car, ni Boughazelli ni un autre ne se hasardera à s’attaquer à Aliou si quelqu’un de proche de Macky et qui ne le craint pas du tout n’en était pas l’instigateur.

Cette personne peut justement agir pour la bonne cause. Elle peut arriver à convaincre Macky qu’il faut écarter Aliou afin d’éviter le syndrome Karim. C’est un excellent argument. Mais, tout compte fait, c’est quelqu’un qui semble avoir plus d’influence que le frère qui, s’il s’épanche publiquement dans la presse, c’est qu’il se trouve démuni ou impuissant.

« Celui qui parle dans l’oreille du Président » a réussi à faire écarter un homme qui revendique l’exercice de « la démocratie interne dans le parti ». Décidemment, cette personne semble être plus forte qu’Aliou…

En tout état de cause, la position du Maire fragilise davantage la majorité et nous donne raison quand nous écrivions, ce week-end, que « Macky craint autant ses partisans que l’opposition ».

La déclaration du frère du Président nous donne une preuve nette de l’existence d’une guéguerre au sein de la majorité et de l’Apr.

Macky a alors du pain sur la planche. Car, il est déjà difficile de régler des différends d’ordre politique, mais c’est toujours possible. Mais quand ces différends sont d’ordre personnel comme cela semble le cas ici, les choses se compliquent.

Son frère lui demande de venir à son secours face des proches qui mettent non seulement Aliou dans une situation inconfortable, mais aussi son frère de Président. La tâche ne sera pas facile d’autant plus que derrière le maire frustré, se pavanent beaucoup d’inconditionnels qui ont même eu à manifester devant le Palais.

Une situation qui arrange l’opposition, notamment dans la localité de Guédiawaye, qui doit se frotter les mains. Car, dans tous les cas, le choix de la tête de liste des législatives dans cette localité ne fera pas l’unanimité au sein de l’Apr et pourrait même aboutir à des votes-sanctions tant l’animosité au sein des responsables est grande.

Assane Samb

ABDOUL KADER Ba