Médias

Chronique de Jean Meissa Diop: Le journaliste, lui aussi, doit respect à l'autorité


Lundi 22 Aout 2016

Le journaliste couvrant une cérémonie officielle doit-il, comme toutes les personnes présentes sur les lieux, se lever à l’entrée d’une ou de personnalités en guise d’un témoignage de respect à ces dernières ?


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Ou, de manière plus prosaïque, ou moins, le même reporter doit-il plutôt rester assis pour ne pas afficher une obséquiosité qui serait contraire à sa déontologie et à son éthique professionnelle ? La question m’a été posée il y a une dizaine de jours par un journaliste membre d’une rédaction qui a, en son sein, soulevé ce débat avec des points de vue bien divergents de part et d’autre.

Mon avis bien personnel et que j’exprime en une question est : ‘’En quoi le journaliste est-il d’un statut si extraordinaire qui le dispenserait de faire un signe de respect à une autorité ?’’ Je crois  qu’il n’y a rien d’obséquieux à ce qu’un journaliste se lève à l’arrivée d’une autorité étatique, politique, religieuse, coutumière… à une cérémonie.

Il n’y a aucun manquement à l’éthique ; et le journaliste qui observerait cette position ne devrait pas être perçu comme ayant manqué à une quelconque déontologie professionnelle. Interprétons l’éthique professionnelle avec moins de rigidité, ne soyons pas des intégristes de la déontologie qui n’exige pas du journaliste des attitudes d’irrespect encore moins  de défi à une autorité digne de respect quand il s’agit juste de témoigner respect à cette dernière.

Tout chroniqueur judiciaire habitué à couvrir les sessions des prétoires et autres procès des tribunaux est obligé de se lever en entendant la voix d’un huissier (pas de justice, cependant) annoncer l’entrée de la cour : ‘’La Cour !‘’. Tout journaliste qui n’obéirait pas à cet ordre de se lever risque l’expulsion, pour dire le moins et l’impossibilité de couvrir ce pour quoi il est venu là.

Qui trouverait à redire quand toute une salle se lève pour saluer en silence l’entrée d’un président de la République, d’un premier ministre et autres autorités ? A l’école, les élèves font ainsi. Et au lycée, j’ai eu, en deux années consécutives, un professeur d’histoire-géographie, le regretté Mouhamédy Kaba (frère de l’actuel ministre de la Justice), qui en avait fait une règle imposée à tous les élèves. ‘’De la 6e à la Terminale, on nous a appris à nous lever à l’arrivée d’une autorité’’, avait-il expliqué.

Ne confondons pas le devoir de courtoisie aux rigueurs d’un code de déontologie. C’est le meilleur argument qu’on donnerait aux contempteurs convaincus que les journalistes se croient ‘’citoyens pas comme les autres’’ et qui, par cet amalgame, lui dénient le droit de ne pas aller en prison s’il commet, de bonne foi, une faute commise dans l’exercice de sa profession.

Et puis, quel drôle d’effet cela ferait de voir un ou des journaliste(s) seul(s) restés assis alors que d’autres sont là bien debout pour témoigner respect à la personnalité venant d’arriver ?

Respectueux sans être obséquieux, voilà ce qui peut être la ligne de conduite du journaliste en reportage ou dans son traitement de l’information. Se tenir debout comme les autres pour saluer une autorité, mais pas applaudir (à tout rompre ou de manière) à tout propos de la même personnalité au cours d’une cérémonie ; le journaliste n’est pas là pour la claquette.

En juillet dernier, l’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (Appel) du Sénégal a tenu d’importantes assises avec pour objectif la ‘’labellisation et la mise en place d’un cahier de charges dont le respect strict sera obligatoire pour tout promoteur de sites, expliquent les initiateurs cités par l’Agence de presse sénégalaise (Aps). Ledit projet cherche à fédérer tous les acteurs des médias et du droit, afin de bien cerner ces deux problématiques, dans le but d’approfondir le travail d’assainissement et de professionnalisation des médias online’’.

Il faut reconnaître à l’Appel son mérite à travers ses initiatives d’autorégulation pour crédibiliser un secteur où se multiplient dérives et abus sous couvert de journalisme. Et dans les abus, certains sites sénégalais ne sont pas des pires : en Europe et ailleurs, des sites parodiques prétextant l’ironie véhiculent des faussetés reprises sans précaution sous nos cieux et d’autres.

Et ‘’www.nordpresse.be’’   peut être classé dans le Top 10 mondial. Dans la journée du 18  août dernier, le site parodique belge a annoncé la survenue en France d’un coup d’Etat perpétré par des militaires français favorables à Marine Le Pen. Une intox reprise sur Facebook. Et ce fut tellement gros que ça se passait de commentaire.

‘’Notre petite équipe d’amateurs n’a pas toujours le temps de vérifier toutes nos informations, mais nous sommes des gens optimistes et faisons donc confiance à nos sources, écrit nordpresse.be dans une sorte d’avant-propos. Vous pouvez, bien sûr, nous contacter pour rectifier une information, nous ne sommes pas à l’abri d’une erreur. Nous militons également pour plus de réflexion face à l’information et encourageons donc nos lecteurs à vérifier les informations qu’ils lisent sur internet’’.  Défense de rire…

Le défi de l’Appel peut être apprécié à travers la définition que le site http://www.abc-netmarketing.com/Pourquoi-certifier-un-site.html  donne de la certification qui ‘’simplifie, clarifie, et apporte de la confiance’’.  Un autre site,http://www.webaccessibilite.fr/labellisation-accessibilite-des-sites-web..., souligne que ‘’la labellisation accessibilité d’un site Web est un processus visant à vérifier et à garantir la conformité des pages et des fonctionnalités proposées sur un site, au regard de normes définies dans un des référentiels d’accessibilité existants.

Ce processus peut être conduit par l’éditeur du site lui-même, avec ou sans l’aide d’un prestataire externe ; il peut être formalisé par une déclaration de conformité (WCAG 2.0) ou une attestation de conformité (RGAA). Il peut aussi être conduit par une tierce partie indépendante reconnue/accréditée : la labellisation s’apparente alors à une démarche de certification au sens Qualité du terme’’.

Il y aura du boulot, mais la crédibilité de la presse en ligne au Sénégal est à ce prix


Abdoul Aziz Diop