Opinion

Cas Aliou Sall, réaction de Moustapha Diakhaté, départ du ministre de l’énergie, … L’Apr se donne en spectacle


Mercredi 3 Mai 2017

Quand un parti n’est pas structuré, il risque de s’effondrer comme un château de cartes à la moindre vraie crise qui le traverse. L’Alliance pour la République tient encore parce que le Président Sall est au pouvoir.


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Toutefois, comme des élections importantes sont en vue, le pilotage à vue et l’informel qui caractérisent son fonctionnement ont été mis à nu par des séries de rébellion internes notées çà et là et qui oblitèrent la stabilité de cette formation politique.

Marième Thiam Babou a ouvert les hostilités au niveau du Cojer, la structure des jeunes que gère sa rivale Marie Thérèse Faye.

Et pendant que le patron Macky lance un appel à l’unité, voilà que Guédiawaye, le fief du frère du Président, Aliou Sall, s’embrase. Ce dernier accepte de respecter la volonté de son frère de ne pas briguer le poste de tête de liste de la coalition présidentielle Bby, avant de se raviser et d’attaquer des faucons tapis à la Présidence.

La réplique du Président du groupe parlementaire de la majorité ne s’est  pas fait pas attendre. Moustapha Diakhaté traite le Maire et frère de Macky « d’impoli et d’incorrecte », avait de le menacer d’expulsion des rangs du parti.

Pendant ce temps, une vive polémique couve sur la démission annoncée du Ministre de l’Energie et du Développement des Energies renouvelables, Thierno Alassane Sall.

Ce dernier, par ailleurs responsable des cadres de son parti, serait en train de reconsidérer sa position au sein même de sa formation politique et va se concerter avec sa base.

En tout cas, dans un communiqué lapidaire reçu par la rédaction de Rewmi, il est bien mentionné que « le Président de la République a mis fin aux fonctions de Monsieur Thierno Alassane SALL, Ministre de l’Energie et du Développement des Energies renouvelables ».

Voilà qui a le mérite d’être clair.

Le « syndrome Karim »

Une situation qui renseigne, à loisir, sur la tourmente qui secoue l’Apr.

La discipline interne est un vain mot dans ce parti créé à la va-vite et qui est arrivé au pouvoir presqu’accidentellement par un vote-sanction d’électeurs pressés de faire partir son prédécesseur Abdoulaye Wade. Pendant que tous les autres leaders croyaient devoir se limiter à la place de l’indépendance pour déclarer son troisième mandat inconstitutionnel, le leader de l’Apr a eu la clairvoyance de sillonner le pays pour parler au Sénégal des profondeurs. Et c’est cette stratégie qui a payé.

Malheureusement, il n’a pas eu le temps de structurer son parti dont un confrère disait, à juste titre, qu’il fonctionne comme un fan’s club.

Aujourd’hui, à trois mois des législatives qui peuvent consacrer sa défaite par une cohabitation dangereuse, c’est le contre à rebours pour l’Apr. Les crises naissent de toutes parts, étant entendu qu’elles existaient déjà par le fait que nombre de ses co-fondateurs comme Mimi Touré, ABC, Mbaye Ndiaye, Mor Ngom et bien d’autres ont été écartés de la gestion des affaires au profit parfois de transhumants.

Et curieusement, ce n‘est plus seulement l’opposition qui attaque « le Macky » par son ventre mou qui est Aliou Sall. Ce sont ses propres partisans. Les mots de Moustapha Diakhaté sont durs. Et avant lui, Boughazelli et autres n’avaient pas fait de cadeaux au frère du Président.

Une situation qui peut être lourde de conséquence politique.

Le fils du Président Wade avait, dans un premier temps, causé le départ de nombreux libéraux pour s’offusquer de la « dévolution monarchique en cours », avant de favoriser, dans une large mesure, la défaite de son père en 2012.

Eh bien, par une ironie de l’histoire qui bégaie à nouveau, on assiste à des départs par le fait d’un membre influent de la famille présidentielle dont l’activisme n’agrée pas certains responsables et militants.

N’oublions pas que le même Moustapha Diakhaté avait déjà démissionné de son poste de Conseiller à la présidence sous Abdoulaye Wade, du fait justement que Karim prenait du galon.

L’histoire se répète ainsi dans des contextes sensiblement différents.

Si Macky n’y prend alors garde, il devra payer, cher, la témérité de son frère qui, contre vents et marées, entend assumer son engagement politique par le jeu de la « démocratie interne » dans le parti.

C’est le moment ou jamais, pour Aliou Sall, de se tenir à carreau. La situation à l’Apr est grave. Et il ne faudrait pas qu’il offre une occasion en or aux détracteurs du régime de son frère de convaincre la majorité de Sénégalais du fait que c’est une dynastie qui est à la tête du pays.

Car, ce faisant, ce serait la fin.

Assane Samb

ABDOUL KADER Ba