Médias

CRHONIQUE MEDIA : Prenons un café de mensonges avec…


Jeudi 11 Aout 2011

SENXIBAR.COM – La libéralisation de l’espace audiovisuel est toute récente. Malgré sa jeunesse, le champ télévisuel fait son petit bonhomme de chemin partagé entre gloires et déboires. Entre réussite et échec ! Les contenus des magazines proposés laissent à désirer et laissent souvent les téléspectateurs sur leur faim. C’est le cas de la téléréalité, « Un café avec… » qui passe sur la Tfm. Un café de facilité, de banalités et de mensonges…


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Le constat est presque le même : « Cette émission n’a aucun sens !» C’est la déclaration qui revient le plus souvent quand il s’agit de parler de cette émission de téléréalité. On est ici devant la scénarisation de la réalité. Les producteurs n’ignorent pas que la réalité fuit devant la caméra. Le mensonge vient du fait que ces séries tiennent autant de la fiction que du réel, alors qu'elles sont publicisées comme relevant de la pure réalité. « On dit aux téléspectateurs qu'ils vont voir de la réalité, mais on leur montre des émissions construites, mises en scène, où les acteurs ont reçu une « petite formation » pour jouer devant la caméra. Or, le téléspectateur ne regarde pas de la même façon quelque chose qu'il sait être de la fiction et un fait qu'il croit être vrai. »

BANALITE ET MENSONGE
C’est là où se trouve le danger. Et d’après le psychothérapeute français Christophe André, « La “téléréalité” est une sorte de gigantesque miroir tendu à nous-mêmes, dans lequel nous aimons à nous regarder, pour le meilleur et pour le pire. Car toute la question est de savoir si ce regard sur nous va nous faire ensuite réellement réfléchir, ou si nous en resterons simplement au constat narcissique du « Moi, je suis comme ça » ou «Moi, je ne suis pas comme ça ». Dans cette émission (« Un café avec »), on se contente de laisser tourner la caméra devant des personnes connues ou anonymes, durant plusieurs semaines, dans l'attente qu'il se produise quelque chose d’extraordinaire pour pouvoir assurer un minimum de « réalité ». Alors qu’une bonne dramatique ou une excellente fiction peut condenser en deux heures toute l'essence du drame humain, dans ces émissions. Ce « café » de la Tfm n’éduque pas, n’épouse pas les réalités sénégalaises et n’a pas un objectif utile aux jeunes de la société. C’est du « copier-coller». Imité dans les chaînes occidentales, il est imposé à certains téléspectateurs sénégalais sans une réadaptation adéquate, intéressante et moins banale.

DANGER ?
Toutes les émotions y sont fabriquées ou au moins préparées en vue de faire de l’audience.
Toutefois, les conséquences négatives de ces genres de téléréalité ne manquent pas.  « Ces émissions sont potentiellement toxiques, surtout pour les enfants qui ne disposent pas de “contre-feux” aux images télé (autres médias éducatifs, comme la lecture, ou autres modèles humains, comme des échanges familiaux riches et nombreux). En effet, la “télé-réalité” délivre une image artificielle et factice de l’existence et des rapports humains (fausses fraternités, larmes mises en scène, comportements calculés en fonction de la caméra…) », note un psychiatre. Cependant, argumente-t-il « si les règles ou habitudes familiales sont de laisser les enfants regarder de telles émissions, alors il faut s’assurer qu’ils ont bien accès à d’autres modèles convaincants de vivre et d’échanger. Et mieux encore, il faut parler avec eux de ces émissions, de leurs mensonges, de leurs limites, en leur apprenant à en décoder et en critiquer les images… »

E.A. NDOUR

Pape Makhtar Syllane