Opinion

CONTRIBUTION: Inélégance républicaine! Par Yatma DIEYE, professeur d'anglais à Rufisque


Mercredi 9 Mai 2018

Certes, la loi sur le parrainage a été votée sans gloire comme on s’y attendait, avec l’onction de " l’homme à la grosse pierre " le 23 juin 2011 - Mais ceux qui ont voté cette loi ne l’emporteront pas au paradis


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"Les parvenus sont comme les singes desquels ils ont l’adresse ; on les voit en hauteur, on admire leur agilité pendant l’escalade ; mais arrivés à la cime, on n’aperçoit plus que leurs côtés honteux."  (Honoré de Balzac, Le  Lys dans la vallée

Cette boutade de Balzac illustre à merveille le film de "l’escalade" fulgurante du candidat de la France  vers la "cime" de la république du Sénégal en 2012.  Pour commencer, revoyons le candidat dans son "agilité " trompeuse et sa duplicité indécelable avant, pendant et après le scrutin de 2012. L’on a en mémoire ses prises de position "courageuses" sur la grève des enseignants, le calvaire des paysans, la gabegie  dans tous les azimuts  et maints  problèmes du pays qu’il se faisait fort de résoudre, sans oublier la défense de cette constitution qui lui a permis d’être élu et dont la modification lui permettrait d’écarter ses adversaires les plus en vue …Ungentlemanlike ! dirait-on au pays de l’oncle Sam. Une constitution donc, taillée sur mesure comme si le pays lui appartenait. Sourd aux appels à la raison venus de partout pour surseoir  à sa loi machiavélique  relative au parrainage ,  obnubilé par un fauteuil  qui lui est tombé  du ciel sans qu’il s’y fût préparé, et mû par la peur panique d’être le premier président à ne faire qu’un seul mandat, il a voulu, comme à son habitude, n’en faire qu’à sa tête mais les Sénégalais ne sont pas prêts à laisser passer une telle forfaiture.

Quelle mouche l’a donc piqué pour qu’il veuille ainsi changer les règles du jeu, lui qui était pourtant bien parti pour réussir là où tout le monde l’attendait ? Ayant reçu le pouvoir sur un plateau d'argent de la part  d'un peuple qui l'attendait comme le messie, il devait à ce peuple une reconnaissance sans limites, mais hélas, comme le  dit  Benjamin  Constant "la reconnaissance a la mémoire courte " et Jean de La Fontaine de renchérir "…Quant aux ingrats, il n'en est point qui ne meure enfin misérable." Fable XIII, livre 6.

L’on n’a pas non plus oublié le lendemain du scrutin, où le candidat, fraîchement élu, heureux comme un roi, tout sucre tout miel promettait au groupe y en a marre entre autres, de bien respecter sa parole quand on lui fit entrevoir ce qui le guettait au cas où il userait du wax waxeet. Qu’il sache que cette détermination est non seulement  toujours vivace, mais en plus partagée par le peuple tout entier. A détermination, détermination et demie… Certes, la loi sur le parrainage a été votée sans gloire comme on s’y attendait,  avec l’onction  de " l’homme à la grosse pierre "  le 23 juin 2011 : image surréaliste; mais ceux qui ont voté cette loi ne l’emporteront pas au paradis. Si le président avait vraiment  voulu mesurer l’adhésion de son peuple à sa loi, que n’a t-il pas autorisé la manifestation comme son prédécesseur le 23 juin ?

Enfin, qu’il soit sûr que le peuple n’a pas oublié et ne lui pardonnera pas sa participation, pour plaire à ses maîtres, à la marche suite à l'attentat de Charlie Hebdo : il n’avait rien à y faire. 

Yatma Dieye est professeur d'anglais à Rufisque


Abdoul Aziz Diop