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Bien qu’aucune revendication n’ait été exprimée, le mode opératoire rappellel’attaque du 17 février, lorsqu’une voiture conduite par un kamikaze et bourrée d’explosif avait foncé sur des autobus transportant des militaires et des fonctionnaires, dans ce même quartier.
L’attentat, qui avait fait 29 morts, avait été revendiqué par une organisation ultra violente, Les Faucons du Kurdistan (TAK), en rupture avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). L’attaque avait déjà eu lieu près de la place centrale, où sont localisés de nombreux ministères, l’état-major des arm ées et le Parlement turc notamment.
C’est la troisième fois en six mois qu’un attentat-suicide se produit à Ankara, au cœur de l’Etat turc. Le 10 octobre 2015, un double attentat-suicide, attribué à l’organisation Etat islamique bien que jamais revendiqué, avait causé la mort de 103 personnes, pour la plupart des militants de la gauche turque venus participer à un rassemblement pour la paix.
Le retour de la « sale guerre »
En riposte à l’attentat, l’aviation turque a bombardé lundi des bases du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l’Irak. Ces raids, menées par au total onze avions de combat, ont visé notamment la zone de Kandil, dans les montagnes de l’extrême nord de l’Irak, où sont retranchés les chefs rebelles du PKK, selon l’état-major turc.
Ces violences surviennent au moment où les forces spéciales turques, aprèsavoir écrasé la rébellion kurde armée à Sur, Cizre et Silopi, ont commencé àboucler les villes de Yuksekova, Nusaybin et Sirnak, désormais soumises à un couvre-feu. Des milliers de civils ont pris le chemin de l’exode.
Pris entre la règle d’airain du PKK et le rouleau compresseur turc, la population assiste, impuissante, au retour de la « sale guerre » des années 1990 entre les rebelles kurdes armés et les forces turques. Si ce n’est qu’autrefois les attaques se produisaient dans le maquis, alors qu’aujourd’hui elles se produisent au cœur des villes.
Défait dans les villes du Sud-Est, bombardé par l’aviation turque dans le nord de l’Irak, le PKK veut sa revanche. Peu avant l’attentat de dimanche, Duran Kalkan, l’un des chefs militaires de l’organisation, avait annoncé que 9 groupuscules politiques turcs (stalino-maoïstes, léninistes), tous adeptes de la violence, venaient de rejoindre le PKK dans son combat. Réunis à Qandil, le quartier général du PKK sis dans le nord de l’Irak, ces partis marginaux ont décidé demultiplier les actions violentes contre la Turquie.
LEMONDE