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600 millions de perte mensuelle dans la téléphonie : Vol à haut débit


Vendredi 7 Mars 2014

Certains clients des opérateurs de téléphonie mobile subissent souvent des cas d’arnaque sous diverses formes. Ces pratiques illégales entraînent ainsi des pertes mensuelles de plus de 600 millions de francs Cfa pour les trois opérateurs évoluant au Sénégal.

Les opérateurs de téléphonie Sonatel, Sentel exerçant sous la marque Tigo et Expresso sont tenus de fournir de manière qualitative, permanente et continue un service à leurs clients. Mais depuis quelques temps, la qualité de leurs services laisse à désirer. Ainsi, certains appels téléphoniques passent difficilement. Dans certaines zones, le réseau semble congestionné. A cela s’ajoutent les cas d’escroqueries sous diverses formes que subissent les clients. Et cette situation impacte négativement sur la confiance entre ces opérateurs et les consommateurs.

Conscients de cela, les trois opérateurs en partenariat avec l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) et la Direction générale de la police nationale ont organisé, hier, un atelier de sensibilisation sur les infractions dans les télécommunications. En effet indique Abou Lô, directeur général de l’Artp, «ces pratiques impactent négativement sur la satisfaction du consommateur et constituent une menace pour la pérennité des réseaux des opérateurs et la qualité de service que l’Autorité exige».

Sur la détérioration de la qualité du réseau, les responsables des sociétés de téléphonie pointent du doigt les simbox qu’utilisent les fraudeurs. Il s’agit d’un ensemble de numéros utilisés pour traduire les appels internes en appels locaux via des routes officieuses. A cause de ce système, explique un des représentants de Sentel, les appels ne passent pas normalement, parce qu’il y a une congestion au niveau du réseau où les tentatives sont beaucoup plus nombreuses pour joindre des abonnés. «Les arnaques au téléphone sont intimement liées à la fraude simbox. On lutte contre la fraude, mais il y a un modus operandi beaucoup plus intelligible qui est mis en place par les fraudeurs», soutient l’expert de la filiale du Groupe Millicom. Et cette pratique, qui est très récurrente, entraîne des pertes de revenus mensuelles de plus de 200 millions de francs Cfa pour Sentel. Idem pour les autres opérateurs. Soit un manque à gagner mensuel de 600 millions de francs Cfa pour les trois opérateurs.
Pour endiguer ce phénomène, la Sonatel a déposé une plainte à la Section de recherches de la gendarmerie. «L’enquête est en cours. En attendant qu’elle soit bouclée, nous invitons les clients à être vigilants», suggère le directeur du département Sécurité de la Sonatel. Dame Mbaye d’assurer : «Dès qu’on détecte une ligne qui est utilisée pour arnaquer des clients, on la suspend. On peut geler du crédit rechargé à partir des codes usurpés et éviter que l’arnaqueur utilise le crédit».

Vol de câble
La mauvaise qualité du réseau téléphonique, d’après les experts, peut être aussi liée au vol de câble. «Des pans entiers de réseaux filaires ont disparu, notamment à Deny Birame Ndao, à Sébi-Ponty, à Keur Moussé, entre autres localités», annonce le directeur du département Sécurité de la Sonatel. Par conséquent, les clients se sont retrouvés d’un seul coup sans téléphone fixe et ni mobile. Dans la nuit du 28 février au 1er mars 2014, 37 clients dans la zone de Keur-Massar, ont été déconnectés du réseau de la Sonatel selon M. Mbaye, à cause de cas de vols de câble. Et ce phénomène, dit-il, va crescendo.
En 2011, ils ont enregistré 58 cas pour 13 km de câble volé ; en 2012, 188 cas pour 18 km. En 2013, le nombre de cas de vols est évalué à 275 pour plus de 27 km de câble, soit la distance entre Dakar centre et Bargny.
En 2012, les cas de vols étaient plus fréquents dans les zones de Bargny et Keur Massar. Mais en 2013, cette infraction s’est rependue dans d’autres localités comme Boune, Bambèye, Grand-Mbao, Hann, Malika, Rufisque… A preuve, au cours d’une patrouille, environ 4 tonnes de cuivre ont été saisies ces derniers mois dans la zone de Yarakh.
Les vols, renseigne M. Mbaye, sont souvent commis à l’approche des fêtes de fin d’année, du magal de Touba, de la Tabaski…
Le coût de ces vols est estimé à plus de 200 millions de francs Cfa.
S’agissant des causes, les techniciens soulignent entre autres, le renchérissement du cuivre. Car, cette matière se vend aujourd’hui à Dakar entre 2500 et 3000 francs le mètre. A l’exportation, le mètre de cuivre coûte 8 000 francs Cfa.
Sur 129 procédures judiciaires, 72 personnes ont été condamnées à cause de cette infraction, dont 29 sous-traitants. «Les condamnations sont souvent assorties de sursis. Nous souhaitons avoir des peines un peu plus dissuasives, des peines exemplaires pour dissuader les voleurs», réclament les opérateurs.
Pour Ousmane Sy, directeur général adjoint de la Police nationale, la répression de ces infractions appelle de la part des services de sécurité une claire conscience de ces phénomènes, par une nécessaire remise à niveau de leurs connaissances à la hauteur des défis présents et prochains qui interpellent chacune des administrations.
seneweb



Adama Cisse