Vernissage de son exposition «Eclosion silencieuse» :

Daouda Ndiaye fait le «buzz» au village des arts de Dakar

Samedi 7 Novembre 2015

L’exposition «Eclosion silencieuse» a ouvert ses portes, mercredi dernier à la Galerie Léopold Sédar Senghor du village des arts. Daouda Ndiaye, se décide enfin à dévoiler individuellement son travail artistique et fait ainsi le «buzz». Ces 13 regards, ces peintures sous-verre, et ces reliefs sculpter sur du blanc ont suscité l’admiration des maîtres de l’art. Sacré Daouda !


Revenu tout fraîchement d’une résidence artistique à Tel-Aviv, Daouda Ndiaye a gratifié cette semaine les amoureux d’art plastique d’une grande exposition. A travers Eclosion silencieuse, l’artiste revient en force pour partager «ses moments de solitudes et de stress», comme l’explique Idrissa Diallo, le responsable de la Galerie Léopold Sédar Senghor. Le peintre qui  n’a pas exposé individuellement depuis 1998, sort enfin de son «laboratoire» pour s’affirmer et faire part de son génie. Une cinquantaine de toiles sont ainsi accrochées sur les cimaises de cette galerie, les unes aussi belles que les autres. L’on semble même perdu devant toute cette paillette et lumière.  L’œuvre qu’il intitule L’habit ne fait pas le moine, fascine le grand maître Alioune Badiane captivé par autant de créativités. L’ancien directeur des arts félicite l’artiste pour sa subtilité. A l’entendre parler, Daouda Ndiaye aurait réussi à travers ce chef d’œuvre, une prouesse : peindre du blanc sur du blanc ! 
«Nous sommes habitués à voir du sombre sur du clair, ou du clair sur du sombre. Mais du blanc sur du  blanc, demande beaucoup d’énergies. Daouda a sculpté la lumière.» Cette fascination de l’ancien directeur des arts pour la créativité de l’artiste, ne se limite pas à cette œuvre, seulement.  Le peintre déploie par ailleurs, un art fou en créant le buzz. Un condensé de treize toiles de formes circulaires avec des yeux au centre et des expressions variées. L’artiste en décortique le sens. «Il y a aujourd’hui des personnes qui cherchent systématiquement à attirer le regard sur eux, à taper l’œil. Il n’est pas rare même d’en voir certains qui disent : je cherche le buzz» dit-il. Ce prétexte choisit par l’artiste, en cache bien un autre. Au-delà de tout, Daouda invite surtout à une introspection. Ainsi, pose-t-il un banc devant tous ces regards pour amener le public à une introspection. «On ne peut pas rester indifférents. Je suis moi-même gêné de parler devant cette toile qui s’exprime d’elle-même… J’ai posé un banc, pour permettre à  tous ceux qui viendront, d’écouter et d’interroger leur inconscient», affirme également Daouda Ndiaye qui ne manque pas de dévoiler ses talents d’artiste thérapeute, parmi tant d’autres. 
Mal de vendre
Au-delà de toute considération, Daouda s’est confié sur la relation intrinsèque qu’il noue avec ses toiles. «Je ne supporte pas au fond de vendre. Même pour cette exposition c’est à la dernière minute que  j’ai été obligé de mettre les prix. Il a fallu d’ailleurs que le commissaire de l’exposition me le rappelle.» L’artiste a donc un mal fou, de se séparer de ses œuvres qu’il affectionne tant. Cela n’empêche qu’il sait : «Le destin de l’œuvre, c’est d’être produit, en solitaire, d’être présenter et en fin d’être vendu.» Ceci n’expliquerait-il pas alors pourquoi Daouda Ndiaye est resté depuis 1998 sans organiser une exposition individuelle ? «Si je me suis abstenu d’exposer,  ce n’est pas faute d’avoir créer. J’ai toujours créé, c’est juste une respiration. Pour moi l’art c’est le projet d’une vie. Ce n’est pas une question de mode ni d’argent. C’est l’idée d’exposer qui me rebute un peu», réagit l’artiste. Il faut souligner que c’est sur insistance d’un de ses professeurs,  que Daouda Ndiaye qui depuis son jeune âge s’adonne à la peinture, a consenti à dévoiler son talent. Si on ne voit pas Daouda sur les cimaises de Dakar, dans les salles d’exposition, c’est parce qu’il a fait le pari d’éclore silencieusement !

LEQUTIDIEN
Abdoul Aziz Diop