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Société

TABASKI 2014 : LES FAUSSES SOLUTIONS DU GOUVERNEMENT


Mercredi 10 Septembre 2014

Comme un éternel marronnier la célébration de la tabaski approche. Entre le 3 et le 5 octobre. L’angoisse qui s’installe dans les familles est forte. La crainte d’une pénurie de moutons est bizarrement plus forte que celle d’une prévisible envolée des prix, désormais inscrite dans les faits. Les familles sénégalaises, impassiblement, subissent la terrible inflation du prix du mouton lors de cette fête.

Elles ont, semble-il, décidé de baisser les bras face à cette impitoyable loi du marché qui espèrent-t-elles, va s’autoréguler non pas à la baisse ou la stagnation, mais la segmentation. Au nom, tenez-vous bien, d’un simple énoncé : que chacun adopte son choix selon sa bourse.

Les familles démunies et les parents de famille soucieux de gérer l’après-tabaski en perdent leur langue. Ce qui ne les exonère en rien de faire la politique de leurs moyens. Et… s’efforcer de vaincre les stéréotypes sociaux et individuels entourant cette célébration, devenue cauchemardesque.

Cette folle embardée des prix pourrait connaître cette année, un pic impensable dans l’histoire de la célébration d’une fête dont la symbolique simple et sacrificielle est jetée aux orties au profit d’une incroyable insouciance sociale et politique. A l’évidence, ces dérives vont s’amplifier, car tous les ingrédients d’une grave inflation doublée sont réunis cette année.

L’hivernage n’a pas été abondant. L’herbe dans nos pays comme dans l’ensemble du sahel n’a pas germé considérablement pour le bonheur du pâturage. La fièvre Ebola, drame international, restreint les transactions humaines et aura certainement des conséquences multiples sur les transhumances. Il s’y ajoute que l’insécurité durement ressentie par les éleveurs n’en finit pas d’inquiéter les téfankés maliens et mauritaniens, nos principaux pourvoyeurs en moutons.

En effet, sur environ un million d’ovins sacrifiés lors de cette célébration, plus de la moitié vient des voisins du Sénégal. La Mauritanie a décidé de fermer ses frontières du Sud et de l’Est et empêche la traversée de quelque 200 000 caprinés. Les commerçants maliens pourront se passer difficilement du juteux marché sénégalais (350 000 bêtes). Mais ils se font prier pour acheminer les bétails vers le Sénégal craignant la fièvre Ebola et redoutant l’insécurité, et les rackets orchestrés par des «corps habillés».

Pendant ce temps, les moutons de case, chèrement entretenus, feront l’objet d’une incroyable surenchère. A ce prix, même les bêtes du troupeau seront inaccessibles.

Le ministère de l’Élevage, jadis si démesurément optimiste, refuse de créer de faux espoirs et valide même l’éventualité d’une pénurie. Pendant ce temps que fait le gouvernement pour arrêter cette spirale inflationniste ? Le traitement apporté n’est que circonstanciel. Il consiste en des subventions déguisées, le transport, les taxes, la mise à disposition de services sociaux base, comme l’eau l’électricité, les toilettes et la sécurité.

Cette forme de traitement administratif, est ponctuelle et ne profite qu’aux éleveurs de la sous-région. Elle n’enraye pas l’envolée inflationniste et encore moins la pénurie. Il dénantit l’État et les collectivités de ressources financières, augmente la marge des éleveurs et appauvrit les familles soumises à de terribles pressions sociales et financières.

Les solutions durables sont préconisées et jamais appliquées. La construction d’une vraie filière des ressources animalières est annoncée sempiternellement et jamais mise en œuvre. On a l’impression que malgré les apparences de préparation, le gouvernement est toujours surpris par cette célébration et ses conséquences sur les familles.

Dans un pays où l’on dénombre plus de 500 000 naissances par an, où l’on note, pas moins d’une dizaine de célébrations religieuses et d’innombrables soirées mondaines et autres festivités, il est impensable que la pérennisation du cheptel ovin ne soit considérée comme une priorité.

Il paraît dès lors impérieux d’apporter des solutions réalistes, comme des pauses biologiques (un mouton par famille pendant un à deux ans) et le plafonnement des prix du mouton, comme le gouvernement a pu le faire avec succès sur les loyers. Et surtout mettre en place une politique publique hardie de maîtrise du secteur de l’élevage comme une filière de production, de commercialisation et de consommation de premier plan.

Les massacres de brebis enceintes dans les foirals constituent un scandale auquel il convient de mettre fin dans les meilleurs délais, sans rémission. Rien que cette décision garderait en vie des centaines de milliers d’agneaux et de «fœtus» qui jonchent les terrains vagues des foirals. En effet, faute de bêtes mâles, les éleveurs égorgent sans pitié les femelles enceintes, souvent prêtes à mettre bas. Une dérive incroyablement cruelle et idiote au moment où l’on a du mal à reconstituer notre cheptel ovin.

SENEPLUS





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