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Société

Rokhayatou GASSAMA, Présjdente du collectif des familles de victimes des violences électorales: «La commission d'indémnisation a violé la volonté du Chhef de l'Etat»


Vendredi 31 Janvier 2014

La question des violences électorales dont les victimes attendent toujours réparation du préjudice qui leur a été fait continue encore de susciter passions et frustrations. Dans cet entretien accordé à Sud quotidien à la veille du deuxième anniversaire de la mort de Mamadou Diop, tombé à la Place de l'Obélisque, Rokhayatou Gassama, la présidente du Collectif des familles des victimes des violences électorales, dénonce avec la dernière énergie les lenteurs judiciaires que connaissent les dossiers des victimes. Non sans vilipender la commission d'indemnisation qui «a été vidée de toute sa substance», et sans oublier de rappeler aux autorités de ne pas être ''amnésiques '' car c'est elles qui étaient les cibles.


A la veille du deuxième anniversaire de la mort de Mamadou Diop, où en êtes-vous avec les indemnisations des familles de victimes?

Par rapport à la question de l’indemnisation, ce sont des dossiers qui ont été d’abord déposés par nos avocats et par le collectif, au niveau du ministère de la Justice de l’époque, en 2013. Il faut rappeler que cette procédure, qu’on appelle indemnisation, parce qu’il y a plusieurs types de réparations, c’est l’Etat qui nous a dit qu’il va réparer. Et le mode de réparation qu’il a choisi, c’est celui des indemnisations. Donc, l’indemnisation est accordée à tout dommage qui résulte de violation flagrante des droits humains. Quand l’Etat a dit qu’il va indemniser, il nous a demandé de réfléchir avec nos experts pour voir comment procéder. Avec ceux-ci, nous avons écrit un document qui est de référence et nous avons proposé la mise en place d’une ‘’Commission d’indemnisation’’, chargée d’étudier les dossiers, au cas par cas, suivant les préjudices subis. Il faut noter toutefois qu’il y avait une évaluation antérieure faite par les avocats en relation avec les dommages subis par chaque victime, et ils ont fait des propositions. C’est cela qui a été déposé entre les mains du ministre de la Justice d’alors, Aminata Touré. Ce sont ces mêmes dossiers que la commission a utilisés pour procéder à une indemnisation, sauf que cette procédure n’est pas conforme avec la volonté antérieure affichée par l’Etat du Sénégal. 

Donc, à vous entendre, la commission n’a pas suivi la volonté de Macky Sall, portant sur l’indemnisation de toutes les victimes des violences électorales ?

En effet, l’Etat a mis en place cette commission par rapport à la demande que nous avons faite. Nous avons proposé cette commission pour qu’il y ait plus de clarté. Mais elle fonctionne de manière autonome. Alors que la volonté du Chef de l’Etat était d’indemniser entièrement les victimes. Pour moi, la commission a violé la volonté du chef de l’Etat. Quels sont les critères qui ont été mis en avant pour choisir d’indemniser ces victimes là ? Il n’y a qu’eux qui le savent. Quels sont les dossiers qui sont éligibles pour eux et ceux qui ne le sont pas ? Il n’y a qu’eux qui le savent. Ce que je dénonce, c’est que la commission n’ait pas impliqué les avocats, ni le collectif pour avoir plus d’éléments. Cela, nous le dénonçons car nous ne pouvons pas mettre en place ce collectif depuis deux ans pour ne pas avoir de résultats jusqu’à présent.

Quels sont les dysfonctionnements que vous avez notés dans le fond et la forme de la commission mise en place?

Au niveau du fond, c’est le mode de travail, que nous déplorons. La commission a fait ses investigations, produit des rapports sans pour autant que nous soyons impliqués et nous ignorons même comment elle a procédé au départ. Pour nous, tout cela crée un problème de procédure qui nous a amené à dénoncer cette commission qui a été vidée de sa substance pour nous. Pour l’indemnisation, la commission a appelé directement certaines familles de victimes ou de victimes de violences directes, sans passer par le collectif, ni par les avocats. Quant à la procédure judiciaire, elle doit aller jusqu’à terme et elle est non négociable. Les personnes présumées coupables des exactions, quel que soit leur statut, doivent être poursuivis jusqu’au bout. A ce niveau, nous interpellons l’Etat du Sénégal, parce que les dossiers qui ont été déposés, jusqu’à présent, n’ont pas suivi le rythme qu’on attendait même si nous savons que la justice est lente. Cela fait deux ans et les familles ruminent leur colère et leur angoisse sur le fait qu’elles n’ont aucune information leur prouvant que les personnes auteurs des faits sont identifiées. Il n’y a pas eu de reconstitution des faits et pour cela, je peux vous servir des éléments clés par rapport à chaque dossier du collectif.

Concrètement, que réclamez-vous aux autorités et quelle suite comptez-vous apporter à votre combat ?

Pour nous, le droit des victimes c’est déjà l’accès équitable à la justice. Nous demandons une réparation adéquate et rapide des préjudices subis par chaque victime. Pour ce qui concerne nos rapports avec la commission, nous avons eu des rencontres aussi bien avec elle qu’avec les avocats. Actuellement, nous sommes à l’écoute et nous attendons qu’ils réagissent par rapport à nos propositions.

Quel appel lancez-vous enfin aux Sénégalais ?

J’aimerais interpeller, au nom des familles des victimes, le chef de l’Etat, les autorités, pour que justice soit faite. Parce que nous avons attendu deux ans. Ce sont deux années de frustration enregistrée par les familles qui n’ont connu aucun répit par rapport à ce combat et nous avons l’impression que l’Etat fait de cette frustration une banalité. L’appel est aussi de dire à la justice de faire son travail. Car il y a des familles qui disent que même si on ne les indemnise pas, que justice soit au moins faite. C’est pour cela que nous interpellons, le chef de l’Etat, le Premier ministre, le ministre de la Justice, les parlementaires pour leur rappeler un fait important. Hier, c’était eux qui étaient ciblés et les gens se sont battus et ont payé à leur place. Il ne faut pas que l’Etat soit amnésique de cette situation.

SUDONLINE




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