Société

Prise en charge des enfants handicapés mentaux : L’association Solidarité plurielle initie dix-neuf éducateurs africains


Mercredi 21 Septembre 2011

La structure Estel accueille à Dakar, pendant quatre semaines, dix-neuf éducateurs africains.Objectif : améliorer la prise en charge des enfants handicapés mentaux à travers le continent.Cette formation gratuite, encadrée par l’association française Solidarité plurielle, sera suivie par un stage pratique d’un mois dans des écoles et centres spécialisés.


Autres articles
‘Aujourd’hui encore, il reste des non-dits par rapport aux handicapés mentaux au Sénégal, affirme Lamine Sonko, responsable pédagogique à Estel, structure spécialisée dans le handicap mental. Beaucoup d’enfants handicapés ne sont pas pris en charge. Ils sont parfois considérés comme une honte pour les familles, qui les cachent à la maison’, regrette l’éducateur. Pour le jeune homme, ‘l’important est d’informer les parents pour qu’ils comprennent le handicap de leur enfant, mais aussi les gens en général, pour qu’ils ne soient plus surpris’.
Mieux comprendre le handicap, c’est l’objectif de la formation initiée par l’association française Solidarité plurielle, qui s’achève vendredi prochain à Dakar. Depuis le 29 août, dix-neuf éducateurs sénégalais, mauritaniens, comoriens et marocains, se réunissent quotidiennement dans les locaux d’Estel.
Cette formation gratuite propose à ces éducateurs, travaillant dans des structures spécialisées sur les déficiences mentales, d’aborder différentes facettes du handicap : le développement de l’enfant, les pathologies, le rôle de l’éducateur, et l’environnement institutionnel législatif et culturel. ‘Nous faisons appel à douze intervenants : des pédopsychiatres, des psychologues, une assistante sociale, une orthophoniste, un kiné, une maman d’enfant handicapé, un psychomotricien… explique Boris Christmann, français chargé de projet à Solidarité plurielle et concepteur de la formation. Ces échanges permettent aux éducateurs d’appréhender leur rapport aux enfants d’une manière complète’.
Dakar accueille cette année la troisième session de formation, après Nouakchott, en 2006, puis Dakar, en 2008. Au total, ce sont près de 50 éducateurs qui ont été formés. A l’origine du projet : l’association Solidarité plurielle, créée en 1998, par Boris Christmann. ‘Je travaillais comme éducateur en pédopsychiatrie dans un hôpital de Dakar. Ce sont des parents d’enfants Imc (infirmes moteurs cérébraux) qui m’ont sollicité. Ils voulaient assurer une prise en charge collective des enfants avec du personnel qualifié’, explique l’organisateur.
Ibrahima Mbaye, éducateur au Cefdi (Centre d'éducation et de formation pour déficients intellectuels), à Dakar, et participant à la formation cette année, est lui-même père d’un petit garçon de 10 ans souffrant d’un retard de langage. Instituteur diplômé, il a notamment rejoint le Cefdi pour mieux comprendre son enfant. ‘C’est un enseignement qui demande beaucoup de patience et une prise en charge personnalisée’, explique l’instituteur. Il s’occupe aujourd’hui d’une classe de 30 enfants handicapés, dont une majorité d’autistes. ‘Le handicap est mieux accepté. Le gros problème, c’est que la demande est très forte’, témoigne Ibrahima Mbaye. Le Cefdi est la seule structure publique du pays. La prise en charge coûte 1 000 Fcfa par mois, contre 50 000 à 80 000 Fcfa dans une structure privée, accueillant des classes de 7 à 10 élèves. ’Le centre public accueille cette année environ 120 enfants, 240 sont sur liste d’attente’, s’inquiète l’instituteur.
Structures publiques comme privées souhaitent sensibiliser le gouvernement. ‘Les centres spécialisés dans le handicap mental ne reçoivent aucune subvention de la part de l’Etat, or nous avons besoin de locaux, de personnel qualifié, et de bourses pour que les parents ne gardent pas les enfants à la maison’, alerte l’éducateur.
Le volet théorique de la formation à Dakar se termine vendredi prochain. Le même jour, une convention de partenariat devrait être signée entre Solidarité plurielle et l’Ecole nationale des travailleurs socio-spécialisés (Entss), basée dans la capitale. Les éducateurs effectueront d’ici juin 2012 un stage de quatre semaines dans l’une des structures partenaires pour mettre en pratique leurs nouveaux acquis. Cette formation sera évaluée par un jury composé d’un formateur de l’école d’éducateur et d’un directeur de structure spécialisée.
Fanette BON (Stagiaire)
 

La Rédaction