Economie

Prévision par la Banque mondiale du taux de croissance le plus bas en Afrique depuis 20 ans cette année:Le Sénégal sort du lot


Vendredi 30 Septembre 2016

D’après la dernière édition rapport Africa Pulse de la Banque mondiale, la croissance économique en Afrique subsaharienne serait de 1,6 % en 2016, son taux le plus bas depuis plus de vingt ans. Cela est «inquiétant», selon Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique car cette croissance est inférieure à la croissance démographique. Cependant, le Sénégal sort du lot avec une croissance continuant d’être dynamique et bénéficiant de la chute des cours du pétrole.


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Ces dernières années, l’Afrique avait chaque année le taux de croissance le plus important dans le monde, mais pour 2016 la situation économique de l’Afrique semble connaître un coup d’arrêt.

Selon les explications du rapport Africa Puls de la Banque mondiale publié hier, la conjoncture est morose en général sur le continent noir. Après avoir chuté à 3 % en 2015, la croissance économique en Afrique subsaharienne devrait atteindre 1,6 % en 2016, son taux le plus bas depuis plus de vingt ans. Ce qui est inquiétant selon Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique car à ce moment la croissance démographique sera supérieure à la croissance économique, ce qui crée un rapport négatif. Cette chute de l’activité économique en Afrique s’explique selon les spécialistes de la Banque mondiale par les bas prix des matières premières et le resserrement des conditions financières, exacerbé par des difficultés à l’échelle nationale découlant de l’incertitude politique, des sécheresses et des tensions politiques et sécuritaires. 

Le ralentissement général de la croissance de l’Afrique subsaharienne reflète la détérioration économique des plus grandes économies de la région. L’Afrique du Sud, le Nigéria et l’Angola sont trop dépendantes des ressources naturelles comme le pétrole. «Lorsque les pays sont excessivement dépendants des produits naturels, ils rencontrent des difficultés une fois que les prix de ces produits chutent. C’est le cas de plusieurs pays ayant des économies tributaires des ressources naturelles», analyse Punam Chuhan Pole, économiste et auteur du rapport. Cependant, certaines économies ont tiré leur épingle du jeu pour renouer avec la croissance. C’est le cas du Sénégal, de la Côte qui ont des «économies diversifiées et les plus performantes d’Afrique», mais aussi du Rwanda, de l’Ethiopie, de la Tanzanie. «Il ressort de notre analyse que les pays qui s’en sortent le mieux sont également ceux qui disposent d’un cadre de gestion macroéconomique plus solide et d’une réglementation plus favorable aux activités commerciales. Leurs exportations sont aussi plus diversifiées et leurs institutions plus efficaces», a souligné Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique.

LES BONNES RECETTES DU SENEGAL

Pour le Sénégal, la croissance devrait poursuivre son dynamisme noté ces dernières années. Après une croissance de 6,5% en 2015, les spécialistes de la Banque mondiale projettent ce même rythme en 2016. «La croissance du Sénégal est très bonne et après le taux de 6,5% de l’année dernière, meilleure performance depuis 2003, on attend pareil pour 2016. La chance du Sénégal c’est qu’il a une économie diversifiée. Au moment où les pays africains ont connu une baisse de leur croissance du fait de la baisse des prix des matières premières, le Sénégal a bénéficié de la baisse des prix du pétrole car est un importateur de cette ressource », soutient l’économiste en chef de la Banque mondiale au Sénégal, Julio Ricardo Loayza. Pour ce dernier, le contexte macro économique du Sénégal est très solide avec une dette publique assez soutenable. Les nombreuses réformes engagées dans le les secteurs de l’énergie, des transports, de l’environnement des affaires entre autres commencent aussi à porter leurs fruits. Soutenant la même thèse, Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique laisse entendre que le Sénégal appartient en Afrique au groupe des pays importateur net de pétrole ayant bénéficié de la chute des cours mondiaux, ce qui a permis au gouvernement d’avoir des marges budgétaires pour d’autres investissements.

L’économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique de rappeler ainsi que le Sénégal a entrepris plusieurs réformes dans le domaine de l’environnement des affaires, ayant attiré les investissements et que tout cela «explique la croissance robuste que connaît le pays ces dernières années». Une croissance qu’il faudra toutefois partager car le problème de l’Afrique a longtemps été une croissance non inclusive. M. Zeufack de confier aussi que pour atteindre des taux croissance qui pourront réduire la pauvreté, la volonté politique est primordiale et il faut que les Etats africains sachent que la Banque mondiale ne fait qu’encadrer mais ne peut pas les supplanter pour le développement. Africa’s Pulse indique, qu’en 2017, les performances économiques des pays du continent continueront d’être contrastées.

LAS


Abdoul Aziz Diop