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Opinion

Partage du pouvoir : L’appétit des parrains


Jeudi 12 Juillet 2012

Partage du pouvoir : L’appétit des parrains

Largués au premier tour de piste, les vieux routiers de la politique ont leur présidence par procuration. Pourtant, les agendas des uns et des autres peuvent dicter, à l’horizon 2017, des choix d’alliance différents voire révolutionnaires lorsqu’on décoche une œillade au PDS.

 

Au banquet du deuxième acte de l’Alternance, les convives tiennent la baguette entre leurs doigts. Ils ont imposé le menu à l’hôte, à la légitimité relevée au bouillon de près de 66% des suffrages de ses compatriotes. Saveur de victoire, appétit de perdants au premier tour. Ces loosers sont transformés, au second, en chevaux au galop conquérant. Bennoo Siggil Sénégal, Bennoo ak Tanor, Idy4president ont été des écuries recalées aux portes de la charge suprême en République, avec, pour chacun, moins de 20% des suffrages. Pourtant, ces labels politiques sont devenus des attelages pour un champion du pari électoral 2012 « fort » de ses 26%. Leur fonds de commerce politique, c’est d’avoir réussi à faire accepter, par la Coalition Macky2012, qu’elle a dragué, à elle, les suffrages de l’écrasante majorité des électeurs. 

 

Au soir du 25 mars 2012, le peuple sénégalais a libéré le pouvoir de Wade après douze années de services, avec, en prime, pas moins de 35% des voix. Ce même soir, ce peuple s’est attaché à la logique des quotas en République et à ses délires sectaires. L’idée lumineuse a cédé la place au poids. C’est simple, il faut « peser ». Même si l’on a perdu, comme le Parti socialiste, près de 40 points en douze ans et trois présidentielles. Même si l’on est confiné, par le stock de sympathie populaire, à rester un faiseur de roi comme l’Alliance des Forces de Progrès. Même si l’on est un quatrième président de la République en puissance et impuissant devant l’intrusion de Tanor à la quatrième place du scrutin. Loin, très loin, le temps où Idrissa Seck était prophète après Wade ! Même si, enfin, on aligne des 1 en termes de suffrages, comme Mor Dieng, Amsatou Sow Sidibé, Diouma Dieng Diakhaté, etc. Fastidieux de nommer tous les présidentiables à moins de deux points ! 

 

Ils sont les parrains d’un Etat qui ne sera jamais l’Etat-APR, au moins pour le bien du peuple qui a fortement dénoncé la patrimonialisation du bien public et la formation de clans autour et au cœur des institutions de la République. Le discours de partage du pouvoir a des élans de litanie du tuteur avisé et soucieux de guider les pas d’un enfant que son méchant père à jeté dans la gueule de l’aventure politique solitaire pour placer le fils biologique sur un piédestal. Le PDS est devenu, dans le conte de la nouvelle alternance, la demeure des affreux. Bennoo Bokk Yakaar est, elle, le refuge des vertueux. L’enfant-roi a un héritage tout fait, lui qui a été déshérité, dans sa prime vie politique, par le guide qui l’a couvé, Wade. Sur le berceau de la nouvelle alternance, les vieux politiciens se sont penchés avec les interdits sur les fréquentations : les Libéraux. Ils sont bons pour la guillotine. Un cauchemar en bruits et… en bleu, comme l’uniforme des enquêteurs de Colobane. Une option qui peut être suicidaire. L’isolement guette le patron de l’APR pendant que ses partenaires (ne dites pas ‘’souteneurs’’ !) se gavent de ralliements, ayant un œil sur le couteau à couper le gâteau et un autre sur l’agenda 2017. De quoi avoir une lame acide à la bouche pour confondre les « voleurs » de la République… 

 

Il est illusoire de penser que Macky Sall sera le candidat de Tanor, Niasse et Idrissa Seck réunis dans la même coalition dans cinq années. Le PS se pèsera de la même manière que Macky a entrepris d’honorer son rendez-vous avec les électeurs en 2012. Tanor a fort à faire pour rester le candidat « naturel » du PS, juste légitimé par un tour de chauffe appelé « primaires ». La menace d’une nouvelle candidature rôde. Le patron des Verts gagne à manœuvrer autour du Président Sall pour entretenir une clientèle politique sevrée par douze années d’opposition. Ce premier mandat de Sall est une oasis pour les marcheurs du désert. Niasse est donné partant à chaque échéance. Il fait de la résistance et taquine même une ère de renouveau avec la victoire de Bennoo Bokk Yakaar. Le perchoir serait le couronnement d’une très longue carrière politique, maintenant que le Palais s’éloigne à nouveau. Il tient, lui aussi, sa présidence par procuration, à travers Macky Sall. Idrissa Seck est l’opposant le plus crédible à Macky Sall dans la relation générationnelle. Tanor et Niasse sont au seuil de l’usure en compétitions politiques. Leur offre a fourni la preuve de ses limites. Ils sont dans le même élan politique post-indépendance et post-fonctionnaires de première génération. Après le printemps des pères de la nation comme Senghor, Diouf et Wade, de leurs dérivés comme Tanor et Niasse, Seck et Sall sont les enfants-serviteurs de la République. Leurs ambitions s’entrechoqueront naturellement dans cinq ans. Le cheminement politique naturel de l’un et/ou de l’autre offrira au Sénégal la possibilité de choisir la stabilité avec l’actuel Président ou de corriger la seconde alternance avec son faux jumeau en termes de personnalité et de pratique politique. 
Alors, qui imaginerait, une fois, Macky Sall se priver d’un réservoir de voix alors que ses alliés pourront devenir des concurrents à mi-mandat avec, en ligne de mire, la ligne d’arrivée de la fin du premier mandat? Le PDS est le bassin de rétention de l’APR après avoir été le lit du fleuve. Lorsque le débit faiblira, le nouveau Président de la République pourra procéder à des lâchers d’eau pour abreuver les rivages et faire fleurir les plants. On peur dire « plans » ! Dans une autre mesure, ce procédé est efficace dans l’apaisement du climat politique. Le Président Sall fera l’économie d’un face-à-face « sanglant » avec son prédécesseur. Il a besoin de cette sérénité pour aborder les questions nationales sans voir ses pieds dans la glue des règlements de comptes entre amis d’hier. Les alliés de BBY apprécieront. Mais eux, que font-ils de leurs « transhumants » bleus ?! Wade a perdu la présidentielle. Il est toujours le président de la haute politique, ce Bleu qui mijote son plat de résistance idéologique.




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