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Opinion

POINT DE VUE: Changer de cap ! Par Vieux SAVANE


Lundi 21 Mai 2012

" Un des combats pour lesquels, je vais m’investir, c’est justement que les Sénégalais, à l’instar des sportifs, puisse changer de maillot pour travailler et féliciter le vainqueur, qui n’est personne d’autre que le peuple sénégalais » (Voir L’Observateur n° 2597). Comment comprendre que l’auteur de ces propos, Serigne Mboup, désormais ex président de la fédération des cadres libéraux, puisse poursuivre sa reconversion, regardant ses compatriotes droit dans les yeux et leur faire partager cet étrange sentiment : «J’ai été accusé, à raison d’être l’ami de Macky Sall. C’est une amitié qui est vraie, que je revendique (…). Je n’ai jamais voulu parler de cette amitié, parce que la vie privée n’a rien à voir avec la vie politique».



En quoi la situation a-t-elle changé pour motiver un tel aveu ? Quoi que puisse expliquer Serigne Mboup, cette manière de faire est illustrative des logiques de caméléon. Celles qui changent de couleur suivant les situations et n’ont de cesse d’expliquer avoir rejoint tel ou tel camp parce que les parents, les amis, les marabouts le leur ont fortement conseillé. La posture républicaine permet pourtant de féliciter le vainqueur, sans changer de maillot, c’est à dire de conviction politique.

Si aujourd’hui, il est de bon ton de voir de grands joueurs se vendre suivant des règles clairement établies, force est de constater que les achats se font lors de la période du «Mercato» ou «marché des transferts». Une pratique inconnue en politique, où il ne s’agit pas d’accepter que le club cède un joueur qui consent au plus offrant mais de se retrouver autour d’une vision et de batailler ferme pour son accomplissement, au service des populations.

Voilà que le Sénégal a mal à ses valeurs, bousculé par des personnes peu scrupuleuses qui, à l’instar des girouettes, tournent sans état d’âme, dans le sens du vent.

A l’évidence, si on ne rompt pas avec ces comportements animaliers qui épousent la transhumance des troupeaux des zones soudano-sahéliennes comme les nôtres, allant sans cesse à la recherche de points d’eau et de vertes prairies, il sera difficile d’asseoir des pratiques s’appuyant sur la morale et l’éthique.

A l’image de ces jeunes de la Génération du Concret, qui découvrent subitement que Karim Wade, l’instigateur du mouvement dont ils se réclament, est un «affairiste».

L’ancien ministre, Khouraichi Thiam, en avait déjà donné un avant goût. Après s’être affiché comme un farouche défenseur du père, Abdoulaye Wade, il dit maintenant être à l’écoute de ses militants et prêt à rejoindre le camp du nouveau président s’il le lui demandait. C’est encore une fois de plus, la manifestation d’une culture dont le référentiel central est d’être par tous les temps « l’ami du pouvoir ». C’est en ces termes que l’ancien ministre socialiste, Madieng Khary Dieng, avait qualifié une de ses connaissances qui, après l’avoir oublié pendant sa traversée du désert, s’était rappelé à son bon souvenir lorsqu’il est revenu aux affaires. Tant que la politique sera vécue comme une courte échelle pouvant favoriser le changement de statut social, il y aura un problème. Il importe par conséquent d’y remédier, en refusant d’accepter n’importe quel reniement ou renoncement, au prétexte que la personne est porteuse de voix et qu’elle va permettre de gagner les élections. Quand tous les coups sont permis, c’est la porte ouverte à tous les renoncements.

Il est toutefois établi que la transhumance est rendue possible par des dirigeants politiques beaucoup plus préoccupés par leurs réussites électorales et prêts à toutes sortes de contorsions pour conforter leur règne. Au lieu de penser à gouverner, c’est-à-dire, à élaborer les grandes lignes d’une politique hardie susceptible de relever les défis de l’analphabétisme, de la faim, en un mot de la mal gouvernance.

Il est donc temps que les souffrances des populations et l’urgence à leur apporter des solutions tiennent lieu de viatique dans un Sénégal qui survit avec ses 12 millions d’habitants, une classe moyenne au pouvoir d’achat érodé, un monde rural exsangue obligé de demander que les graines de semence envoyées soient accompagnées de vivres de soudure. Le risque étant de les voir puiser dans leurs dotations pour se nourrir ou se ruer vers la capitale à la recherche de pitance. Déjà que Dakar se bidonvillise et se cantinise, assaillie par une pauvreté grandissante qui s’affiche par une horde d’enfants, de femmes et de vieillards agglutinés à tous les coins de rue pour tendre la sébile.

Véritables laissés-pour-compte, ils côtoient des 4x4, 8x8 et autres bolides de marques prestigieuses, supportant l’insolence d’enrichissements sans cause qui ne cessent de les narguer, témoignant ainsi d’une société à deux vitesses. Quand on sait que sans avoir hérité ni produit de la richesse, certains de nos hommes et femmes politiques se retrouvent à brasser des sommes importantes d’argent ou qu’ils sont parfois mieux dotés que des chefs d’Etat du Top 5 des puissances économiques mondiales, on se dit qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.

D’où la nécessité de renverser la tendance, à l’aune de cette deuxième alternance politique post indépendance, en déroulant des actes qui façonnent et transforment positivement le présent des Sénégalais, tout en dessinant un avenir permettant l’éclosion de leurs potentialités dans le cadre d’une République vertueuse, soucieuse de veiller à l’égalité des chances et de lutter contre l’impunité.

C’est à cette rupture que doit s’employer Macky Sall, en faisant du Sénégal une obsession qui l’éloigne de tous les calculs égoïstes dont l’horizon ultime est de se servir plutôt que de servir.

En ce sens, les braquages survenus en Casamance, samedi dernier, sur la route de Ziguinchor sonnent comme un appel à se détourner de la vanité des calculs politiciens, des incantations et autres récupérations pour attaquer les problèmes de front. Il y a urgence à changer de cap car, tout est d’abord une question d’éthique et de charte morale.
SUDONLINE.SN






1.Posté par coly le 22/05/2012 14:46
vraiment je suis a part entier avec vous car si le regime ancien contunier ca serait une catastrophe au senegal les mieux placer seront toujours plus et les moins places a terre


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