Maty Diouf, ex-mannequin et petite fille d’Abdou Diouf : «J’ai fait une erreur en posant en maillot. Mes parents ne m’ont pas parlé un an durant»

Lundi 30 Mars 2015

Ex-mannequin et présentatrice télé reconnue, elle a fait ses armes à Milan (Italie). 10 ans après, elle a décidé de revenir au bercail pour investir dans la mode. Un filon qui, comme le mannequinat, ne semblait pas être fait pour elle. La raison est toute simple, elle est l’une des petites-filles de l’ancien chef de l’Etat et non moins ex-Secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf. Un statut pour le moins avantageux qu’elle a tout de même refusé d’exploiter. Réussir par elle-même, la jolie liane en a fait son credo. Face à L’Obs, elle accepte de se dévoiler, à cœur ouvert…



Qui est Maty Diouf ?

Je suis ex-mannequin de 32 ans. Je travaille à la télévision italienne où je parle de sport. J’ai lancé la marque de prêt-à-porter «Maty’s» depuis janvier. C’est un style africain, en même temps européen. Je vise l’Afrique, le Sénégal, mais aussi mes amis italiens. J’ai vécu 10 ans en Italie.



Parlez-nous de votre cursus scolaire ?

J’ai commencé le mannequinat par hasard. Cela a surpris beaucoup de gens lorsque j’ai pris ce chemin. J’étais un crack à l’école. Je faisais partie des premières à l’Université aussi. Alors, tout le monde s’attendait à ce que je prenne la voie diplomatique de mon grand-père. C’était un peu trop facile à mon goût. Je faisais un stage en Italie, à Milan, et un photographe m’interpelle pour me demander si j’étais mannequin. J’ai répondu par la négative parce que, pour moi, les mannequins c’est Naomie Campbell, Claudia Schiffer… Ils m’ont emmenée dans la plus grande agence de Milan et ça a marché. J’ai fini comme ça.



Vous avez fini vos études ?

J’ai quand même fini mes études. J’étais à Strasbourg et Besançon, après le Bac aux Maristes. En France, j’ai fait d’abord un Bts en Communication des entreprises. J’ai ensuite fait Langues étrangères appliquées (Lea) en Espagnol et Marketing. En Italie, j’ai appris la langue en deux semaines. J’ai fini avec un Bac+3 avant de me lancer complètement dans le mannequinat. Comme je le disais tantôt, j’aurais pu emprunter la voie diplomatique, mais c’était trop facile et on allait peut-être m’accuser d’avoir été parachutée par mon grand-père. Je n’ai bénéficié de l’aide de personne dans le monde de la mode et c’est une victoire pour moi, d’avoir été capable de m’imposer toute seule à l’étranger. Surtout dans un milieu très dur.



Après mon pèlerinage à La Mecque, j’ai décidé d’arrêter le mannequinat



Avant d’être mannequin, aviez-vous des penchants pour la mode ?

A l’âge de 7 ans, j’ai défilé pour mon papa. Il travaillait à la Sotiba et il organisait souvent des défilés. J’aimais ça, parce que j’ai toujours été coquette. Donc, quand la mode m’est venue, parce qu’elle est venue à moi, je n’ai pas cherché le monde de la mode, comme la plupart des jeunes filles qui rêvent d’être mannequins. J’ai trouvé que c’était facile, surtout quand tu utilises ta tête en travaillant. J’étais à La Mecque l’année dernière avec mes parents pour le petit pèlerinage. Et j’ai décidé d’arrêter. Il était temps d’investir dans mon pays, je suis très patriote et je veux être plus présente à Dakar. Même si je vais continuer à voyager.



Comment ont été vos débuts ?

Cela a choqué certains. D’autres pensaient que j’étais à ma place. J’ai fait des erreurs de parcours, surtout en posant en maillot de bain. Je sais, des filles posent nues et on me l’a même proposé. Les magazines «Fox», «Playboy» m’ont proposé beaucoup d’argent pour ça, je ne l’ai jamais fait. Maillot de bain, je l’ai fait par erreur et je demande encore pardon à ma mère, mon père, ma famille. Ils étaient très fâchés et ne m’ont pas parlé un an durant.



C’était l’appât du gain ou le fun ?

Sérieusement, j’étais fan de la marque qui me l’a proposé. La fille qui avait fait la campagne précédente était une idole. Je m’habillais toujours chez cette marque… Je pense que je me suis laissé emporter. Si on me le propose maintenant, je dirai non.



Vous aviez quel âge ?

C’était il y a 9 ans, j’avais 23 ans. J’étais jeune et j’ai fait une erreur. Je ne fume pas, je ne me drogue pas, je ne bois pas, ce qui est très rare dans mon milieu, surtout en Europe.



Poser en maillot de bain vous a coupée de votre père une année. Quelle a été la réaction de votre grand-père ?

Il était à la Francophonie à l’époque. Je ne suis même pas sûre qu’il soit au courant. Et même, c’est quelqu’un de très cool. Cela a été plus difficile pour mon père (Pédro Diouf) qui a un statut de «Cheikh». Lui et ma mère ont réagi très mal et j’en ai beaucoup souffert. Mais, on perd très vite ses repères en Europe, même si je ne les ai pas vraiment perdus.



Comment êtes-vous devenue animatrice de télé en sport ?

Mon père est un fan de sport. Quand il est à la maison, du matin au soir, il ne capte que les chaînes de sport, à part ses «Khassaïdes». Il aime ça, surtout le club de Marseille. Par ailleurs, j’avais déjà fait Présentatrice musicale. Je présentais les classifications musicales en 2009. Mon Bts en Communication des entreprises m’a conférée une élocution facile. Quand le patron de la chaîne m’a appelée pour me dire qu’il cherchait une fille noire, j’ai fait le casting. Et c’est passé tout de suite. En Italie, ils ont la culture du présentateur et de la belle femme à côté. Mais une femme qui a aussi de la matière grise. Actuellement, j’ai mis en stand-by mon contrat à la télé pour me consacrer à mes projets. Les responsables de la chaîne n’arrêtent pas de me demander quand est-ce que je reviens. Je les renvoie toujours à demain et j’essaie de les amadouer. Toutefois, je sais qu’au bout d’un moment, il va falloir que je me décide ou ils seront obligés de recruter une autre fille. Actuellement, je suis à fond dans ma boutique «Maty’s» et je ne veux pas m’embrouiller avec autre chose. Quand je veux quelque chose, je veux le faire bien, sans contraintes.



Après votre pèlerinage à La Mecque, vous avez décidé de mettre un terme à votre carrière de mannequinat. Pourquoi ?

C’était un voyage avec toute ma famille et j’ai pris conscience que j’aimais trop les miens, pour être séparée d’eux. Je me suis rendue compte que je voulais être plus proche d’elle. C’est à partir de là que j’ai pris la décision de rentrer et d’investir au Sénégal dans le secteur de la mode. J’en profite pour dire que le mannequinat est très mal vu, parce qu’il y a des filles qui l’utilisent à d’autres fins. Mais si tu travaille honnêtement, comme mon genre, c’est un métier comme un autre, noble et très bien payé. Une carrière de mannequin est aussi très brève. Si tu as de la chance, tu peux défiler jusqu’à 35 ans. Ce sont les Naomie Campbell, les Claudia Shiffer, qui sont des icones dans ce domaine, qui ont le privilège d’exercer jusqu’à un certain âge. Aujourd’hui, ce n’est plus possible, car tous ceux qui ont une côte de popularité, posent.

«Petite-fille de Président, ce sont les gens de dehors qui en font un poids»



Être petite-fille de Président, c’est un poids ou un avantage ?

Il y a un peu des deux. Mais, je dirais que c’est plus un poids. Les gens te jugent sans te connaître, tout ce que tu fais, on dit que c’est la fille de… C’est pourquoi d’ailleurs, je suis très contente de m’être démarquée de la voie diplomatique où tout le monde m’attendait. Là au moins, personne ne dira que j’ai bénéficié d’un coup de pouce pour y arriver. J’ai toujours voulu faire mon chemin, sans me flanquer de mon statut de la petite-fille d’Abdou Diouf. Sur un autre aspect, tes moindres faits et gestes sont épiés. Il est arrivé une fois où on a publié une de mes photos avec un de mes amis sur Internet avec comme titre, la petite-fille d’Abdou Diouf et son petit ami. C’était faux. Parfois, on critique même ta démarche. J’ai l’habitude de marcher la tête haute et certains interprètent cela comme un signe d’impertinence. Dehors, les gens te voient autrement et ce sont eux qui font de mon statut, un poids. Je me rappelle encore de l’année 2000, lorsque mon grand-père venait de perdre les élections. Mes camarades de classe étaient surpris que je prenne les choses à la légère. Ils étaient tous choqués que je n’en fasse pas tout un drame, car j’estimais que 20 ans au pouvoir, c’était bien plus qu’une grâce. Mes parents m’ont éduquée dans l’humilité et la simplicité. D’aucuns me collent une étiquette qui n’est pas mienne. Néanmoins, cela a également des avantages, dans la mesure où, je suis très fière de mon grand-père. Il a fait un parcours digne. C’est un homme humble, pour qui je porte beaucoup d’admiration.



Quelle est votre relation avec votre grand-père ?

C’est le genre de relation que tous les grands-pères ont avec leurs petites-filles. Nous sommes très complices. Il n’arrête pas de rire, lorsqu’il est en ma compagnie, je le divertis. Lorsque j’allais dans son bureau à la Francophonie, sa secrétaire disait de moi, que j’étais un volcan. Je mettais tout sens dessus-dessous. Il est aussi un bon conseiller. Je n’hésite jamais à le consulter pour profiter de son expérience.



Qu’admirez-vous le plus chez lui ?

Ce que j’aime le plus chez lui, c’est sa pudeur, sa classe et l’aura qu’il dégage. Je suis l’une de ses plus grandes admiratrices.



Comment avez-vous vécu la polémique qui a suivi la parution de ses mémoires ?

Honnêtement, je me détache de tout cela. Tout ce qui touche la politique, depuis toujours, ne m’a jamais intéressée.



Aujourd’hui, vous avez choisi d’investir dans la haute couture. Quel est votre rapport avec l’esthétique et le design ?

J’ai toujours été très coquette depuis toute petite. J’ai la mode dans le sang, mais je n’aurais jamais cru que j’allais m’embarquer là-dedans, honnêtement. Je sais juste que cela m’énervait un peu de devoir suivre le parcours qui m’était prédestiné.



A vous entendre, on a l’impression que vous avez choisi les planches comme quelqu’un qui faisait une crise d’adolescence ?

Je me suis diverti, tout ce que je fais, je le fais avec passion. Mais j’admets que cela a aussi été une sorte de rébellion. Et cela a duré 10 ans durant lesquelles, j’ai fait un parcours digne. J’ai pris de grosses campagnes internationales, juste en passant un casting, là où beaucoup de mannequins sont obligées de ferrer de gros poissons pour pouvoir s’affirmer.



Quelle est votre situation matrimoniale ?

J’ai quelqu’un dans ma vie. C’est un Sénégalais et je me sens bien avec lui. Je le surnomme mon «Sanekh», il est drôle et me fait beaucoup rire. En passant, je suis une fan du comédien Sanekh. J’adore aussi la musique d’Alioune Mbaye Nder et de Thione Seck

GFM


Abdoul Aziz Diop