Société

MILICES PRIVEES ET MENACES DE VIOLENCES AU DEUXIEME TOUR: A la police de jouer son rôle


Mardi 6 Mars 2012

pour soutenir le candidat Abdoulaye Wade mis en ballotage au premier tour, montre que les Forces alliées 2012 (Fal 2012), à la place d’électeurs, cherchent plutôt de mettre à la disposition du président sortant des forces capables de réaliser ce que les nervis traditionnels n’ont pu faire après l’épisode de la mairie de Sicap-Mermoz


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C’est Abdoulaye Wade lui-même, président de la République chargé de protéger  de tous les Sénégalais, qui a affirmé, après la descente de nervis au domicile de Abdoulaye Bathily, de Alioune Tine et à la Commune d’arrondissement  de Sicap-Mermoz de Barthélemy Dias, que l’Etat avait les moyens de se défendre et de faire face. Certains n’ont pas hésité de parler d’intimidation après sa déclaration : « je casserai le bras  à qui voudra mettre le feu au pays » (traduction littérale).

Une sortie qui n’était pas fortuite. Serigne Mbacké Ndiaye, le porte-parole du président de la République, qui a détourné sa fonction pour la mettre au service d’Abdoulaye Wade candidat au même titre que les 13 autres prétendants du premier tour de l’élection présidentielle, a justifié l’intervention des milices par le fait que « la violence appelle la violence ».

El Hadj Amadou Sall, ancien ministre de la Justice, avocat de formation a déclaré que les nervis étaient recrutés pour assurer  la sécurité du candidat Wade.

On peut valablement déduire de tout ça que dès le départ l’option du camp libéral, était l’utilisation de forces privées pour réaliser son ambition électorale. Ces forces devaient s’organiser autour des « Calots Bleus » recyclés pour être insérés dans le dispositif des forces de sécurité républicaines. Ils devaient être renforcés par des nervis, en particulier des lutteurs et autres gros bras recrutés parmi les jeunes désœuvrés.  

Malheureusement pour la coalition Fal 2012, la tentative d’intimidation contre Barthélémy Dias s’est mal tournée.  A la suite de la mort de Ndiaga Diouf , le nervi ( ?) tué à l’occasion de cette opération commando, il n’y avait plus de lutteurs désœuvrés, de parents, de collègues actifs et surtout auréolés de succès dans l’arène qui avaient tous exercé une pression pour être recruteurs de gros bras prêts à en découdre. Sous ce rapport, Barthélémy Dias que certains considèrent comme un otage tombé dans un piège, a démontré aux Libéraux que la violence pouvait venir de n’importe quel côté des camps politiques.

Dès lors, on peut comprendre facilement que pour ce deuxième tour Me Wade et son entourage soient plus intéressés par les personnalités à la tête de milices privées en lieu et place des grands électeurs que le président sortant n’a pas été capable de mobiliser.  Il n’est pas surprenant dès lors que ses efforts se s’orientent vers Cheikh Béthio Thioune qui a certes, appelé à voter Wade mais n’a pu lui éviter le deuxième tour qui risque de lui être fatal. Faut-il rappeler que Cheikh Béthio Thioune n’avait pas pu éviter à Wade, une défaite cuisante à Thiès en 2007 malgré un méga meeting avec ses disciples qui étaient mobilisés pour assurer la sécurité de cet évènement.     

Le fait de pousser Cheikh Béthio Thioune à aller chercher une « bénédiction » de feu Serigne Saliou Mbacké n’a pour motivation que de mobiliser sa milice privé  afin qu’elle se tienne prête pour le deuxième tour. La confirmation semble nous être donnée par autre ndigëul de Serigne Cheikh Ndigëul Fall à voter Wade. Ce fait apparait comme un forcing pour emmener une frange du leadership Baye Fall (disciples de Cheikh Ibrahima Fall, talibé et compagnon de Cheikh Ahmadou Bamba) à s’impliquer dans le combat que le patron du Parti démocratique sénégalais (Pds) a décidé  de mener pour la dernière fois.

Tous ceux qui connaissent de l’intérieur le fonctionnement du mouridisme savent qu’une consigne quelconque de n’importe quel leader Baye Fall ne peut être obtenue que si elle part du khalife général des Baye Fall. Lui même ne se prononce sur les questions d’importance que s’il obtient une directive venant du khalife général des Mourides. Par conséquent pour son soutenir Wade, Cheikh Ndigëul Fall, fils de Cheikh Fall Bayou Goor, on peut craindre qu’on cherche un leader à même de mobiliser une force de frappe physique.

Si demain les priorités du camp du président Wade étaient de « charmer » Serigne Modou Kara et Serigne Moustapha Sy leader des Moustarchidines, cela serait dans l’ordre normal d’une planification d’activités violentes au soir du deuxième tour.   Il est possible qu’au-delà des tentatives d’intimidation de l’électorat  que des milices privées interviennent pour empêcher le dépouillement et la publication des résultats qui seront défavorables au président sortant.

Une occasion pour les forces de sécurité de prouver que « la République a les moyens de se défendre ».  Tous ceux qui ont observé la police et la gendarmerie nationale sénégalaise depuis le 23 juin 2011, sont  d’avis que ces dernières savent être des professionnelles quand elles sont mises dans les conditions de le prouver.
Certains moments dans la vie des peuples permettent l’émergence de grands leaders. Espérons que les forces de sécurités, très souvent accusées, à tort ou à raison, de complicité et de corruption avec les tenants du pouvoir, seront à la hauteur de leur devoir.

Quoi qu’il en soit, Abdoulaye Wade doit craindre un effet boomerang de certains appels qui peuvent être perçus comme blasphématoires ou pire, comme un premier jalon d’une manœuvre pour écarter la famille de Serigne Touba du Khalifat du Mouridisme. Un des membres de cette famille qui se présente sous le nom de Cheikh Ahmadou Mbacke a écrit dans le site Internet Ledakarois.net ceci : « Ainsi l’éventualité d’une victoire du « poulain » de Béthio au second tour consacrerait la perpétuation de son rôle de « courtier électoral » (avec des « millions » de voix en vente) et de leader d’opinion incontournable de la scène sociopolitique auquel il a toujours prétendu. Avec même la possibilité de réclamer un jour, du fait de cette puissance accrue, pourquoi pas, le statut de leader suprême des Mourides (en se substituant au khalifat traditionnel).

Tous ses discours, finement analysés, sont profondément empreints de cette ambition, même si, pour le moment, c’est sous des dehors pseudo-mystiques et rhétoriques. Sous cet angle, Cheikh Béthio Thioune vient de donner aux mourides, par son ndigeul, une raison supplémentaire de sanctionner le régime sortant. Car en votant contre Wade au second tour, nous ne voterons plus simplement pour donner un nouvel élan et un nouveau souffle au peuple sénégalais. Mais nous aurons également l’occasion de sanctionner un usurpateur dont l’ambition cachée est de déstabiliser et de dénaturer le véritable mouridisme.  Désormais, voter contre Wade et son système revient à voter contre Béthio et tous les autres complices qui aspirent tenir les mourides en otage. »  

L’histoire est-elle un éternel recommencement ? Il y a quelques années, des « Mbacké-Mbacké » avaient déjà émis des soupçons contre Atou Diagne, dirigeant des Hizbu Tarqiya de vouloir opérer un coup à la wahhabite, cette famille royale en Arabie Saoudite qui s’est systématiquement employée à éliminer tous ceux qui avaient des liens de sang avec Seydina Muhamed, le Prophète de l’Islam.
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Abdoul Aziz Diop