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Opinion

MEURTRES DE DÉFICIENTS MENTAUX À TAMBA: MAIS QUE FAIT LA POLICE ?


Lundi 10 Mars 2014

C’est l’horreur et la terreur dans la capitale orientale. Depuis neuf mois, un «serial killings» se déroule sous l’œil impuissant des populations locales et l’inertie des forces de sécurité publique. La ville est en proie à une série de meurtres sordides sur une frange vulnérable de la population sans pouvoir de défense et sans capacité de sentir un quelconque danger qui les guetterait. Il s’agit là des déficients mentaux dont le seul malheur est de point être maîtres de leurs actes ou paroles


Les victimes sont retrouvées dépourvues de leurs organes sexuels ou autres parties du corps. Ce qui montre à suffisance que ces crimes rituels suivent un processus mystico-satanique. Bien que dénoncés, les crimes ne s'arrêtent pas. Ces crimes sauvages sont les manifestations de la barbarie que secrète une partie de la société sénégalaise accrochée encore au troisième millénaire aux croyances occultes et obscurantistes. Ils prennent l’allure de tueries rituelles sacrificielles.

En effet, le crime rituel est commis sur la base d’un certain nombre de pratiques, soit traditionnelles ou religieuses, soit culturelles ou mystiques. Dans tous les cas, il est odieusement commis dans le but d’utiliser une partie du corps humain, pour des sacrifices ou, tout simplement, pour des rituels. Malheureusement dans notre pays, certaines personnes s’adonnent à cette pratique pour deux choses : le pouvoir ou l’avoir ou les deux.

Ces crimes rituels liés aux croyances animistes ou occultistes visent à renforcer les pouvoirs de fétiches en mutilant vivants des hommes, femmes ou enfants, qui doivent mourir de douleur. Commandités souvent par des personnalités politiques, ces meurtres sordides sont particulièrement fréquents en période pré-électorale, électorale ou à la veille d’un remaniement ministériel, et restent bien souvent impunis.

Pour atteindre leur sombre dessein, les marabouts ou féticheurs exigent des auteurs de ces crimes ignobles la tête, la langue, le sexe, les ongles, les organes génitaux, le cœur ou les cheveux de leur victime pouvant être un albinos, un handicapé physique ou mental. Même les êtres humains normaux n’échappent pas aux critères mortifères de ces négateurs de la sacralité de la vie humaine.

Cependant un petit rappel de quelques cas de cette sauvagerie s’impose pour dénoncer cette longue chaîne de meurtres, laquelle ne semble pas encore émouvoir nos autorités même si des réactions principielles de leur part ont été notées sporadiquement.

Le 26 juillet 2013, un homme, qui ne jouit pas de ses facultés mentales, a été sauvagement égorgé et jetée dans un bassin d’eau. Le 21 août 2013, une femme souffrant de la même pathologie a été violée avant d’être sauvagement tuée. Le 16 novembre 2013, un homme d’une soixantaine d’années est battu à mort. Ce dernier a subi atrocement le supplice du feu avant de trépasser. Le 23 janvier 2014, un malade mental, âgé de 45 ans est froidement égorgé. Ses organes génitaux sectionnés, la pomme d’Adam prélevée.

Devant cette série de meurtres, seul Ansoumana Dione, président de l’Assamm (Association de soutien aux malades mentaux) a exprimé sa colère et son indignation en portant plainte contre X, neuf jours plus tard, devant le procureur de la République.

Le 20 février 2014, jour de la venue à Tamba des patrons de la sécurité intérieure du pays, le cadavre d’un jeune déficient mental est découvert. Ses yeux ont été emportés.

Le contexte pré-électoral laisse croire que ces crimes ont un soubassement politicien comme il en a été aux élections locales de 2009 et à la présidentielle de 2012 où respectivement, en pleine campagne électorale, une femme du nom de Fama Niane a été tuée, déchiquetée et mise dans un sac en plastique ; un enfant a été retrouvé égorgé dans le cimetière de Soumbédioune, à Dakar et un mendiant aussi a subi le même sort dans la position d’un mouton de Tabaski, à Ourossogui au premier tour du scrutin de la présidentielle de 2012.

Et le 9 mars dans l’entre-deux tour, un homme a été dé­couvert sur la plage de Guédiawaye, amputé de ses membres inférieurs et de sa main gauche. 

C’est comme si nous sommes bien au cœur des ténèbres, comme l’écrivait Joseph Conrad dans son ouvrage éponyme. Nos autorités politiques et nos forces de sécurités ont fait preuve d’une indifférence inhumaine devant ces meurtres en série commis sur des êtres malades sans capacité de réaction d’auto-défense ou de protection devant le danger mortel qui les guette.

Insupportés par leurs familles, stigmatisés par la société, déprotégés par les forces de sécurité et les autorités étatiques, ces déficients mentaux sans protection civile sont exposés à l’instinct féroce et à la bestialité sanguinaire de criminels impitoyables dont la boulimie du pouvoir et de l’avoir les pousse aveuglément à toutes les barbaries.

C’est après avoir laissé la liste macabre s’allonger jusqu’à sept, que les patrons de la gendarmerie et de la police, Anna Sémou Faye et Mamadou Guèye Faye, ont réagi en se rendant sur le terrain afin de faire face à ces crimes en série abjects. Le ministre de l’Intérieur aussi s’y est rendu pour se donner bonne conscience. Mais la réalité est que ces compatriotes qu’on liquide selon un planning bien élaboré sont victimes seulement de leur statut de déficients mentaux.

Si un seul haut responsable politique était assassiné à Tamba (ce que l’on ne souhaite point), la police et la gendarmerie auraient déployé tous les moyens de recherche pour retrouver le ou les auteur(s) d’un tel forfait. Mais pour l’instant, l’on se contente de l’ambiguïté discursive du patron de la gendarmerie qui déclare qu’«avant longtemps, on pourra trouver une solution à ce problème».

En attendant de retrouver les auteurs de ce «serial-killings», les déficients mentaux assassinés réclament outre-tombe que justice leur soit rendue sinon d’autres comme eux, sans protection des forces policières et judiciaires et sans égard de leurs familles, autorités étatiques et associations des droits de l’homme, attendent leur tour devant l’antre des criminels pour allonger cette liste macabre des malades mentaux tués et mutilés abominablement.

SENEPLUS




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