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Opinion

Les sombres pages « littéraires » de l’alternance


Mercredi 21 Mars 2012

Force est de le constater, pour le regretter, les onze années qui viennent de s’écouler ne compteront certainement pas parmi les plus fastes pour la littérature Sénégalaise.


Les sombres pages « littéraires » de l’alternance
En effet, outre la disparition du Grand prix du président de la république pour les lettres, coup mortel porté à la création littéraire dans notre pays, l’on peut également noter un certain nombre de faits  négatifs parmi lesquels ​                                 -  l’indigence pour ne pas dire l’absence quasi systématique de toute forme de critique littéraire sérieuse (certains critiques littéraires ne sont en fait que des laudateurs professionnels) et scientifique.                 ​                                   -L’émergence de la littérature-spectacle, tribune de l’autosatisfaction et de l’autoglorification.          ​                               -La baisse qualitative des œuvres publiées 
-Une censure aveugle s’abattant non pas seulement sur les œuvres à caractère politiques mais aussi sur les textes de fiction littéraire (notamment « Thalès le fou » de Sémou Mama Diop et « Le stagiaire » de Babacar Sall).                        ​ 
-La promotion d’œuvres de médiocre qualité.  
-La naissance spontanée d’une nuée de maisons d’édition fonctionnant au mépris de la déontologie qui régit ce secteur.                      ​                                      
-Le désintérêt voire le mépris affiché par les plus hautes autorités de l’état à l’endroit de la littérature et des écrivains considérés, à tort, comme de simples « rêveurs » déconnectés de la réalité                       ​                              ​ -La dévalorisation du statut d’écrivain et la paupérisation voire la clochardisation de nombre d’auteurs que leur plume ne fait pas vivre matériellement. 
-La baisse vertigineuse du niveau de lecture et du lectorat qui, pour toute nourriture intellectuelle, se contente des articles de la presse quotidienne.     
 -L’exil forcé ou volontaire de certaines figures de proue de la création littéraire sénégalaise en raison de l’environnement et des conditions défavorables à l’exercice de leur art.                          ​                                             ​                                                         ​-La prise en otage d’œuvres littéraires par des maisons d’édition vénales qui n’en font ni la promotion ni la diffusion et qui sont de véritables « tueuses » littéraires.                                         ​                              ​                              ​                                                        -L’​intrusion insidieuse du politique dans le champ littéraire et la parti pris manifeste des autorités pour certains « lobbies » qui bénéficient de substantiels avantages en échange de leur « neutralité » et de leur soutien tacite à  tout ce qui émane du pouvoir.  
La liste des maux qui gangrènent la littérature sénégalaise est loin d’être exhaustive. Il est donc temps de tirer la sonnette d’alarme et d’inviter tous les acteurs de la chaîne éditoriale : éditeurs, écrivains, critiques littéraires, journalistes, enseignants, lecteurs de tous bords, à se pencher sérieusement sur la question et à conjuguer leurs efforts à fins d’assainir l’un des secteurs les plus vitaux des Arts et de la Culture. Pour ma part, je voudrais proposer aux nouvelles autorités qui auront en charge le département de la Culture après les élections du 25mars prochain, une série de mesures conservatoires qui pourraient contribuer à redorer le blason de la littérature sénégalaise  et à lui redonner cette aura et cette crédibilité qui furent jadis les siennes dans l’espace littéraire francophone.                  ​    
  1) Création d’une académie des Lettres Sénégalaises composée de critiques littéraires, d’universitaires et d’écrivains triés sur le volet.  
 2) Convocation des Etats généraux de la littérature et de la création littéraire   
 3) Relance du Grand prix du président de la république pour les lettres et création d’un prix littéraire pour les moins de vingt cinq ans.                          ​                                     ​        
4) Création d’une revue littéraire mensuelle ou bimensuelle où seraient passées en revue toutes les nouvelles publications sénégalaises mais également africaines.                   ​                                                          ​                                                    ​ 5) Décentralisation des activités littéraires avec notamment la création d’Associations d’écrivains dans chaque région.                                      ​         
6) Organisation d’une foire nationale du livre dans chaque capitale régionale alternativement avec la FILDAK.                                                              ​ 7) Restauration du mécénat littéraire et création de résidences d’écriture)                   ​                              ​                              ​   8) Elargissement du champ littéraire aux productions littéraires en langues nationales.                               ​                              ​ Ce ne sont bien sûr là que quelques pistes qui devraient être élargies par la réflexion de tous et de chacun.                                                                   S’il devient de plus en plus évident que le Sénégal a besoin d’amorcer une rupture sociale et politique radicale et d’opérer un bond qualitatif vers le futur, cela est également valable pour la littérature sénégalaise qui attend d’opérer sa mue fin de redevenir la belle élégante qu’elle fut jadis grâce aux grandes plumes qui faisaient sa fierté.
Louis Camara
N.B : Le Grand prix du président de la république pour les arts et les lettres a été réhabilité sur le tard sur la base de critères flous, ce qui laisse à penser que cette décision répond davantage à des calculs politiciens qu’à une réelle volonté de relancer la littérature sénégalaise et d’honorer ses écrivains.   
Ecrivain, Grand prix du président de la république pour les lettres
camaralouis@hotmail




1.Posté par Saër Ndiaye le 23/03/2012 11:54
Je partage tout ce que dit mon grand Louis Camara, mais ils ne diront pas, tous, que le dernier venu, que je suis, n'a pas tenté par le "Manifeste pour la démocratisation de Kër Birago" qu'il a publié avec quelques amis, de faire bouger les lignes. Beaucoup d'aînés dans le champ m'ont jeté la pierre, alors que je voulais juste que les écrivains, réunis, se choisissent des conditions meilleures. J'ai laissé tomber quand ceux qui prétendaient me soutenir n'ont pas osé l'afficher publiquement quand je le leur ai demandé. Ce combat ne peut se mener isolément ni même de manière parcellaire voire corporatiste. Il faut qu'on laisse tomber les préjugés, les rancoeurs, les arrière-pensées et les calculs pour faire avancer, pas seulement la question littéraire, mais l'équation de la CULTURE.
Un Mouvement pour une Nouvelle Orientation de la Culture est né dans ce sens. Avant que de le vouer aux gémonies, que nous tous, acteurs culturels (écrivains, plasticiens, cinéastes, stylistes, comédiens, photographes, techniciens, animateurs, promoteurs, journalistes, intellectuels, etc.) prenions le temps de comprendre ses enjeux, au-delà des personnes et de leur statut; d'autant que pour l'heure, aucun poste n'est pourvu et toutes les suggestions sont les bien venues car les décisions sont collégiales.

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