Le ramadan: Effets sanitaires et précautions par le PR Amadou Gallo Diop, CNHU de FANN

Vendredi 20 Juillet 2012

Le Ramadan démarre. Jeûner c'est aussi à côté de l'aspect spirituel mettre le corps à l'épreuve sur le plan physiologique et de l'adaptabilité à des conditions austères de réductions alimentaires. Un organisme normal utilise de l'énergie que lui procurent les aliments que nous consommons. Ceux-ci sont constitués d’eau, de protéines végétales et animales, de matières grasses et de sucres. Il les absorbe et les digère pour avoir la quantité de nutriments et de calories indiquées (normalement 2500 à 3000 par jour) nécessaires à son fonctionnement normal. C’est comme mettre du carburant, de l’huile et de l’eau dans un véhicule pour qu’il puisse rouler.

L'organisme gère avec intelligence les ressources alimentaires et énergétiques mises à sa disposition. L'équilibre "apports-dépenses" est assuré par un système de réserves géré par le foie, les muscles, les graisses. Ce système anticipatif permet de faire stocker ces ressources et leurs surplus et de les remobiliser en cas d'éventuels besoins supplémentaires (comme les efforts physiques ou le jeûne). Les sucres "rapides" procurent un apport immédiat très efficace pour les besoins du court terme et pour éviter les hypoglycémies néfastes pour le cerveau et les muscles. Pour le moyen terme, nous transformons et utilisons progressivement les protéines, sucres lents et matières grasses pour suppléer à un déficit de ressources énergétiques. Les reins eux, régulent l’équilibre et la gestion de l'eau, du sel et des minéraux. Ce qui permet d'éviter, chez un sujet normal, la déshydratation.

La pratique du jeûne du Ramadan est bénéfique pour la physiologie humaine. Elle a la propriété de mettre, enfin, au repos l'appareil digestif et ses annexes, notamment foie et pancréas qui, en période normale, travaillent jour et nuit. Son respect avec discipline et modération ne met généralement pas à mal ces systèmes de régulation. Il faut veiller à continuer à avoir, encore plus, une alimentation équilibrée et variée apportant les éléments nutritifs essentiels. Le jeûne du Ramadan de cette année 2012 durera au moins 13 heures de temps, dans une atmosphère hivernale très chaude et humide. Les organismes, en plus de la restriction en aliments, seront soumis à l’épreuve de la restriction hydrique. Cette situation sera associée à des pertes d’eau sous forme de sueur et de vapeur invisible, et favorisera aussi la déshydratation. Lors des deux repas autorisés, à l’aube et au crépuscule, il faut veiller aussi à absorber d’importantes quantités de liquides, surtout d’eau (2 litres minimum progressivement répartis lors de ces deux moments). Il ne faut pas trop sucrer les boissons chaudes ou fraîches. L’excès de consommation de sucre favorise, en effet, la déshydratation car le rein produit alors plus d’urines pour éliminer l’excès de sucre qui est dans le sang.

La pratique de sport intense et/ou prolongée en pleine journée pour un jeûneur n'est pas recommandée. Il vaut mieux attendre d'avoir déjeuné pour le faire. En plus de la déshydratation, l'autre risque encouru est l'hypoglycémie dont les signes avant-coureurs sont des maux de tête, des tremblements, une faim impérieuse. Cela peut évoluer vers une chute avec perte de connaissance.
Vers la fin du Ramadan, des sensations de vertiges, une grande fatigue ou des impressions de fourmillements aux pieds et aux mains peuvent annoncer des signes de carences vitaminiques. Il est recommandé, à titre préventif, quand on n'a pas un gros appétit ou quand s’installent ces signes, d'enrichir son alimentation en fruits et légumes, voire de la supplémenter par des comprimés ou sirops multivitaminés.

Les états pathologiques lèvent l'obligation du Ramadan car les maladies avérées ne sont pas compatibles avec le jeûne. Les prescriptions religieuses sont claires là-dessus et prévoient des alternatives légitimes. Quand on doit suivre un traitement qui nécessite une prise régulière de médicament, notamment en milieu de journée, il vaut mieux le respecter. L'aspirine, la quinine, certains médicaments du cœur, les anti-diabétiques favorisent la chute du taux de sucre dans le sang (hypoglycémie). Chez les sujets souffrant d'ulcère gastro-duodénal, l'état de vacuité de l'estomac favorise l'apparition de douleurs abdominales à cause de l’acide que produit naturellement la muqueuse gastrique.
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Abdoul Aziz Diop