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Opinion

Le jour où "Gar Xalla" chassa Kocc Barma de l’Université


Lundi 23 Juillet 2012

Tout ça pour ça. Est-on tenté de dire, au vu du calme plat revenu à l’Université Cheikh Anta Diop, après la journée peur panique de mercredi dernier. L’irrationnel sous la forme d’une prédiction dévoyée et exagérément gonflée avait fini de semer la frousse dans ce temple du savoir, subitement fui comme la peste par ses pensionnaires non désireux de faire partie du décompte macabre d’un crash d’avion.

En l’espace de 24 heures, les disciples du philosophe Kocc Barma Fall ont montré à la populace, certes compatissante mais riant sous cape, que la lumière de l’esprit, dont ils se réclament fièrement, ne les empêche pas de se comporter comme le commun des Sénégalais.

De céder aux racontars, en donnant du crédit à une persistante rumeur née on ne sait d’où. Du genre de celles qui pimentent quotidiennement la conversation des commères faisant la queue à la borne-fontaine du quartier ou du village.

Personne, parmi les acteurs de cette débandade aux allures de ‘’sabar gu tass’’ (fin d’une séance de tam-tam), n’est capable de dire exactement la provenance de cette funeste prédiction qui a vu Kocc Barma détaler à grandes enjambées devant le funeste ‘’Gar Xalla’’.

Dans certains villages du Djolof (centre du Sénégal), ce personnage de légende, dont le rire très rare, provoque la mort de ceux qui en sont témoins, sert à désigner un ombrageux individu qui n’ouvre la bouche que pour dire une catastrophe.

Pour n’avoir pas cherché à désamorcer la bombe malgré le démenti de la pauvre Selbé Ndom jurant qu’elle n’a rien à voir dans cette affaire et la précision de l’auteur de la prédiction selon laquelle le ‘’musiba’’ (grand malheur) annoncé concerne Dakar et non spécifiquement l’UCAD, la presse, grande relayeuse de ce qui-propos, s’est mise dans le rôle de ‘’Gar Xalla’’.

Répercutant à coups de manchettes la vraie fausse rumeur, elle a plus contribué à terroriser les étudiants qu’à les amener à utiliser, comme ils savent si bien le faire, leur matière grise pour ne pas tomber dans le ridicule.

Aucune enquête pour détecter la provenance de la rumeur et la mettre à nu, peu ou prou d’analyses ou d’éditoriaux appelant à la retenue, mais plutôt des comptes-rendus de l’affolement estudiantin. Décelable aux foules plus importantes que d’habitude se pressant devant les kiosques à journaux aux alentours de l’UCAD pour prendre connaissance des manchettes alarmistes.

Peu rigoureuse, impudique et catastrophiste, la presse ‘’Gar Xalla’’ a montré là, à l’image des revues de presse de certaines radios et télévisions, à l’audition desquelles on tremble à l’idée que ‘’Dekbi dey takk’’ (le pays va brûler), que sa logique commerciale l’emporte sur sa logique d’informer juste et vrai.

Elle aurait, dans ce rôle de colportage de rumeurs, battu des records d’audimat et de vente, si elle était là à la fin des années 80. Un fait exagérément amplifié par la rumeur à marqué cette époque : la crise sénégalo-mauritanienne de 1989 trivialement appelée ‘’évènement naaryi’’.

Peu après le rapatriement de plusieurs Sénégalais au CTO où leur rendit visite Abdou Diouf, ‘’Gar Xalla’’ est entré en scène pour raconter dans une profusion de détails digne d’une tragédie grecque que le chef de l’Etat a vu des compatriotes aux seins coupés, aux jambes et bras sectionnés, aux cous tailladés . ‘’On voulait les égorgeait comme des moutons de Tabaski !’’, s’indignait la rumeur, poussant les jeunes chauffés à blanc à occire les Mauritaniens au lieu de piller leurs boutiques.

Si pareils catastrophistes, dont recèlent à profusion la société sénégalaise, trouvent maintenant de puissants relais à travers la presse, gageons que ‘’Gar Xalla’’ n’a pas fini de malmener Kocc Barma…
APS





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