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Le Mbaraane ou prostitution déguisée, une réalité bien sénégalaise


Vendredi 18 Novembre 2011

Si certaines vendeuses de charme sont plus ou moins professionnelles, d'autres par contre exercent dans la clandestinité et excellent dans leur façon singulière de collectionner les hommes. Un phénomène appelé mbaraane, une réalité bien sénégalaise.


Le Mbaraane ou prostitution déguisée, une réalité bien sénégalaise
Dans le langage des jeunes filles de Dakar et des villes du Sénégal, le phénomène du Mbaraane est souvent évoqué sur un ton de plaisanterie par celles qui en font usage dans le seul but de dépanner temporairement et de régler quelques soucis du quotidien sans que le sexe en soit la contrepartie. Toutefois, le Mbaraane cache une bien triste réalité du pays de la Teranga. Car d'autres en ont fait leur gagne-pain, une activité régulière, une pratique journalière. Cela concerne les jeunes filles célibataires, et de plus en plus les femmes mariées et spécialisées dans la collection d'hommes, qu'elles choisissent selon plusieurs critères. Le premier assure le portefeuille, il est surnommé ‘dof bi’, l'idiot utile, celui qui paie les factures, l'achat de produits cosmétiques, l'achat de cheveux naturels qui coûtent environ une centaine d'euros, chaussures, habits, entre autres ‘charges’ que ce dernier doit assurer s'il veut rester sur la liste des prétendants. Il peut être le boutiquier du coin, le colporteur ou toute autre personne au revenu moyen pouvant prendre en charge financièrement la jeune femme ou la dépanner de manière occasionnelle. Le deuxième, jeune de préférence, est occupé à entretenir la ‘mbaraneuse’ sexuellement. Il lui arrive d'être entretenu financièrement par cette dernière moyennant occasionnellement une bonne partie de jambes en l'air, rétribuée avec les revenus du premier cité.
Vient ensuite le troisième homme, celui qui sert de potiche. Il est en quelque sorte une roue de secours financière. Un toubab ferait bien l'affaire : on le présente partout, surtout devant les copines, pendant les cérémonies, afin de montrer oh combien on est heureuses. Une façon de compenser les imperfections (physiques) éventuelles du premier qu'on ne présente à personne, et dont seul le portefeuille est sollicité. Quoique les garçons, ou les hommes, ont commencé à ouvrir les yeux, et se font avoir de moins en moins. Beaucoup d'entre eux exigent d'abord un voyage au septième ciel : le portefeuille n'est ouvert que quant la jeune fille a satisfait les exigences sexuelles de son partenaire - du donnant-donnant. Cette forme de prostitution déguisée a pris de l'ampleur au Sénégal, un pays où la coutume et les pratiques religieuses se perdent dans l'hypocrisie sociale qui se refuse à condamner ces pratiques tant qu'elles restent à l'abri du grand public.
La pauvreté persistant, certaines mères de familles encouragent leurs filles à collectionner les hommes, et partagent en retour les sommes récoltées par leur rejeton.
Mais le plus inquiétant, ce sont ces jeunes filles mineures, qui copient sur leurs aînées et s'adonnent à cette pratique. ‘Les filles du procureur’ : c'est le terme employé par les Sénégalais pour désigner ces mineures, très protégées par la loi. Les hommes qui osent les approcher savent à quoi s'attendre car on peut se retrouver derrière les barreaux pour avoir touché à ces jeunes filles à la fleur de l'âge, et n'ayant pas atteint la majorité. Justement la majorité. Dans le téléfim Badou mën lepp, une ‘fille du procureur’ a osé draguer ouvertement un homme marié, avant de lui faire comprendre qu'elle était certes mineure au vu de son âge, mais ‘majeure’ d'un point de vue physiologique, donc prête à avoir des relations sexuelles. Une attitude qui suscite maintes interrogations sur la protection de ces jeunes filles perdues par la culture occidentale d'une part, et d'autre part par l'attitude des adultes, ces femmes sénégalaises expérimentées dont la collection d'hommes demeure leur domaine de prédilection, leur chasse gardée.
Pas plus tard que cette semaine, un fait divers relayé dans la presse fait état d'un élu qui a sollicité les services d'une ‘fille du procureur’ en lieu et place de son épouse. La ‘police des mœurs’ se soucie peu de ce qui se passe dans les hôtels dans les villes côtières du pays, ou dans ces appartements loués par des ‘particuliers’, de jeunes femmes célibataires ou divorcées, ou parfois mariées, et recevant des visites à toute heure de la journée, au vu et au su de tout le monde, dans un chassé-croisé digne d'un départ en vacances. Il en existe dans tous les quartiers. Cette pratique devenue banale de nos jours, appelée Mbaraane, qui passe pour quelque chose d'anormal, n'est rien d'autre que la véritable face cachée de la société sénégalaise, celle que les imams et les prêcheurs refusent de regarder en face, chaque société ayant ses propres travers.
En termes non ambigus, le Mbaraane peut être défini comme de la prostitution déguisée. Si par le passé, les bordels se situaient en périphérie des villages, aujourd'hui, ils sont implantés au cœur des villes, dans nos quartiers ou dans nos concessions même : leurs occupants sont parfois des connaissances, des amis, des proches, qui mènent une vie de monsieur et madame tout le monde. La seule différence avec une professionnelle, demeure le carnet de vaccination et le coût de la prestation, plus ou moins élevée chez les ‘mbaraneuses’ qui, en fin de compte, devraient être contraintes de reverser à l'Etat une partie de leur revenu, une contribution financière que l'on pourrait dénommer Impôt sur le Mbaraane.
Momar MBAYE, (www.thiesvision.com)

La Rédaction


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