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Opinion

Le Conseil constitutionnel et la candidature de Wade (Par Cheikh Yérim Seck).


Vendredi 29 Juillet 2011

Les adversaires du régime réunis au sein du Mouvement des forces vives du 23 juin (M23) en sont convaincus : le Conseil constitutionnel va valider la candidature d'Abdoulaye Wade à la présidentielle du 26 février 2012. Le président de cette haute juridiction, Cheikh Tidiane Diakhaté, a montré, à travers l’affaire des chantiers de Thiès, sa promptitude à travailler en bonne intelligence avec le palais. Ce magistrat nommé à la tête du Conseil constitutionnel, alors qu’il était proche de la retraite, en est reconnaissant au président de la République. Celui qui revendique une proximité avec Abdoulaye Wade ne va-t-il pas, par fidélité à leur « amitié », l’aider à réaliser son projet de briguer pour une troisième fois la magistrature suprême ? Travaillant en collaboration étroite avec Wade, à qui le lie un contact téléphonique suivi, il va, le cas échéant, embarquer le Conseil constitutionnel sur une voie qui sera une impasse pour le pays.


Le Conseil constitutionnel et la candidature de Wade (Par Cheikh Yérim Seck).
DAKARACTU.COM -  Une fois que les dossiers des candidats seront enregistrés au greffe, Diakhaté va, comme le veut la méthodologie de travail au sein de la haute juridiction, confier la question relative à la candidature d'Abdoulaye Wade à un des membres du Conseil pour qu'il fasse un rapport et propose un projet de décision en fonction de la position qu'il aura adoptée. Il est évident qu'il prendra le soin de désigner comme rapporteur quelqu'un qui partage sa sensibilité sur la question. Comme ils sont trois magistrats au sein de la juridiction (les deux autres membres restants sont l'universitaire Isaac Yankhoba Ndiaye et l'ancien patron de l'Inspection générale d'Etat Siricondé Diallo), Diakhaté va à coup sûr choisir un de ses collègues. La solidarité de corps se traduit au quotidien par une véritable connivence entre Cheikh Tidiane Diakhaté, Chimère Diouf et Mouhamed Sonko. Dakaractu.com peut même dorénavant écrire que le choix va porter sur Sonko. D’abord parce qu’il est plus prévisible que Diouf. Ensuite parce que ce magistrat plusieurs fois nommé par décret, qui a été directeur d’un cabinet ministériel, « Monsieur Casamance » ayant ses bureaux au palais présidentiel, président du Conseil d’Etat… est un homme du système logiquement plus disposé à coopérer.
 
Le rapport et le projet de décision rédigés, la discussion autour d’eux sera une pure formalité. La balance penchera du côté que souhaitent Cheikh Tidiane Diakhaté et son rapporteur. Ils n'auront besoin que d'une seule voix pour obtenir la majorité requise pour engager le Conseil constitutionnel. Cette voix sera celle de Chimère Diouf qui va suivre ses collègues. S'il se montre récalcitrant, ce qui est très peu probable - les trois magistrats du Conseil ont abouti à des compromis chaque fois qu'ils se sont retrouvés en conclave -, la voix restante sera celle de Siricondé Diallo, un produit de l'IGE formaté dans l'idée d'obéissance à la hiérarchie. La probabilité pour que Diakhaté ne rallie pas deux autres juges à sa position est donc extrêmement faible pour ne pas dire inexistante. Isaac Yankhoba Ndiaye, que son profil d’universitaire dispose à être contestataire, ne peut dans aucune hypothèse avoir une influence sur la décision. Au cas où il y a une abstention - ce qui est le maximum que Siricondé Diallo ou Chimère Diouf ferait pour marquer un désaccord sur la décision prise -, Diakhaté et son rapporteur vont l'emporter parce que la voix du président de l'institution est prépondérante.  
 
Ceux qui misent sur une intensification de la pression populaire pour déstabiliser Cheikh Tidiane Diakhaté ignorent le pedigree du personnage. Diakhaté est un musulman à la lisière du dogmatisme. Il martèle que tout ce qui arrive à un être humain est l'émanation de la volonté de Dieu. Fils d'un grand érudit du Coran, initié très jeune au Livre Saint et à la pratique religieuse, il est, de l’avis de tous, un homme pieux. L’insistance de ses proches, qui l'appellent à démissionner pour sortir d'un engrenage dangereux, le laisse de marbre. Quand, récemment, un de ses amis lui a demandé ce qu'il pensait des soupçons et menaces qui pèsent sur lui, il lui a répondu : "On en a beaucoup vu. J'ai géré des dossiers comme l'arrestation d'Abdoulaye Wade opposant et l'affaire des chantiers de Thiès. Les pressions et les menaces ne me font plus peur." Ce croyant, qui renouvelle ses ablutions plusieurs fois par jour et jeune tous les lundis et jeudis, ne craint rien ni personne. Réputé riche, décrit comme un prospère propriétaire foncier, il a tous les atouts pour être imperturbable. Etant à tu et à toi avec le président de la République, ne lui a-t-il pas donné l'assurance que sa candidature sera validée ? Abdoulaye Wade répète en tout état de cause à ses proches, qui sûrement ne décodent pas toute l'étendue de son message : "Je ne présenterais pas ma candidature si je n'étais pas sûr qu'elle allait être déclarée recevable." Le M23, dont l'un des crédos est la lutte contre un troisième mandat de Wade, ne doit pas s'y tromper : tout dépend du bon vouloir du président du Conseil constitutionnel. Le vrai combat consiste à créer un rapport de force qui contraigne Abdoulaye Wade à ne pas se présenter devant le Conseil constitutionnel. Il ne peut se gagner qu'en amont et non en aval du cordon juridictionnel.

La Rédaction


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