JOURNÉES PORTES OUVERTES DE L'UMS : les lenteurs judiciaires au banc des accusés

La lenteur est la principale critique formulée à l’encontre du système judiciaire sénégalais par des citoyens interrogés par l’APS, lors des journées portes ouvertes du Palais de justice de Dakar qui ont démarré mardi.
‘’La justice sénégalaise est lente. Ces lenteurs s’observent partout’’, souligne Bamba Cissé, un visiteur rencontré dans les couloirs du Palais.
En chemise et jean Kaki, Cissé, la quarantaine passée, avait les yeux sur les informations affichées prés du tribunal départemental.

‘’Je pense que c’est intéressant, cela concerne les papiers à fournir pour avoir un certificat de mariage, un jugement d’hérédité, un certificat de nationalité, entre autres’’, explique t-il.
Ancien étudiant en Droit, il ne manque pas de griefs à l’encontre de Dame Justice. ‘’Il y a aussi le manque de communication, la justice, c’est aussi la grande muette, elle ne communique pas alors que les citoyens ont besoin de savoir. Les Sénégalais ont peur de la justice par ignorance’’, affirme t-il.
Trouvés en pleine discussion, des élèves, en vacances, expliquent être venus au Palais de justice quand ils ont entendu à la radio le démarrage des portes ouvertes.

‘’Tout ce qu’on dénonce dans la justice, ce sont les lenteurs. Même pour être jugé, c’est des renvois à n’en plus finir’’, peste un nouveau bachelier.
A ses côtés, un homme qui s’est inscrit sur la liste des visiteurs de la cave des détenus entonne le même refrain. ‘’J’ai envie de voir les conditions dans lesquelles se trouvent les détenus. Pour vous dire que la justice est trop lente, des gens peuvent faire des mois en prison et au finish être libérés’’, relève-t-il.
Une dame assise sur les bancs disposés tout au long du hall du palais se dit ‘’outrée par le manque de communication’’ sur place. ‘’Je suis partie civile dans un dossier, je ne savais pas qu’il n’y avait pas audience aujourd’hui à cause de ces journées’’, explique-t-elle.
Ce manque d’information est déploré par Me Issa Diop qui estime que ‘’le vrai problème au palais, c’est l’accès des justiciables aux informations’’. ‘’Les gens viennent pour des procédures mais ont du mal à s’informer sur ce qui les amène ici’’, a-t-il jouté, précisant que les anciens greffiers, et clercs devraient être mis à profit pour ces journées. ‘’Les citoyens ont besoin de savoir les voies à emprunter pour suivre un dossier ou prendre un jugement’’, préconise Me Diop. A propos de la lenteur, son confrère Me Babacar Mbaye se veut plus pédagogue. ‘’La lenteur est une chose normale dans la justice. Elle est ainsi faite’’, admet l'avocat. ‘’C’est une question de procédure. Mieux vaut avoir une justice lente et bien faite qu’une justice expéditive’’, souligne Me Babacar Mbaye, affirmant ‘’personnellement’’ n’être pas au courant de l’organisation de ces journées portes ouvertes.