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Société

JEANS « NIAPP » OU TAILLE BASSE, CHEMISES SERRÉES... Quand des Sénégalais deviennent métrosexuels


Dimanche 27 Novembre 2011

Un nouveau genre de mecs devient plus qu'un phénomène de mode au Sénégal. C'est un fait de société. Du jean slim (niapp) aux chemises aux couleurs assez féminines en passant par les fringues extravagantes, les Sénégalais sont maintenant de véritables metrosexuels. Etymologiquement, le terme désigne «celui, étant plus au fait de la modernité, est amateur de mode et de produits cosmétiques, soigne son aspect physique (alimentation, musculation, massage, soins esthétiques, coiffeur), amateur d'art et de culture en général». En un mot, un métrosexuel préfère s'habiller «sexy». Mais, si certaines pratiques font tomber les tabous, les métrosexuels restent néanmoins les cibles d'attaques de tous bords. Les médias people notamment. Les Sénégalais qui s'habillent assez serré sont de plus en plus vus par la société comme des personnes extraverties. C'est le cas des artistes et autres célébrités du showbiz. D'autres, en revanche, n'y voient aucune connotation sexuelle. Pour eux, métrosexuel n'a rien à voir avec homosexuel.


JEANS « NIAPP » OU TAILLE BASSE, CHEMISES SERRÉES... Quand des Sénégalais deviennent métrosexuels
Habillement «contre-nature» ou phénomène de mode. La tendance est là. Visible. Au Sénégal, les hommes s'habillent maintenant trop serré. Il n’est pas rare de croiser dans les rues de Dakar des hommes habillés en jean slim, chemise trop serrée, chaussures roses voire extravagantes. Walf Grand-Place s'est promené dans la capitale pour savoir le point de vue du Sénégalais lambda sur cette nouvelle tendance. D'aucuns n'hésitent pas à faire savoir que «le niapp (jean slim) n'est plus réservé qu'aux jeunes filles». Le temps du jogging large, disent-ils, des chemises et pantalons amples est révolu. Aujourd'hui, les habits mettent plus en valeur les formes que le côté pratique des multiples poches sur le pantalon. Aussi certains -dont des artistes- sont-ils devenus de véritables métrosexuels qui consacrent beaucoup d’intérêt tant du temps que de l'argent leur apparence physique et à leur mode. 
Si, ceux qui adoptent le style d'être et de paraître ne sont pas certainement des hommes qui ont un penchant sexuel pour un autre homme, ils attirent souvent les verves d'une partie de la société qui n'hésite pas à les taxer d'homosexuels. Des accusations pouvant créer une marginalisation de certaines personnes. Il suffit juste de faire un tour dans les boutiques d'habillement pour homme pour faire le constat. Les propriétaires de ces shop semblent comprendre les nouveaux penchants des Sénégalais pour leur habillement. 
 
Métrosexuels, mais pas homosexuels 
 
«Maintenant, les hommes veulent s'habiller en niapp pour paraître sexy », confie Nafi Sarr, tenante d'une boutique sur la Vdn. D'après cette dernière, les hommes préfèrent désormais s'habiller légers. «La tendance est maintenant aux habits qui pèsent moins lourd. Ce sont des jeans slim ou taille basse et des chemises qui collent à la peau que les Sénégalais préfèrent mettre. Ils ne s'habillent plus de la même manière qu'il y a cinq ans. Oui, c'est vrai. Certains de nos hommes sont de véritables métrosexuels aujourd'hui. Et plus de cela, ils prennent maintenant bien soin d'eux en utilisant les nouveaux produits cosmétiques pour homme. Ce que je trouve très bien, puisque nous les femmes, nous aimons les hommes qui prennent bien soin d'eux », ajoute Nafi qui orne sa boutique de beaux habits et cosmétiques pour hommes. Elle ajoute : «Révéler sa part de féminité ne vous rend pas totalement efféminé. Au contraire, cela plait beaucoup aux femmes. Un homme qui se soucie de son apparence est toujours plus agréable à regarder qu'un homme habillé comme un sac à patate. L’habillement métrosexuel est en vogue partout dans le monde. C’est une révolution culturelle qui s'opère un peu partout dans le monde.» 
Le point de vue de Nafi Sarr est partage par cet homme, la trentaine, rencontré à Sacré-Cœur. Selon cet adepte des jeans serrés et tailles basses, qui préfère garder l'anonymat, cette façon de se vêtir et de prendre soin de soi est un phénomène de mode qui touche toute la planète. «Je pense que c'est la mode. Ça n'a rien de féminin. En plus, on ne peut pas nous confondre avec des femmes puisque nous sommes de vrais hommes qui n'ont aucun penchant homosexuel», se défend-il. Aussi, précise notre interlocuteur à l'encontre de ceux qui pensent que ceux qui s'habillent de la sorte sont des homosexuels, «métrosexuel n'est pas homosexuel». «On est loin des clichés désuets qui attribuent exclusivement l'intérêt de l'esthétique et la culture du paraître à la communauté gay. Moi, je me sens bien dans les habits que je porte et les jugements malsains des autres ne me concernent pas», indique-t-il. 
 
«On n'est pas attiré par la rondeur des hommes, mais...» 
 
Une position qui ne semble être partagée par Fadel, étudiant en Licence dans un institut de la place. Adepte de l'accoutrement digne des rappeurs américains, Fadel fustige les métrosexuels et va jusqu'à les traiter d'homosexuels. «Une personne de bonne famille, de surcroît un homme, ne doit pas faire du check down et ne doit pas non plus porter des jeans serrés. Sauf s'il se considère comme un gay», dira le jeune étudiant. À l'en croire, les hommes ne sont nullement attirés par les rondeurs d'autres hommes comme eux. «Je n'apprécie pas la mode actuelle avec des hommes qui se procurent des jeans taille basse et les niapp (jean slim), laissant paraître des rondeurs. On n'est pas attiré par la rondeur des hommes, mais par celles des femmes», argue Fadel. 
Même son de cloche chez celle qui semble être son amie. «Si les hommes se permettent de porter des tenues aussi provocatrices, je ne sais pas ce que nous les femmes allons faire pour attirer les hommes. Maintenant, on arrive difficilement à distinguer les hommes des femmes. Parce qu'ils portent tous les mêmes tenues. Tu aperçois un garçon, boucle à-l'oreille, prêt du corps, jean serré et petite sacoche. Et comment ne pas le confondre avec une fille ? Et plus, maintenant, ils préfèrent les couleurs féminines (rose, mauve...)», peste Astou Ndiaye, étudiante de son état. Mais elle explique ce phénomène par une question de choix qu'elle comprend et respecte. «je n'irais pas jusqu'à les traiter d'homosexuels ou des trucs de ce genre. Nous, les femmes aimons les hommes raffinés, qui se soucient de leur image et de leur corps. Mais avec certains accoutrements, je pense que c'est un peu trop quand même», nous lance-t-elle avant de monter dans le bus qui s'arrête juste à ses pieds. 
Le phénomène métrosexuel devient de plus en plus une réalité dans la société sénégalaise. Comme tente de le faire comprendre Maimouna Sonko rencontrée à quelques jets de pierres du groupe d'étudiants. Drapée d'une robe de couleur blanche, elle laisse entendre que les hommes sénégalais sont très raffinés et prennent en compte leur paraître. «Très soucieux de leur image, les Sénégalais cultivent leur corps dans les salles de sport et n'utilisent que des cosmétiques spécialement conçus pour homme. Je pense que cette tendance qu'ont les hommes à porter des habits serrés est un nouveau phénomène de mode. Ce n'est pas méchant d'être métrosexuel puisque ça n'a aucun rapport avec le sexe», martèle Maimouna, sourire aux lèvres. 
 
C'EST LA TENDANCE CHEZ LES ARTISTES Le showbiz, un milieu de métrosexuels 
 
Les artistes n'ont pas bonne presse quand il s'agit de parler de leur look. Même s'ils sont nombreux à penser que le métrosexuel incarne l'image de l'homme moderne, urbain qui investit son temps et son argent à s'occuper de son apparence quelle que soit son orientation sexuelle. À tort ou à raison, ils sont nombreux les artistes sénégalais considérés, comme des métrosexuels. En sont-ils conscients ? Le font-ils exprès ? En tout cas, un Salam Diallo, Waly Seck, Papa Ndiaye Thiopète ou encore Pape Diouf aiment s'habiller serré et «sexy». Tout le contraire de ceux à quoi des artistes comme Youssou Ndour, Omar Pène, Thione Seck ou Ismael Lô avaient l’habitué les Sénégalais. Résultat : nombreux sont les Sénégalais qui voient derrière cette façon de s'habiller des tendances homosexuel¬les. «que nenni !», répondent les concernés. 
«Le constat se passe de commentaire », estime toujours Maïmouna rencontrée à Sacré-Cœur. «Bas cigarettes, pantacourts et chemises près du corps débarquent chez les Dakarois et semblent avoir de bons jours devant eux», souligne-t-elle. D'après notre interlocutrice, si certains pointent du doigt les métrosexuels au Sénégal, c'est parce que certains d'entre eux, surtout les célébrités, en font trop. «Pour moi, si les gens disent que ceux qui s'habillent de la sorte sont des homosexuels, c'est parce que certains artistes comme Pape Ndiaye Thiopète, Waly Seck, Salam Diallo... en font trop. Ils portent des tenues qui dépassent l'extravagance», estime Maïmouna. Tout comme cette dernière, son amie demeure convaincue que «pour cultiver un style métrosexuel, ces stars choisissent les formes et les goûts qui collent le mieux avec cette nouvelle tendance ». Ainsi, de nombreuses stars ont été placées dans la catégorie des «métrosexuels». 
Il faut, par ailleurs, noter que les boutiques de mode semblent, elles aussi, avoir compris la tendance. L'habillement typique des métrosexuels est devenu par la force de la tendance leurs choux gras. «Dans les boutiques d'habillement, désormais ce sont les jeans niapp et les chemises qui collent à la peau qui sont les mieux vendus » affirment certains vendeurs de prêts à porter. S'y ajoutent les nouveaux instituts de beauté. Ces derniers ont, eux aussi, compris le concept et misent dessus. 
La fréquentation des salons de beauté, de remise en forme et salles de sport a bien augmenté ces derniers temps, et la présence masculine dans les salons d'esthétique devient très importante, selon nos interlocuteurs qui ont requis l'anonymat. L’un d'eux explique : «Plein de nouvelles formules spécialement réservées aux mecs ont été créées pour satisfaire leurs besoins de beauté. Massages, épilations, séances de relaxation ou autre. Aujourd'hui, les cosmétiques pour homme prennent d'assaut les magasins de beauté. Et les traditionnels produits de soin et de maquillage pour femmes côtoient désormais leur alter ego masculin. C'est devenu un vrai business.»
SENEWEB



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