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Ige, Cour des Comptes, Ofnac, etc: CES RECOMMANDATIONS RANGEES DANS LES TIROIRS


Lundi 5 Mars 2018

La réclamation du détachement de certains corps de contrôle de l’Etat, rattachés à la présidence de la République, comme la Cour des comptes et l’Inspection générale d’Etat (Ige), se fait de plus en plus sentir. Les raisons, le traitement jugé «tendancieux» de certains dossiers soulevés dans les rapports de ces organes de contrôles, dont certaines recommandations restent pour lettres mortes.


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La transmission au Parquet, par le chef de l’Etat, Macky Sall, du rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige), mettant en cause la gestion du maire de Dakar, Khalifa Sall, a remis au goût du jour la lancinante question de la nécessité de détacher l’Inspection générale d’Etat (Ige) et la Cour des comptes de la présidence de la République. Une réclamation de certains sénégalais qui se fait de plus en plus au vu de la gestion de certains dossiers. En effet, le cas du dossier du Directeur général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) est cité en exemple le plus souvent par nombre d’acteurs. Le rapport de l’Ofnac avait accusé Cheikh Oumar Hanne, responsable de l’Apr (maire de Ndioum), de fractionnement des commandes dans les marchés, l’octroi de subventions irrégulières, des pratiques de détournements de deniers publics et de faux et usage de faux. Outre l’action judiciaire, l’Ofnac avait demandé dans son rapport que Cheikh Oumar Hanne soit relevé de ses fonctions de directeur du Coud et que toutes les mesures soient prises pour qu’il ne lui soit plus confié la responsabilité de diriger une structure publique. Jusqu’à ce jour, il est toujours le Dg du Coud et mène tranquillement ses activités politiques au niveau de Podor, pour la réélection du président Macky Sall, en 2019.

L’on se rappelle également de l’affaire Pétro Tim qui, à un moment, a tenu en haleine le pays. En effet, une enquête diligentée en octobre 2012  par l’Ige avait indiqué que Pétro Tim ne remplissait aucune des conditions pour obtenir un permis de recherche et d’exploitation des hydrocarbures au Sénégal. Les limiers de l’Etat avaient relevé tous les manquements à la procédure et demandé, depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, le retrait desdits permis. Des recommandations qui n’avaient pas été suivies par l’actuel chef de l’Etat, d’autant plus que ladite société a poursuivi ses activités au Sénégal.

En outre, dans une de ses tribunes publiées le 22 octobre dernier, l’enseignant à la retraite, Mody Niang avait relevé certains dossiers où le chef de l’Etat «a fait le mort». En effet, dans sa publication, M. Niang rappelle que «des scandales, de gros scandales, nos structures de contrôle en ont toujours mis en évidence». Citant ainsi le rapport public sur l’Etat de la gouvernance et de la Reddition des comptes présenté par l’Ige en juillet 2013, comme ceux des années 2014 et 2015, il dira que les «actes caractéristiques de mal gouvernance financière sont légion dans tous ses rapports». Le cas du Fesman n’a pas échappé à l’enseignant, notamment avec le dépassement budgétaire estimé à 80 milliards, sans compter les prêts de 7 milliards des autres Etats et organismes, pour un coût initial de 5 milliards. M. Niang a aussi cité «un autre acte de brigandage financier» perpétré par l’ancien ministre de l’Economie «Abdoulaye Diop, qui passe une retraite dorée au Canada où il serait devenu citoyen d’honneur», selon lui.

Enfonçant le clou, il a fait cas du rapport de l’Ige de 2013, qui avait épinglé la Société africaine de raffinage (Sar), gérée à l’époque par l’ancien Ministre de l’Energie Samuel Sarr, qui aurait importé du mauvais pétrole «dans des conditions marquées par bien des irrégularités, manquements et autres dysfonctionnements», cite-t-il le rapport. Et, pour ces forfaits cumulés, poursuit-il, «l’Ige (proposait) l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre de l’ancien Ministre de l’Energie et de l’ancien Directeur général de la Sar». Hélas, se désole-t-il, le mis en cause «se la coule douce entre Dakar et Touba, son refuge préféré. Il n’est inquiété ni dans ce sulfureux dossier de la Sar, ni dans celui de l’enrichissement illicite où il est en cause». Autant de cas qui nécessitent, selon certains observateurs, la réforme des organes de contrôles. La liste est loin d’être exhaustive.


Abdoul Aziz Diop