Politique

FRANCE : LE GOUVERNEMENT VALLS DEMISSIONNE


Lundi 25 Aout 2014

François Hollande a demandé au Premier ministre Manuel Valls de "composer un nouveau gouvernement", qui sera annoncé mardi, a annoncé l'Elysée dans un communiqué, après les critiques sur la politique économique gouvernementale formulées par le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg.

Manuel Valls, qui a été reçu lundi matin par François Hollande, "a présenté au président de la République la démission de son gouvernement. Le chef de l'Etat lui a demandé de constituer une équipe en cohérence avec les orientations qu'il a lui-même définies pour notre pays. Sa composition sera annoncée dans la journée de mardi", indique un communiqué de la présidence.

Lundi matin, sur Europe 1, Arnaud Montebourg a dit ne pas regretter ses déclarations, dans lesquelles il assurait cependant ne pas voir d'"infraction à la solidarité gouvernementale." Le ministre de l'Economie a réaffirmé avec force, dans une interview publiée samedi dans le journal Le Monde, son souhait d'une réorientation de la politique économique du gouvernement et de l'Union européenne.

Il s'agit de la première crise gouvernementale depuis la nomination à Matignon de Manuel Valls, qui a succédé à Jean-Marc Ayrault après la déroute de la majorité lors des élections municipales fin mars.

M. Montebourg, arrivé en troisième position de la primaire socialiste pour la présidentielle de 2012, s'était auparavant déjà accroché avec M. Ayrault, notamment sur le dossier industriel de Florange, et avait déjà affirmé haut et fort ses orientations lors d'un grand discours prononcé début juillet à Bercy.

Sortie de piste de Montebourg

Le ministre français de l'Economie, Arnaud Montebourg, avait été sévèrement rappelé à l'ordre dimanche soir par l'entourage de M. Valls, qui juge inacceptables ses critiques virulentes contre la politique économique du gouvernement. "Le Premier ministre est décidé à agir", avait ajouté cette source, laissant planer un doute sur le maintien même de M. Montebourg à son poste.

"J'ai proposé comme ministre de l'Economie, au président de la République, au Premier ministre, dans la collégialité gouvernementale, et sollicité une inflexion majeure de notre politique économique", a déclaré M. Montebourg, lors de son discours prononcé à la Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse ce dimanche. "Le rôle du ministre de l'Economie, ou de tout homme d'Etat (...) est d'affronter la vérité, même cruelle, et de proposer des solutions alternatives", a-t-il ajouté, sous les applaudissements de plusieurs centaines de militants, après avoir fait le constat que "l'échec économique est partout dans la zone euro" et donc "en France".

Il a rappelé sa proposition d'une "règle des trois tiers" dans la répartition des économies réalisées, avoir un tiers en faveur des ménages, soit "des baisses d'impôts équivalentes à 16 mds d'euros sur plusieurs années", d'ici à 2017. "L'économie n'est pas une science en chambre (...), c'est plutôt un sport de combat", a-t-il plaisanté, sans jamais citer nommément dans son discours Manuel Valls ou François Hollande.

"L'Allemagne est prise au piège de la politique austéritaire qu'elle a imposée à toute l'Europe", a-t-il déclaré. "Je veux parler de la droite allemande qui soutient (la chancelière) Angela Merkel. La France n'a pas vocation à s'aligner sur les axiomes idéologiques de la droite allemande", a dit M. Montebourg. "Nous ne pouvons plus nous laisser faire", a asséné le ministre, connu pour ses prises de position tranchées qui ont plus d'une fois suscité la polémique au sein de l'exécutif.

Hamon, du côté des socialistes mécontents

De son côté, le ministre de l'Education nationale Benoît Hamon a affirmé "soutenir le principe des trois tiers tel qu'il a été proposé par Arnaud Montebourg". Pour les familles, il a suggéré "des baisses d'impôts pour les plus modestes" de la redistribution pour "les étudiants boursiers", ou lorsque la situation économique le permettra, "cela peut être aussi la suppression du gel du point d'indice des fonctionnaires".

Fustigeant une France championne dans le versement de dividendes, il a plaidé pour "compléter les choix politiques faits jusqu'ici par des choix économiques pour soutenir le pouvoir d'achat des familles".

Selon lui ce n'est pas un "désavoeu des socialistes" mais un "désavoeu" de "ceux qui depuis dix ans conduisent des politiques d'austérité", comme Angela Merkel.

Quant "la loyauté gouvernementale", il a affirmé qu'elle était "un principe d'action" mais pas "une chaîne ni une muselière

SENEPLUS



Abdoul Aziz Diop