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Société

FIEF DE BETHIO: Madinatoul Salam dans la psychose de nouvelles découvertes macabres


Mercredi 25 Avril 2012

Retour à Médinatoul Salam, trois jours après les affrontements entre fidèles talibés de Cheikh Béthio Thioune et qui se sont soldés par la mort de Bara Sow et de Ababacar Diagne, tous deux talibés du guide, des thiantacounes. Avec l’arrestation de ce dernier et onze de ses talibés pour meurtre et acte de barbarie, Le Quotidien revient sur la scène du crime, avec parfois des témoignages déroutants.


FIEF DE BETHIO: Madinatoul Salam dans la psychose de nouvelles découvertes macabres

Il est presque onze heures quand nous entrons à Keur Samba Laobé, baptisé par Cheikh Béthio sous le nom de Médinatoul Salam. Le climat est rude. Il fait excessivement chaud en plus du vent de sable qui souffle sur le village. Juste à hauteur du croisement Saly, on prend la route à droite qui mène chez les thiantacounes. Une route en latérite. 
Après quelques minutes de marche, un vieux que nous avons croisé nous indique le site où étaient enterrés les morts, attribués aux talibés de Béthio Thioune. Ses indications nous mènent droit vers un nommé Gaous sou Mar, menuisier ébéniste, qui a acheté un terrain qu’il est en train de construire dans ce village. Devant son bâtiment, l’homme nous a indiqué à son tour le chemin qui mène vers le «cimetière privé» du Cheikh, tout en nous avertissant : «Il faut savoir où mettre les pieds, ici c’est devenu un endroit très dangereux, depuis la mort des talibés du Cheikh. Tout à l’heure, j’ai vu des thiantacounes sortir d’un bâtiment en chantier. Ils avaient en main des gourdins. Faites votre travail et rentrez.» 


Son grand frère qui est présent à ses côtés, du nom de Modou de profiter de cette occasion, pour décrire la situation qui prévaut à Keur Samba. «Mes neveux sont des talibés de Cheikh Béthio, j’ai remué ciel et terre pour les faire sortir de cet enfer, mais ils refusent et veulent suivre celui qu’il qualifie de guide spirituel, alors qu’à Médinatoul Salam, il n’y a ni mosquée, ni lieu de culte. Com ment un guide spirituel peut il vivre ici ? Pis, il (Cheikh Béthio) nous balance que c’est Serigne Saliou qui l’a béni. Qu’il arrête ! Il doit cesser de ternir l’image de cet homme de Dieu. Ceci ne m’étonne pas, car autour de lui, il y a beaucoup de repris de justice», balance amer notre interlocuteur. Visible ment affecté par la situation de ses neveux, il allait raconter des anecdotes quand son frère le stoppe net, pour mettre un terme à la discussion. 

Après un long silence, il n’a pu s’empêcher de revenir sur les circonstances de la mort des jeunes talibés de Béthio Thioune. «Le jour du double meurtre, contrairement à ce beaucoup de gens disent, les défunts Bara Sow et Ababacar Diagne ne sont pas mort sur le coup, ils ont été achevés ici. L’un a reçu une balle et l’autre un gourdin à la nuque et un autre sur le front. La liste des personnes interpellées montre le degré de brutalité qui a perdu les victimes. Il s’agit de Pape Hanne, chauffeur du Cheikh, cheikh Faye son chambellan, Kébé un assureur et Balla entre au tres. La justice ne doit pas trembler, elle doit sanctionner les coupables sans pitié», geint-il encore très courroucé.

La suite du chemin nous introduit dans la fameuse forêt, située derrière le domicile du Cheikh. Ici, seuls les cris des oiseaux, le vent qui souffle et les rares paroles de maçons qui travaillent sur des chantiers sont audibles. Plus loin encore, nous avons aperçu un trou assez exigu, au milieu d’une végétation de plantes (voir photo). C’est là exactement que les corps de Bara Sow et de Babacar Diagne ont été déterrés.

NECESSITE D’INSPECTER LES LIEUX  
A quelques centaines de mètres encore, nous voilà au cœur de Mé dinatoul Salam. Un village calme. La grande maison de Cheikh Bé thio qui refusait du monde d’habitude, a désempli. Seul le bruit de que lques rares taxis clando animent la cité. Mais impossible de franchir la porte du domicile du Cheikh. La grande porte en fer de couleur noir, est hermétiquement fermée. Devant, ce sont deux thian tacounes, habillés en falzar et tee-shirt à l’effigie de leur guide spi rituel, qui s’érigent en sentinelles. Et impossible de leur tirer le ver du nez. Pis encore, ils nous de mandent de débarrasser le plancher. Le mot d’ordre est clair dans cette cité où presque les gens se connaissent : «Ne parler pas aux in connus, surtout aux jour na listes !»
Même les véhicules non habitués aux lieux ne sont pas admis à l’intérieur, alors qu’en temps normal, cette porte était toujours grandement ouverte. Soudain, un groupe de thiantacounes sort de la maison et dit se rendre à la gendarmerie de Mbour, pour se constituer prisonniers car disent-ils, ce sont eux qui ont enterré les morts. L’un d’eux du nom de Adama Sow, fidèle talibé du Cheikh, venu de son fatick natal se décide de transgresser la règle du silence, surtout en présence de journalistes. «Je fais partie des gens qui ont enterré les morts. Je vais me constituer prisonnier, je ne reviendrai pas tant que le Cheikh n’est pas libéré», confie-t-il, à ses camarades fidèles.

Tous s’engouffrent dans une voiture pour se rendre à la brigade de la gendarmerie de Mbour. En face de la maison, c’est le désert. Il n’y a pratiquement personne, à part les vendeurs de crème glace, qui attendent tranquillement la sortie des élèves de l’école de Keur Samba, située en face du domicile de Cheikh Béthio. 

Mais un habitant de cette localité a pris l’initiative sur lui, de se rapprocher de nous et de lancer son cri d’alarme, relativement à l’in sécurité qui règne sur les lieux. «Dans ce bled, il y a du n’importe quoi. Il faut que le Président Ma cky Sall, le ministre de la Justice et celui de l’Intérieur prennent toutes les mesures nécessaires pour venir enquêter sur ce lieu. Les meurtres de dimanche dernier ne sont que la partie visible de l’iceberg. Sou vent, des parents viennent chercher leurs enfants qu’ils ne retrouvent pas. Je crains que si les gendarmes fouillent encore cette zone, ils verront pire. Depuis les violences de dimanche, nous les populations de Keur Samba,  ne sommes plus en sécurité. On nous menace de mort. C’est pourquoi les Forces de l’ordre doivent mieux assurer notre sécurité. Certaines personnes par mesure de prudence ont fermé leur porte pour aller chez leurs parents en attendant que les choses se calment», dénonce-t-il, en préservant l’anonymat.

Spéculation foncière : Comment Béthio a mis la main sur ces terres…

Depuis quelque temps, cette localité qui a connu un nouveau lotissement fait par Cheikh Béthio Thioune connaît un développement fulgurant. Des bâtiments poussent comme des champignons. Ici, les maçons ne chôment pas. Partout, il y a des chantiers. Mamadou Kane dit avoir un terrain à côté depuis 1968, mais déplore la spéculation foncière qui prend de l’ampleur depuis quelques mois. «Le Cheikh s’est accaparé de plusieurs terres, au début il donnait les parcelles à ses talibés mais maintenant on fait face à une vraie spéculation. Les parcelles sont vendues à deux millions voire plus. Là, nous sommes sur le domaine foncier de Malicounda. Il faut que l’Etat vienne voir qui a donné ces parcelles au Cheikh ?»
LEQUOTIDIEN.SN





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