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Entretien avec Le Quotidien: La «mule de Karim» se décharge


Mardi 8 Mai 2018

Il a été tristement rendu célèbre pour être venu au Sénégal depuis le pays d’exil de Karim, le Qatar - Mais Rilk Dacleu Idrac continue à nier une quelconque relation avec le fils de l'ancien président de la République - ENTRETIEN


Entretien avec Le Quotidien: La «mule de Karim» se décharge

Il a été tristement rendu célèbre pour être venu au Sénégal depuis le pays d’exil de Karim Wade, le Qatar. Mais Rilk Dacleu Idrac continue, comme il l’a fait devant les enquêteurs pendant dix mois et devant la justice, à nier une quelconque relation avec le fils de l’ancien Président Wade. Détenu pendant trop longtemps au Sénégal, on peut comprendre qu’il en ait pas mal à dire, même quand il affirme ne pas faire de politique, car il en a gros sur le cœur.

La toute première chose que je voudrais préciser avec vous, c’est votre identité. Quel est votre nom véritable, puisqu’on en entend tellement que l’on ne sait plus lequel est le bon ?
Mon nom est très simple, c’est Rilk Wilfried Dacleu Idrac. Il est vrai que sur mon acte de naissance, il est écrit, Dacleu Idrac Rilk Wilfried. C’est le nom qui est sur tous mes documents. Je suis d’origine camerounaise par mon grand-père maternel qui a été l’homme le plus puissant du Cameroun. Pendant près de douze ans, il a été secrétaire général de la Présidence au Cameroun. J’ai donc aussi un peu pris de son nom, en européanisant un peu.

Quelles sont vos fonctions exactes à la Qatar investment authority ?
Je suis head global group, je suis directeur exécutif en charge de la stratégie mondiale. Je m’occupe de tout ce qui est partenariat, investissement et le déploiement de la stratégie de Qia au niveau du monde entier. Mes fonctions chez Qatar investment autorithy (Qia) me le font représenter dans plusieurs conseils d’administration auprès d’entreprises dont nous avons possession.

C’est ce qui explique votre passage au Sénégal ?
Comme je l’ai dit devant la justice, Cela explique le fait que je puisse venir au Sénégal. Comme tout le monde le sait, Qia n’a pas d’intérêt au Sénégal, il n’y a pas d’investissement ici pour nous. Nous faisons des investissements de l’ordre de 4, 5, 10 milliards de dollars, y a pas d’investissements lourds ici. Maintenant, cela n’empêche que nous pouvons avoir une filiale ou une compagnie qui est en partenariat avec une de nos filiales, vienne auprès de nos équipes pour demander à lever des fonds.

Quel était l’objet de votre visite quand vous êtes venu en juin 2017 et que vous aviez été retenu par la police ?
J’effectuais une deuxième visite au Sénégal, certes pour des affaires, mais ce n’était pas quelque chose d’officiel qui nécessite quand nous arrivons dans un pays de l’annoncer à l’ambassade et que nous soyons reçus par les autorités du pays. En plus, c’était un déplacement qui était vraiment imprévu et qui n’apparaissait même pas au niveau de mon calendrier officiel. Si j’essaie de relater exactement les faits, ce qui s’est passé exactement c’est ceci : J’ai effectué une première visite de travail au Sénégal en mai de l’année dernière. Nous étions supposés venir pour une semaine, finalement je ne suis pas resté longtemps. Nous sommes venus à bord d’un avion privé avec des collaborateurs, nous avons repris l’avion. Il était prévu que nous nous rendions à Ryad pour le sommet des Etats du Golfe. J’avais été convoqué par mon patron qui est le Sheikh Mohamed Bin Abdallah Al Tani, qui est notre Pdg à Qia. J’étais obligé de participer à ce sommet. Nous y sommes restés, après j’ai été en Europe pour des déplacements à titre privé. C’est juste après ce sommet qu’est arrivée la crise du Golfe. Il y a eu des problèmes avec le Qatar. Cela a énormément compliqué nos activités. Vu la situation, j’ai décidé de prendre des congés pendant lesquels je suis allé en île Maurice où j’ai passé 10 jours. Pendant ce temps-là, j’avais lors de ma première visite 8 mois auparavant été contacté par une compagnie qui a des projets de développement au Sénégal. Tout ce que je sais, c’est qu’il y a des partenaires sénégalais, ils ont été mis en contact avec mon bureau par l’intermédiaire d’un ami américain de très longue date, c’est un apporteur d’affaires. Il a mis mon bureau en contact avec eux dans le cadre d’un projet de développement immobilier. Vu que durant les 3 semaines que j’avais passées auparavant, je n’ai pas eu le temps de gérer cela. Il a dit si tu as le temps de repasser au Sénégal en trois jours, on peut parler du projet. Les négociations pour un éventuel investissement étaient à un niveau, où il fallait arriver à soumettre un Eoi (Equity of intent) c’est-à-dire un document dans lequel l’investisseur dit «Ok je suis d’accord. J’ai vu votre projet, il m’intéresse, je suis d’accord, j’investis». Et avant que je ne signe, il faut dire qu’on parle de petits montants 10, 15 millions de dollars, ce ne sont pas des montants que l’on fait d’habitude. Mais vu que c’est un projet qui pouvait être intéressant, j’ai dit il ne faudrait pas que je signe n’importe quoi, il faut que je vois le projet. On me dit si tu peux avoir le temps de passer au Sénégal en deux jours, on peut avoir quelqu’un qui se déplace pour venir au Sénégal. C’est peut-être cela qui a levé les suspicions du doyen des juges qui a réfléchi à sa manière… Il faut comprendre que je ne gère pas les contacts que mes collaborateurs ont avec certaines entités qui demandent des financements. Personnelle­ment, j’avais les copies de tous les mails échangés. Quand je quitte l’île Maurice, j’étais attendu à Singapour parce que je suis président du conseil d’administration d’une filiale qu’on a en Asie du sud-est. Je ne pouvais pas y aller, j’allais être coincé en Asie du sud-est. Certains de vos confrères ont rapporté que Qia avait des problèmes à Londres devant la justice l’an dernier par rapport à un dossier. Il est vrai que je devais être à Londres en début juin par rapport à cette procédure où il était simplement question que je vienne expliquer la transaction. Vu que j’étais en train de rentrer en Europe, j’ai demandé à mon assistante de confirmer un billet d’avion avec une itinéraire île Maurice-Dakar en passant par Dubaï. 48h à Dubaï, 48h à Dakar et aller à la suite de tout cela en Europe. Tout va bien, j’embarque, lorsque j’arrive à Dakar, je fais mes formalités, j’arrive à la douane, ils disent qu’ils veulent ouvrir mes valises. Ils essaient de voir, ils fouillent, ils voient qu’il n’y a que des effets personnels, mais ils me disent qu’un service spécial de la police voudrait me parler. J’y suis allé ; ça devient une histoire, on me pose des questions sur Karim Wade, mes liens avec le Qatar, ce que je fais, est-ce que je viens investir au Sénégal pour lui… Je ne comprends absolument rien, on me garde à l’aéroport pendant toute une nuit. Le lendemain, jour de Korité, je me retrouve à la Dic où j’ai deux pontes de la Police sénégalaise, le directeur de la Dic et le directeur de la Dst qui viennent pour me faire une audition. Je ne pense pas un instant faire appel aux ambassades, à un avocat. Je me suis dit non, je suis en face d’autorités d’un pays, je parle sans problème, je réponds à leurs questions. Juste après, ils me disent, on va vous garder pour les besoins d’une enquête. Je suis très étonné. Le lendemain, je suis très en colère, je demande à parler à mon ambassade. Je savais que l’ambassade du Qatar avait été fermée. Je demande l’ambassadeur des Etats-Unis, on ne l’a pas fait venir. Je demande un avocat, mon tout premier avocat sénégalais que j’ai croisé dans les couloirs de la Dic. Je lui explique, je le paye et lui demande d’aller leur demander ce qui se passe. On lui dit non, il n’y a rien c’est juste des vérifications. Surtout que ce matin-là, je vois tous les titres de journaux du Sénégal dire «Mule de Karim Wade arrêté à l’aéroport». Je ne comprends pas, on vient dire, voilà il n’y a rien on va le laisser repartir à son hôtel. Sauf que dès que mon avocat tourne le dos, on me rappelle, on m’interroge. On me dit, nous on suspecte que vous êtes un ingénieur financier. On vous suspecte de blanchiment de capitaux. J’ai éclaté de rire dans le bureau du commissaire de la Dic en leur disant «blanchiment de capitaux ? Vous ne pouvez pas, je n’ai pas d’actifs et je ne suis pas Sénégalais. Je n’ai rien au Sénégal, les capitaux blanchis sont où ?».

Il paraît que vous aviez beaucoup d’argent avec vous ?
C’est faux. Ça peut surprendre au Sénégal, mais j’ai au moins en permanence dans mon portefeuille 5 mille dollars. Je suis comme ça. Je les avais et je connais la régulation internationale ; c’est 10 mille dollars. Je n’avais pas plus que ça, j’avais des sommes par devers-moi en diverses devises, mais je connais la régulation internationale, ça ne faisait pas 10 mille dollars. Ils ont dit que j’avais par-devers moi environ un peu moins de 5 millions. Ils me disent blanchiment de capitaux. Je rigole, je dis que ce n’est pas possible, le procureur ne va pas poursuivre de pareilles chimères. Par la suite, ils viennent me dire qu’ils ont besoin d’avoir accès à mon téléphone, mon ordinateur. J’ai dit qu’il n’y a pas de problème. Ils sont la propriété de Qia, c’est un matériel d’entreprise. Vous allez avoir accès à des données qui concernent mon entreprise. Ce sont des données confidentielles. Vous ne pouvez pas y avoir accès, mais j’autorise quand même. Ils partent, ils ouvrent les mails, ils vont dans mes mails professionnels, ils voient des correspondances avec des banques, avec mes équipes. Ils voient un mail où je viens tout juste d’autoriser un transfert de 500 millions d’euros à la filiale pour laquelle je préside le conseil d’administration. Juste à la suite de cela, ils me disent d’expliquer ce document. J’avais autorisé un virement pour la filiale dont je suis le président du conseil d’administration et la banque confirmait en copie dans les mails que les virements ont été transmis à la banque. Il y avait beaucoup de transactions parce que nous on investit beaucoup, nous déplaçons énormément de cash. Ils me disent voilà, je leur dit, mais ça ne regarde pas le Sénégal. Aucun Sénégalais n’a été mêlé à cette transaction. Le pire, c’est que c’était stupide parce qu’aucune banque dans le monde ne peut faire une transaction significative sans justificatif adéquat. Ce qui veut dire que si on fait bouger autant d’argent, il faut une pièce justificative. Et dans ce dossier, le contrat qui justifiait ce montant était là parce qu’on parlait d’un dossier qui était en instruction. Ils ont imprimé le mail avec toutes les pièces justificatives. Le contrat qui justifiait ce fameux virement qui a tant fait fantasmer les Sénégalais était dans les procédures. Ils ont aussi imprimé mes relevés de compte à partir de mes mails personnels. Ce qu’ils ont vu les a surpris et ils m’ont demandé de m’expliquer là-dessus. J’ai imprimé mon contrat de travail que je leur ai donné pour leur montrer que sur le contrat, il est clairement écrit combien je gagne. Ensuite, vous faites des ajustements, avec les bonus, là vous comprendrez mon traitement salarial, ce qui est dans mes comptes bancaires. Quand j’ai vu que j’étais poursuivi pour blanchiment de capitaux, c’était tellement léger parce que tout était à la disposition de cette instruction. Il suffisait de lire mes comptes bancaires. Il est clairement spécifié dans mon compte bancaire d’où vient mon argent. On voit les virements et les motifs, il suffisait juste de les lire. Ce qui pose problème, ils ont vu un autre compte bancaire dont je dispose, situé dans ce que vous appelez «paradis fiscal» entre guillemets qui serait, selon eux, sous un nom d’emprunt, dont je suis le bénéficiaire. J’ai essayé de les expliquer que ce n’était pas illégal.
Je suis expert financier, l’optimisation fiscale c’est peut-être questionnable. Il y a des débats dans le monde aujourd’hui sur cela, dans le monde de la finance, mais ce n’est pas illégal. Ils dressent un dossier et puis paf. Ils envoient cela à M. le procureur qui, lui, sans le lire, sans rien regarder, demande un mandat de dépôt pour le juge d’instruction qui, sans rien lire, sans rien demander, exécute le mandat de dépôt et je me retrouve détenu au Sénégal. C’est exactement ce qui s’est passé.

Ce qui semble ressortir de ce dossier, c’était des liens supposés que vous auriez eus avec Karim Wade…
Je n’ai pas de liens avec Karim Wade. Je ne le connais pas. Je ne…

Vous n’aviez jamais été en contact avec lui ?
…Ce que je peux vous dire, c’est ce que je sais de Karim Wade, et je le sais comme toute personne lambda. Je sais que c’est un officiel de ce pays. Je sais qu’il a servi son pays. Je sais qu’il a occupé de très grandes fonctions dans son pays. Je sais qu’il a eu à gérer énormément de départements. Je sais qu’il était un ministre qui a eu à œuvrer énormément pour son pays. Et je sais qu’il a par la suite eu des problèmes avec la justice de son pays. Ça je l’ai appris. Je crois même que le gros de ces dossiers, je l’ai appris pendant ma retenue par l’Etat du Sénégal. Je ne peux rien vous dire d’autre. Je suis citoyen qatari. Je ne suis pas Sénégalais. Je ne pourrai rien vous dire d’autre parce que comme je vous l’ai dit, je ne fais pas de la politique. Je ne me mêle jamais d’activités politiques dans un pays, que j’y investisse ou que je n’y investisse pas.

Quelle a été la conséquence de tout le temps que vous avez été retenu, en détention au Sénégal, sur le plan de vos affaires, de votre business ?
C’est très simple. C’est facile à vérifier. Je vous demanderais de regarder par exemple la cotation financière de mon entreprise. C’est facile à trouver partout sur internet. Mon bureau a une tâche particulière dans le groupe Qia. Nous faisons de l’analyse stratégique. Nous faisons les recherches économiques et consorts. Et je coordonne tout cela. Et là, l’activité a été un peu ralentie, mais j’ai de magnifiques collaborateurs qui ont fait de l’excellent travail pendant que je n’étais pas là. Nous avons lâché des investissements parce que peut-être le travail n’était pas tellement bien fait. Mais ce qui est important, c’est ceci : cette histoire a eu un impact énorme sur certaines entreprises que je représente. Et sur certaines même de mes affaires personnelles parce que je suis un homme d’affaires. Je n’ai pas que mon travail. J’ai des affaires personnelles aussi. Cela a été un énorme frein à mes activités, que cela soit au niveau de mes entreprises ou des contrats que j’ai avec d’autres entreprises. J’ai eu des contrats qui se sont vus résiliés, des contrats qui se sont vus suspendus. Je n’aimerais pas parler de préjudice, mais je crois quand même que le tort était immense, parce que retenir… Je crois qu’il y a un gros problème dans ce pays. J’ai quand même été retenu pendant 10 mois et à la fin, on est venu dire carrément à l’audience, «Circulez, il n’y a rien à voir ! Vous êtes acquitté Monsieur, rentrez chez vous.» Et même encore dans tout cela aujourd’hui, je suis dans votre pays parce que les procédures ne sont pas encore terminées. J’ai du matériel à récupérer et même encore, j’ai un autre dossier avec l’Administration pénitentiaire qui refuse de me rendre mes effets personnels.

De quels objets s’agit-il ?
Des montres, des tondeuses, téléphones, notes personnelles… Je suis quand même quelqu’un qui travaille dans un domaine assez personnel et je n’ai pas passé 10 mois en détention à me tourner les pouces. J’ai passé 10 mois en détention à réfléchir, à penser, à concevoir des choses. Lorsque je les ai réclamées, on disait, ça doit être censuré. Je comprends que l’administration doit censurer. Je n’ai pas de problème à ce qu’ils lisent tout ce que j’ai écrit. Ils peuvent tout lire. Je leur ai montré, mais ce sont mes notes personnelles. Je demande quand même qu’on me les remette. L’autre jour, à ma sortie, je ne sais pas ce qui est arrivé, ils ont refusé de me les remettre. J’ai été agressé physiquement par le personnel pénitentiaire. Mais bon, ça je ne veux pas tellement en parler. J’ai déjà une équipe juridique qui est arrivée d’Europe pour assister à ce procès. Il y a d’autres procédures judiciaires qui vont être engagées contre l’Administration pénitentiaire, ou je ne sais pas qui, afin de régler ce fait-là, pour essayer de récupérer ce qui m’appartient parce qu’il est hors de question que je parte sans.

Votre affaire est arrivée à un moment où les relations entre le Sénégal et le Qatar traversaient une période très basse. Et maintenant, on voit que vous êtes relâché au moment où les relations s’améliorent. Est-ce que ce n’était pas lié quelque part aux incidences politiques, même si vous dites que vous ne faites pas de la politique ?
Mon groupe est privé. Même s’il appartient à l’Etat du Qatar, c’est un groupe privé. Cela veut tout simplement dire que Qia ne se mêle pas d’activités politiques, même de la politique étrangère de l’Etat du Qatar. Je ne peux pas parler pour le ministère des Affaires étrangères du Qatar, mais je peux parler pour Qatar investment authority. Il est vrai que le gouvernement sénégalais, pour une raison ou une autre, a voulu choisir la voie des pays du Golfe qui ont décidé de compliquer la fraternité arabe et isoler mon pays, mais ce qu’il y a de très important à dire ici, c’est que ça, ce sont des dossiers politiques qui regardent le Qatar, les Emirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite, Bahreïn. Cela ne me regarde pas. Moi, je suis un homme d’affaires, je ne fais pas de politique.
Maintenant, ma libération lorsque les relations sont un peu chaudes et consorts, je pense que la justice a fait son travail. Je pense que les juges se sont rendu compte qu’il n’y a rien dans le dossier. Je rentre chez moi une fois qu’on veut bien me donner tout ce qui est à moi.

Pour le moment, qu’est-ce qui vous retient au Sénégal à part vos affaires personnelles ?
Je me repose parce que j’ai quand même été en détention dans des conditions que je n’avais jamais connues, dont je ne pensais même pas qu’elles existaient sur cette terre. Il y a aussi le fait que mon avion n’arrivera qu’en fin de semaine pour me prendre ; donc entre-temps je profite de mon repos.

Les enquêtes de police faites sur vous ont démontré que vous aviez été mêlé à des activités de financement de régimes politiques, notamment en Libye, au Ghana ou au Sud Soudan. Que pouvez-vous en dire ?
Je crois que cela vient de ma biographie sur internet. Il y a beaucoup d’«allumés» qui vont sur internet et tapent n’importe quoi sur moi. Là, je crois que vous voulez surtout faire allusion à ce qui s’est passé en Libye en 2011. Mon ancienne entreprise avait beaucoup d’intérêts économiques et financiers en Libye, juste avant le déclenchement de l’opération qui a changé le régime dans ce pays. Je peux vous dire qu’il n’a jamais été question de soutien à un régime politique. Il s’agissait tout simplement de préserver les intérêts d’une entreprise privée, qui est un fonds d’investissement très ordinaire. Mais peut-être à cause de photos de moi qui circulent en compagnie de Seif Al Islam, des «allumés» ont écrit n’importe quoi. S’agissant du Ghana, nous nous sommes énormément engagés, parce qu’il a un secteur économique en plein développement. Nous nous sommes engagés au moment de la transition économique, mais c’est juste une coïncidence parce que le premier déplacement du Président Nana Akuffo Addo en Asie a été Doha, où il a été reçu par son Altesse royale Cheikh Tamim. Je tiens à dire que j’ai quand même des origines africaines, mais l’Afri­que représente moins de 10% dans mon portefeuille d’investissement. Et donc, s’intéresser à un pays africain et vouloir y investir et le développer ne veut pas dire soutenir le régime.

On a parlé de votre compte en banque, dont on dit que votre fortune s’élèverait à plus de 104 millions de dollars. Vous semblez très jeune pour avoir gagné tout cet argent dans des activités licites…
En Afrique, lorsqu’on voit un jeune menant un certain train de vie, on se pose de questions. Mais il faut savoir que j’ai une bonne formation. Et en finances, on peut gagner de l’argent très rapidement et assez jeune. Je suis diplômé de Yale et d’Asklof Business. Si vous prenez les traders de Wall Street, il y en a à mon âge, 34 ans, qui sont dix fois plus fortunés que moi. Je ne suis pas mêlé à des activités illicites ou autres. Il s’avère que j’aime mon boulot et je le fais très bien. Et à un certain niveau, l’argent ne compte pas, c’est ce que l’on fait qui compte.

Peut-être que le Sénégal est trop petit pour vos capacités d’investissement, mais y trouvez-vous quand même des opportunités intéressantes ?
Ah ! Je ne… Ce que je peux vous dire, c’est que ça va être difficile pour le groupe Qia d’investir au Sénégal tant que je serai en fonction.

Pour vous, le Sénégal c’est fini ?
Oui. Je crois.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Non pas tellement. Je remercie énormément mon équipe juridique parce qu’ils ont fait un excellent travail. Ils ont fait vraiment un excellent travail, mes avocats locaux tout comme mes avocats de l’étranger. Je croix que le procureur aussi, quand même, est à féliciter. Parce que je ne sais pas s’il a vu que le dossier allait être franchement difficile pour lui, mais il s’est levé pour dire qu’il n’y a pas blanchiment de capitaux, il n’y a pas escroquerie et consorts. Bon, quand il a parlé de faux documents administratifs, je n’ai jamais était trouvé en possession d’aucun faux document. Un passeport, on appelle pour demander à l’ambassade, si le passeport est authentique ou pas. On ne peut pas venir dire, «nous on pense que vous avez trop de nationalités, nous on pense que vos passeports ne sont pas corrects, on vous garde pour ça». C’est compliqué.

D’après ce que nous avons entendu, il paraît que ce sont des passeports à différents noms ?
J’ai un nom que je vous ai déclaré. Il est vrai que j’ai une identité fiscale. Donc, comme je vous l’ai dit et comme je l’ai expliqué devant la Cour, c’est quelque chose de courant. C’est ce qu’en français on appel des sobriquets ; à la seule différence, mon sobriquet est plus qu’une identité fiscale, pour besoin d’optimisation fiscale. Je ne voudrais pas entrer dans les détails, mais je peux vous donner des exemples très simples. Je crois que vous avez un chanteur très célèbre d’origine sénégalaise, très connu, qui s’appelle Akon et que vous connaissez sous le nom de Alioune Badara Thiam. Donc, lui est connu avec ce nom Akon, et il a un permis de conduire à ce nom. Il y a plusieurs autres personnes qui ont des sobriquets, il y a les rappeurs, les stars de cinéma et même des Présidents. Là, si je vous demande qui est le 42e Président des Etats-Unis d’Amé­rique, vous aller me dire que c’est Bill Clinton. Non, en fait, le 42e Président des Etats-Unis d’Amérique, c’est William Henry Clinton, il n’y a pas de Bill. Aux Etats-Unis, c’est légal. Deman­der un sobriquet, un alias ou un aka, c’est comme aller chez le coiffeur, c’est très simple, c’est la liberté des individus. C’est le droit garanti par le 2ème amendement, qui dit que chaque individu doit disposer de lui comme il veut. C’est très simple.

Vous réfléchissez plus en Américain qu’en Qatari ?
En fait, ce qu’il faut savoir, je suis né de père Américain, je suis né en Europe et j’y ai grandi. Maintenant, j’ai embrassé le Qatar, j’ai été naturalisé au Qatar. C’est mon pays, c’est mon pays de cœur, c’est mon pays que j’aime. Donc, oui peut-être que j’ai une racine dorsale, je suis élevé, éduqué américain, avec des racines camerounaises aussi certes, mais quand je parle de mon pays, mon pays de cœur, chez moi évidement, c’est Doha, c’est le Qatar.

LEQUOTIDIEN




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