Société

Élections législatives : pour une fois, votons pour Nous


Vendredi 24 Mars 2017

La campagne électorale n'a pas officiellement démarré, mais les tractations vont bon train. Et tous les moyens sont bons pour s'accaparer les sièges de l'Assemblée nationale. À quatre mois des échéances électorales, le Peuple qui était laissé à lui-même fait de nouveau l'objet de convoitise de la part d'une classe politique (majorité et opposition) qui lui promet monts et merveilles pour, encore une fois, faire miel de ses suffrages. Mais, le Peuple, seul à jouir de la légitimité de confier les clés de l'Hémicycle à qui il veut, doit désormais prendre conscience du pouvoir qu'il a entre ses mains, afin de faire valoir sa voix. Il doit savoir qu'il a le pouvoir d'exiger une Assemblée nationale utile, élue non pas seulement par lui, mais aussi pour lui. Car osons le dire, il n'y a aucun intérêt à se ruer massivement vers les commissions administratives d'inscription, faire la queue le jour du vote pour n'élire en fin de compte que des députés du "roi".


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Les Législatives qui profilent à l'horizon sont un moyen pour divorcer d'avec les médiocres que nous élisions toujours et qui nous trahissent toujours. C'est le moment de rompre avec les mensonges, les abus de pouvoir, la corruption. Nous ne sommes pas obligés de nous faire représenter par des produits d'un système politique désuet incapable de répondre à nos aspirations démocratiques. Dans le choix de ses représentants, le Peuple ne doit plus accepter que l'Assemblée nationale demeure un haut lieu de combines, d’intrigues, de forfaitures et de tripatouillage de la Constitution.

En effet, si en France, 15% des lois votées par l’Assemblée nationale émanent d’initiatives parlementaires et sont d’intérêt national, pourquoi sous nos cieux, on accepte encore que l’Exécutif dicte sa loi à des députés réduits à de simples marionnettes et qui ne se sentent pas gênés de le reconnaître ?

A quoi bon aller voter si les propositions de loi initiées par nos députés vont rarement dans le sens de l’intérêt de leurs mandataires (les électeurs). À quoi bon les désigner si celles qu'ils nous proposent sont souvent conçues au profit de leurs partis politiques ?

Quelle pertinence y aurait-il à s'acquitter de ses devoirs civiques dans le dessein de mettre en place une arène de querelles et autres diatribes mettant aux prises des adultes impulsifs et inconscients de leur rôle ? Pourquoi s'échiner à constituer une assemblée qui n'est pas à même de créer des commissions d’enquête parlementaires opérationnelles permettant aux députés même, dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale, de recueillir des éléments d’information sur des faits précis concernant la gestion d’un service public comme l’état des prisons, les dysfonctionnements dans la justice, la gestion d’une entreprise nationale et même sur des phénomènes de société comme l’émigration clandestine, le temps de travail des Sénégalais, etc. ?

Pourquoi se donner de la peine à élire des députés qui votent le plus souvent des propositions de loi scélérates et liberticides ? Pourquoi accorder, sur le dos du contribuable, des avantages à des légistes godillots entièrement dévoués au service du chef et qui se reconnaissent avant tout au patron du parti plutôt qu’au Peuple qui les a élus.

Avant d'aller aux urnes, il nous faut impérativement revoir notre mode d'élection des parlementaires. Car avec celui qui est en vigueur dans notre pays, des députés élus à partir de listes majoritaires ou départementales considèrent qu’ils doivent reconnaissance et obéissance au chef de parti qui les a placés en si bonne position.

Avant d'aller aux urnes, il nous faut penser à une réforme instituant un scrutin uninominal à deux tours qui semble plus démocratique et nécessaire pour que l’élu sache, enfin, que c’est grâce au Peuple qu’il siège à l’Assemblée. Cela aurait surtout l’avantage d’améliorer la qualité de la représentation de nos députés et de redorer leur image ternie par des propositions de loi comme celles de Niadiar Sène, Moussou Sy, d’Isidore Ezzan, d’Aminata Tall, Sada Ndiaye et, tout dernièrement, le groupe des 23 de Benno Bokk Yaakaar.

Enfin, avant d'aller aux urnes, il faut penser à changer la donne et invalider les propos de Staline disant que ceux qui comptent ce ne sont pas ceux qui votent mais ceux qui comptent les votes.

Alors, pour une fois, ne votons pas pour eux, mais votons pour nous. Pour une fois, pensons comme Reclus. "Pour une fois que nous avons la possibilité de voter pour nous, le Peuple, n'abdiquons pas, agissons, refondons la République (…)"

M.S.N

ABDOUL KADER Ba