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Edito de Jean Pierre CORREA: Autres temps, autres moeurs...autres hommes?


Samedi 23 Septembre 2017

Djibo Kâ est la quintessence de l’appareil d’Etat - Parlez des solutions à nos problèmes, et arrêtez d’échafauder des « combinazione » qui n‘ont d’autre but que de perpétuer votre caste d’hommes et de femmes qui ont fait de la politique leur gagne-pain


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« La Politique n’est pas une logique. Elle est souvent une dynamique dont la maîtrise et la conduite nécessitent de la lucidité, du courage, de la volonté et de la détermination pour vaincre les résistances inévitables aux changements qu’imposent le contexte et les aspirations des masses » Djibo Leyti Kâ

De mémoire de dakarois imbibés de l’histoire politique du Sénégal, jamais, depuis les disparitions de Lamine Guèye et Serigne Mame Abdou Aziz Sy Dabakh, autant de témoignages unanimes, sincères et congruents, n’avaient accompagné et suscité de l’émotion face à la mort d’un homme public.

Comme si « LE » dernier pan de notre République s’était effondré. Modelé par Senghor, formaté par Collin et imbibé des rigueurs du BOM, le Bureau Organisation et Méthodes, Djibo Kâ est la quintessence de l’appareil d’Etat, au point d’en être le commis le plus célébré et cité en exemple.

A écouter, du moins à entendre leurs assauts de dithyrambes lors de leurs oraisons républicaines à l’endroit de DLK, ils sont unanimes à invoquer les leçons que « le petit berger peulh à l’école de la République » leur a délivré,  et on imagine aisément que les enseignements de Djibo à la classe politique, comportaient des concepts formateurs où Etat rimait avec éthique, rigueur, abnégation, et cela nous questionne et nous promène dans le monde des valeurs, et pour émarger dans ce monde-là, c’est non seulement affaire de tempérament et d’éducation, mais c’est aussi question d’appétences culturelles et historiques qui fondent une vocation d’homme public et politique.

Ont-ils bien retenu la leçon, ceux qui ont donné de leurs ambitions politiques l’idée qu’il était surtout question de gérer sa réussite sociale, assurer l’avenir sa famille et descendance. Ont-ils regardé cette émission édifiante que Djibo Kâ avait offerte aux téléspectateurs fidèles et avertis du « Grand rendez-vous », auxquels il avait alors confessé dans un grand moment de sincérité qu’il n’avait jamais volé, aucun centime de l’état, aucun franc du Trésor, et que durant 22 ans de gouvernement, jamais il n’avait été convoqué à quoique ce soit.

Fier de pouvoir dire : « Mains blanches !!! Qui dit mieux en âme et conscience ? ». Ses « élèves » peuvent-ils répondre, alors qu’aujourd’hui l’institution présidentielle semble ignorer qu’elle n’est pas l’appendice d’une formation politique, mais la Clé de Voûte de la République chère à tous les citoyens du Sénégal.

Ont-ils retenu la leçon de Djibo ces ministres non reconduits qui se sont rués vers les radios et les télévisions, pour nous dire aveuglés de prétention qu’ils étaient d’extraction divine  et qu’ils méritaient de demeurer ministres jusqu’au Prochain Cauris d’or qui nous sert de Panthéon, menaçant la République et son Président de révélations graves ? La réponse est dans la question… 

Comme l’écrit mon confrère Babacar Justin Ndiaye, « les témoignages qui ont ponctué les obsèques de Djibo Leyti Ka, montrent à suffisance que l’Etat n’est ni une maison familiale ni un moulin de banlieue. Tout ministre limogé doit normalement être une tombe refermée sur une somme de secrets. Siéger en Conseil des ministres condamne au respect du silence sur les secrets engrangés dans cette instance suprêmement délibérative et exécutive. »

Si Djibo Leyti Kâ devait nous laisser un héritage commun, ce serait d’exiger de ceux qui aspirent à nous gouverner, et pas seulement au sommet de l’Etat, qu’ils doivent savoir porter des habits d’hommes d’état justement, de ceux sont remplis et empesés d’abnégation dans leurs missions et du sens de la Responsabilité Historique.

Dans la panoplie que l’on espère dotés ceux qui appellent aujourd’hui à un Dialogue National, il serait bon que soit en bonne place les exigences de Responsabilité, de Compassion à l’égard du Peuple Sénégalais et de talents, de ces rêves visionnaires qui attirent la Chance et la Grâce. Il n’est plus temps de dialoguer. Il est crucial par contre de « Se parler » !!!

Au regard des urgences que nous devons conduire pour que cette pétaudière qu’est le Sénégal n’explose pas, avec sa jeunesse en désespérance et condamnée à rêver de lointain, au regard des chantiers cruciaux qui doivent nous garantir une sorte de paix sociale, il serait temps que notre classe politique se parle véritablement et cesse de nous endormir avec son habituel « Dialogue National ».

De grâce, parlez-vous !!! Parlez-vous des solutions à nos problèmes, et arrêtez d’échafauder des « combinazione » qui n‘ont d’autre but que de perpétuer votre caste d’hommes et de femmes qui ont fait de la politique leur gagne-pain, et le moyen de s’en sortir socialement.

Parlez-vous pour vous dire que nous sommes tous à bord du Titanic, même s’il y en a qui voyagent en première classe. Evitez-nous le consensus qui postule avant tout à la libération de Khalifa Sall. Faites-nous grâce de ce banquet crypto-libéral qui ne concernerait que Wattu, réunie autour de Wade, qui à la lumière des actes qu’il pose, semble ne pas accorder trop d’importance au sort du maire de Dakar, par ailleurs concurrent de son fils pour le contrôle du leadership dans l’opposition.

Qui plus est, son retour, plusieurs fois différé, n’alimente plus le débat au Pds. Alors, ou on se Parle du destin collectif de ce pays que nous aimons, ou alors on se vautre dans ce ballet politique tant symbolisé par ce « truc » sénégalo-sénégalais appelé « Transhumance » ? A vous de choisir… Entre l’Histoire et « les petites histoires »…à la Youssou Touré qui se complait toute honte bue à remanger son vomi. J’en ai d’ailleurs les dents du fond qui baignent…

Post Scriptum : Récit d’une révélation. J’ai eu à être gentiment interdit de fumer par le chauffeur du taxi que j’ai eu à emprunter ces derniers jours. Il me fait éteindre ma clope, me moralise sur la Loi Anti-tabagisme qui vient d’être promulguée, et me culpabilise même en me racontant l’atroce fin de vie de son cousin qui était un impénitent fumeur. J’ai humblement obtempéré. Et voilà-t-il pas que mon chauffeur, croisé du mégot qui pue, se met à expectorer tous les 50 mètres, de remplir ce qui lui sert de bouche d’un colossal glaviot bien gras, et de le cracher par la fenêtre !!!

Les dégoûts et les douleurs ne se discutant pas, je lui fais remarquer qu’au prochain crachat, je rallume ma cigarette. Et là, le mec « m’a tuer », et m’a lâché : « Fumer c’est un péché, cracher c’est bien… pour les poumons ». Je me suis alors dit que je n’échangerai jamais mon cancer du poumon contre une leucémie de la comprenette. 


Abdoul Aziz Diop