Édito de Alymana BATHILY: La France en finale, merci l'Afrique

Oui l’équipe de France et la France toute entière doivent remercier  l’Afrique. L’Afrique, la mère patrie de ses joueurs les plus en vue.

L’équipe qui vient de battre celle de Belgique et d’accéder en finale ne compte pas moins de… 8  joueurs dont les parents ont émigré de différents pays d’Afrique vers la France.
Les parents de Blaise Matuidi sont originaires de l’Angola, ceux de Steven N’Zonzi de la République Démocratique du Congo.

Ngolo Kanté est lui originaire du Mali, Paul Pogba de la Guinée, Samuel Umtiti,  qui a marqué l’unique but de la rencontre, du Cameroun, Corentin Tolisso du Togo. Les parents de Kylian Mbappé sont originaires l’un, le père, du Cameroun et la mère d’Algérie.

Sur le banc des remplaçants, il y avait les Steve Madanda originaire de la République Démocratique du Congo, Nabil Fékir d’Algérie et autres Ousmane Dembélé de Mauritanie et Adil Rami du Maroc. Comme disait l’autre, l’équipe de France de foot, est une équipe africaine à 80% au moins.

Rien de nouveau en cela pourtant : depuis Raoul Diagne en 1930 (fils de Blaise Diagne le premier député noir du Sénégal) pas moins de 1000 joueurs africains ont animé le championnat professionnel français, jouant souvent les premiers rôles.

Qu’on se souvienne de l’équipe championne du monde 1998, que les Français ont surnommé l’équipe « Black, Blanc, Beur » avec les  Zinedine Zidane, Patrick Evra, Lilian Thuram, Bernard Lama.
Ce qui est nouveau dans cette équipe et qui l’était déjà dans celle de 1998,  c’est que ces joueurs ne sont plus ni des "colonisés" ni des "émigrés" mais des français, nés pour la plupart, éduqués et formés en France. Ce sont des "Afroplitains". Ceci n’est pas spécifique à la France pourtant.

On observera que la Belgique, avec Romelu Lukaku, Michy Batshuayi, Vincent Company, Nacer Chadli, Marouane Fellaini et autres Alxel Witsel, est tout aussi très "africaine". En fait toutes les équipes européennes, de l’Angleterre, au Portugal, à l’Allemagne et à la Suède comportent plusieurs grands joueurs d’origine africaine. 

C’est que le monde post-colonial et globalisé est devenu multiracial et multiculturel. La France et l’Europe l’ont enfin compris, au moins pour ce qui concerne le foot et le sport. La leçon ? L’émigration qu’elle provienne d’Afrique ou d’autres parties du monde d’ailleurs, constitue un apport fécond pour les pays d’accueil : pour peu qu’on l’accepte et qu’on l’intègre.

Les "suprématistes Blancs" des  Etats Unis de Trump, à la Hongrie de Victor Orban, à la France de Le Pen, à l’Italie de Matteo Salvini qui ont en ce moment le vent en poupe et qui propagent la peur et la haine de l’émigré ne devraient plus pouvoir faire illusion.

Cette génération "d’Afropolitains" qui font gagner  la France aujourd’hui et qui excellent à travers l’Europe sur les terrains de foot feront en fait avancer l’Europe dans le 21ème siècle si on leur ouvre les portes des institutions du savoir comme on leur a ouvert celles des stades.

L’Afrique quant à elle doit se convaincre enfin que la jeunesse est la ressource la plus importante d’une nation. Que la jeunesse doit effectivement être "au début et à la fin du développement". Que chaque pays doit recueillir et éduquer toute la jeunesse, y compris celle qui vient d’ailleurs, de l’étranger.

abathily@seneplus.com